Nous avons rendez-vous, Jacky Rigaux et moi-même, avec Sylvain Pitiot le directeur de cette magnifique propriété. Pour une dégustation que l’un et l’autre avons déjà eu le privilège de faire, tout à fait passionnante, celle des différentes zones géologiques du célébrissime Clos, selon un découpage   très précis établi avec l’aide de Claude Bourguignon. Ce dernier a mis en évidence plusieurs zones différentes à l’intérieur du Clos et, depuis 2006, les vendanges, les vinifications et les élevages sont faits en fonction de ce découpage qui comprend 3 grandes zones principales

A.    Une partie carbonatée où le calcaire est actif.  Celle-ci est divisée à son tour en trois segments qui donnent trois cuvées. Le critère choisi pour cette sub-division ? La position des segments dans le coteau.
B.    Une partie décarbonatée avec très peu de calcaire actif où l’on pourrait planter sur Riparia.
C.    Une partie de marnes.

Cinq cuvées différentes au total. Auxquelles il faut ajouter les jeunes vignes vendangées également à part. Six vins à déguster avec des différences subtiles dans l’expression aromatique, dans la texture (parfois), dans la forme des tannins essentiellement.

 

Je compare mes notes avec la dégustation de mai 2007. A l’aveugle, la cuvée des jeunes vignes est à part. Elle ira dans la Forge de Tart le second vin. Un léger doute subsiste sur le numéro 6, la cuvée issue de la zone décarbonatée, élancée, très fine, dynamique même avec cette impression, lorsqu’on la met en parallèle avec la cuvée issue des marnes, généreuse, ample, de manquer un peu de corps. C’est le jeu fascinant de l’assemblage, ce jeu de patience, cette construction, par petites touches, pour arriver à la notion de cru. Le modèle bordelais serait-il en train de faire recette à Bordeaux ? Pas du tout. Si un parallèle doit être tenté, ce serait plutôt avec la démarche de Jean-Louis Chave à Mauves, sa façon de trouver, au fil de l’élevage, à partir de lots séparés (certes sur des terroirs encore plus marqués dans leurs différences), la clé de l’assemblage idéal.

Bon, on en est où  là ? Et ce Clos de Tart 2006, comment est-il ? Toute petite récolte (26 hl/ha) – le tri, drastique, est passé par là – pour un vin qui associe merveilleusement maturité et fraîcheur, avec une trame tannique ciselée, limpide.