Je voulais vous parler ici de Richard Brautigan, de Mémoires Sauvés du Vent. On le retrouvera peut-être, l'article… Pourquoi s'évertuer à croire aux visions prémonitoires ou à l’incertaine loi des séries. Pourquoi s’irriter de ce que les choses se mettent un jour à foirer ? Le miracle, c’est qu’elles fonctionnent plutôt bien quand on n’y prête pas trop attention, que le vent n’efface pas systématiquement toutes les traces, qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même lac de montagne.
En attendant, voici une autre chronique intempestive et les premières lignes de Mémoires sauvés du vent…
Lac de montagne
Parfois, on ne distingue rien quand la foule est si compacte. Trop de monde. Certains partent à l’abordage. Direction le bar. D’autres essuient une larme discrète, souvenir des cordes et des cuivres de tout à l’heure.
C’est l’entracte et tout ce silence des corps contenus, ployés dans l'écoute – petites toux sèches et nerveuses toutefois – est devenu tumulte.
Je la vois enfin au milieu de ce chaos. Elle se détache mystérieusement. Je ne vois qu’elle. On ne peut voir qu’elle. Son regard…
– Où êtes-vous allée chercher ce regard ? Vos yeux… Ils ressemblent à un certain lac de montagne, juste après l’orage…
– Ah oui, vraiment ? Prenez garde ! On peut s’y noyer, dans ce lac…
– Où êtes-vous allée chercher ce regard ? Vos yeux… Ils ressemblent à un certain lac de montagne, juste après l’orage…
– Ah oui, vraiment ? Prenez garde ! On peut s’y noyer, dans ce lac…
Mémoires sauvés du vent
"J'ignorais, cet après-midi là, que la terre attendît de se changer à nouveau en tombe quelques brèves journées plus tard. Dommage que je n'aie pu arrêter la balle dans sa course et la remettre dans le chargeur et se resolidarise avec la douille, se conduise enfin comme si on ne l'avait jamais tirée ni même chargée dans la carabine. Je voudrais bien que cette balle rejoigne dans sa boîte ses quarante-neuf autres frères et soeurs de balles, que la boîte soit de nouveau en sécurité sur l'étagère de l'armurerie, et m'être contenté de passer devant la boutique en cet après-midi pluvieux de février sans jamais y pénétrer.
Je voudrais bien avoir eu envie d'un hamburger au lieu de balles. Il y avait un restaurant tout à côté de l'armurerie. On y faisait de très bons hamburgers, mais je n'avais pas faim.
Je songerai à ce hamburger le restant de mes jours."
Richard Brautigan
Rien n'est joué
Allez, il me faut conclure, retrouver un peu de sérénité. Vendredi, si ça vous tente, je serai sur le plateau de Madeleine Caboche dans Rien n'est joué...
6 Comments
"Bright Star" de Jane Campion.
Bucolique, british, sans rythme, sans épaisseur, plan-plan, raté … on peut ne pas voir.
On ne peut pas ne pas voir.
In the cut,
Vous travaillez pour Télérama ? 🙂
Evoquer le bon dieu pour une panne de mac…
C’est ABM qui va mal digérer !
Finalement, dans ce type d’adversité, se dire simplement que c’est un signe positif pour quelque chose qu’on comprendra plus tard : c’est-y pas mieux comme solution ?
Je loupe un avion ? OK, il ne fallait pas que j’y aille. Ça simplifie sérieusement la vie, cette façon de voir, et cela permet de savoir ce qui est réellement important ou non.
Te fâches pas Grand Jacques, te fâches pas !
Ah si Mauss se met à faire dans la quatrième dimension, je suis perdu ! J’étais juste au second degré, François. Petite allusion au silence infini des espaces sidérants. Et voilà que tu passes la surmultipliée, l’avion qu’on a manqué ou celui qu’on a pris et qui explose en plein vol. Trop compliqué pour moi… François, je t’ai déjà dit : sois ce qu’on te dit. Lis plus vite, encore plus vite !
Pauvres de nous : http://www.lefigaro.fr/livres/20...