Tout défile sous nos yeux : la surface des océans, les tempêtes qui se lèvent, le moutonnement des nuages, les aurores polaires, les forêts sombres et dévastées, les déserts fiévreux, l’enchevêtrement des montagnes, le labyrinthe de la calotte glaciaire, et les villes scintillantes, qui pulsent d’une vie intense, multiple, tumultueuse !
Une Perséide (ou étoile filante) vue de l'ISS : vite un voeu !
Vue d’ici, la terre hésite entre un territoire d’un bleu céruléen et une moisson d’incendies. Les éclairs, les volcans, le halo lancinant des lumières, les salves étoilées, tissent un maillage fascinant. D’une aube à l’autre – pour nous, habitants de la Station, le soleil se lève et se couche seize fois en vingt-quatre heures – il n’y a plus que ce long faisceau aveuglant, qui file entre les pôles. Comme si, à l’exception de quelques taches plus sombres, la nuit avait cessé d’exister – et le monde était devenu une mégalopole.
La ville de Londres vue de l'ISS
Tout se déroule très vite. C’est un film en accéléré que nous voyons maintenant. Il a été monté à l’envers. D’abord, l’année qui vient de s’achever, dont on devine au loin les dernières escarbilles. Puis ce siècle, à peine né. Et les autres. Le ressac des civilisations ; la vie des hommes. Les millénaires, les soleils engloutis dans le creuset de l’espace-temps.
A 165’000 années-lumière d’ici, cette fulguration : R 136, une géante rouge, s’épanche, libérant un vent stellaire d’une incommensurable énergie.
Encore plus loin, il y a 13,7 milliards d’années, en-deçà de toute image et de toute mémoire, ce possible commencement : l’univers… extraordinairement dense et brûlant. Depuis, les galaxies s’éloignent les unes des autres.
Si nous disposions des mots pour le penser, ou simplement pour le nommer, ceci pourrait nous effrayer. Pourtant, nous sommes issus de cette lumière, de ces particules, de cet ineffable.
Cette terre nous a élus. Elle ne nous appartient pas : nous sommes à elle ! C’est notre liberté de l’aimer et de la préserver, car plus grande que tout « est l’entreprise qui consiste à être à la hauteur de la terre, et la tâche de l’habiter qui nous est assignée ». (Erri de Luca).
Merci de votre fidélité, je vous adresse mes meilleurs voeux pour une année 2013 clair de terre !
8 Comments
Jacques : tu mérites ton adjectif
🙂
Bien à toi et écris plus souvent !
OvO
Tu me rappelles le boulot …
🙂
Bonne année, Jacques !
La culture hors-sol portait pourtant tant de promesses en elle
Magnifique! bonne année 2013 à vous et votre famille et je m’associe aux autres lecteurs, pour vous dire combien j’apprécie votre blog!
Bertrand
Grand… Au plaisir de vous lire cette année durant !
Namasté Jacques Perrin.
vimeo.com/45878034
Meilleurs voeux à vous Jacques, et à tous vos proches. Et continuez à nous régaler de vos récits gastronomiques, oenologiques et de quelques photos de montagne dont vous avez le secret.
Amicalement
Bruno
It’s a bit strong… Ups & downs
http://www.youtube.com/watch?v=a...