Puisqu’on entend sur tous les tons que la Bourgogne, comme d’autres vignobles français, tiennent un millésime exceptionnel, il est bon de rappeler qu’en tel régime la nature exploite deux scénarios. Il est nécessaire que tout se passe bien dans le cycle végétatif et reproducteur, du printemps à l’automne, ce qui fut le cas par exemple en 1929, 1959 ou 1990 pour donner quelques exemples. Par ailleurs, il est nécessaire que les rendements à l’hectare ne soient pas trop importants pour permettre aux raisins d’accéder à une maturité exemplaire.
La fleur a débuté dans d’excellentes conditions, mais a eu une finale quelque peu chaotique, avec du millerandage, ce qui est excellent pour le vin à venir, mais également avec un risque de maturité problématique pour certaines grumes non millerandées.
Avec 2009, on a donc eu une climatologie favorable à l’éclosion d’un millésime exceptionnel… qui ne sera cependant tel que chez les vignerons qui ont conduit une viticulture de type « haute couture », qui vendangent à la main, à maturité, et non par commodité, et qui disposent de tables de tri !
Avec le millésime 2009 en Bourgogne, nous sommes en présence d’un millésime de grand équilibre grâce à un cycle végétatif favorable tout au long des cycles végétatif et reproducteur.
Avec de tels raisins arrivés en excellent état sanitaire à la cuverie, il n’y avait pas beaucoup de tri à faire, mais ce dernier s’imposait cependant pour éliminer toute baie qui n’était pas arrivée à maturité. « Les vins issus du millésime 2009 sont d’un rare équilibre », c’est ainsi que commence Bernard Hervet en évoquant la dernière vendange. On sait que ce dernier a mis la Maison Bouchard Père et Fils dans l’excellence avant de rejoindre comme consultant la belle Maison Faiveley en 2006. Il est par ailleurs un de ceux qui ont eu le plus d’occasion de déguster des millésimes anciens, y compris du 19ème siècle. Avec sa prudence légendaire, il évoque une parenté avec 1959. « L’année 2009 est année d’équilibre, de bonne quantité et de qualité exceptionnelle, qui laissait poindre dans les jus de délicates notes torréfiées dès leur naissance, un millésime de fruit certes, mais pas seulement, un millésime de grande complexité aromatique. Quand le pinot laisse poindre dès le début des notes de moka, c’est le signe d’une excellente maturité phénolique, celle que l’on aime ! Tous les fruits étaient bons en 2009. C’est un millésime solaire, de chaleur, mais qui n’a pas connu de risques de grillure, ni d’effets de canicule. La vigne n’a pas souffert. Avec 2009, on a des vins qui n’ont pas trop d’alcool, pas trop d’acidité, pas trop de tannins, des vins d’équilibre, avec de magnifiquse textures, une exquise viscosité, une minéralité racée. On n’a pas des tannins gigantesques, mais ils sont bien présents et délicats. »
Pour les vins rouges, la Côte d’Or tient un millésime exceptionnel, c’est certain, mais un millésime de vigneron cependant, car il fallait conduire une viticulture « haute couture » tout au long du cycle.
9 Comments
Impératif de garder ce commentaire en archive ! Bravo pour les sources directes d’info : ça, c’est du beau travail.
Et tu nous dis pas en Helvétie ? C’est du tout bon aussi ? Bonobo va devenir enfin riche comme il le souhaite ?
Dur à dire pour Dr. Bonobo. Les chaleurs extrême de l’été ont confit sur souche certains grains de pinot noir et globalement l’acidité des vins blancs est d’un point inférieur à celle de 2008. De plus, le stress hydrique prononcé a bloqué la maturité de certains cépages; on trouve par exemple encore aujourd’hui du sylvaner non récolté. La qualité sanitaire de la vendange est par contre excellente. L’espion caviste Nicolas Herbin dispose certainement d’autres informations en provenance du Bas-Valais notamment au niveau des spécialités rouges.
De retour de Bourgogne, d’aucun m’ont soufflé qu’il faudrait toutefois être vigilants car le risque de grillure n’est pas à exclure.
Donc, priorité aux domaines ayant réalisé des tris sélectifs drastiques.
Bruno
Alléchant … (ah, oui, c’est bien le souvenir que j’ai du chai du Clos de Tart).
Je devrais être sur place dans quelques semaines pour un petit parcours savoureux du côté de Vosne et Meursault.
Je suis bien content de lire l’ami Jacky, et me réjouis de le revoir prochainement (il anime une dégustation exceptionnelle sur les vins de son regretté ami Didier Dagueneau, le 19 novembre prochain).
Toutes ces infos lues, je suis impatient de goûter dans les prochains mois ces 2009 dont on parle déjà tant.
Concernant le Bas-Valais, j’attends d’avoir des nouvelles fraiches et surtout d’y retourner : ces derniers temps j’ai plutôt rodé du côté du Languedoc et Beaujolais.
Les années passant, je préfère visiter vignes et vignerons lors de la période des vendanges, et suivre tout ça DANS LE TEMPS, longuement, méticuleusement, avant de parler et surtout me forger un avis. Ce me semble être la voie la plus honnête, à défaut de sagesse.
Mais je lis et écoute par contre avec beaucoup d’intérêt les commentaires des gens qui sont "sur place" et que je sais être francs, car personne mieux qu’eux ne peut savoir de quoi il en retourne, comme par exemple ici Jacky.
Alfredo : pour "l’espion caviste", tu auras droit à un traitement de faveur à base de vin jaune lors de ton prochain passage !
François : nous avons vu le Docteur vendredi, avec Jacques, et il était tout tourneboulé. Je te raconterai ça le week-end prochain, autour d’un verre de morgon !
😉
Il est si bon, que dire d’autre…!!
Merci à Jacky Rigaux pour cette explication claire et bienvenue en ces temps de dithyrambe sans fondements.
Jacques, y aurait-il un Piémontais dans la short-list pour faire le même genre d’analyse ? Le millésime à été si complexe qu’un décryptage s’impose …
De très beaux meursaults en plénitude chez Buisson-Charles (Tessons, Charmes, Bouchères, Goutte d’Or).
Des vins dotés mais dans un stade un peu taciturnes chez Emmanuel Rouget : Vosne Beaumont, Vosne Cros Parantoux, Echézeaux.
J’ai commandé du Macon Bussieres 2008 et on me livre du 2009.
Suis je gagnant sur le millésimeau même tarif?
merci pour votre réponse