On rêvera, en vain sans doute, déguster un jour semblable vin… La perception de Jules Chauvet, la transcription qu’il donne de ce Pouilly-Fuissé, nous restituent une vérité intime du vin qui n’est pas un simple descriptif à vocation bêtement objective. Quelque part, le vin est recréé, interprété.
– L’influence de Jules Chauvet a été à la fois positive et négative, souligne à juste titre Paul Hayat. D’une part, il a libéré le discours, trop académique et technique, qui prévalait jusque-là. Mais, d’autre part, il a induit, chez des gens qui n’ont pas son talent, une forme de commentaire stéréotypé sur les arômes du vin, une sorte de mécanique olfactive descriptive qui enchante les gogos mais qui nous éloigne considérablement du vin, du caractère singulier du grand vin.
Michel Bettane ne dit pas autre chose dans le l’article La musique et le vin, genèse d’une vocation qu’il a écrit pour Vinifera au début de cette année :
« Il est donc nécessaire pour bien juger un vin de bonne origine (…) de le concevoir comme une unité et non pas de l’éclater comme le font trop souvent les dégustateurs modernes en sous-sections (la robe, le nez, la bouche, l’arrière-bouche etc.) qu’on additionne dans un ordre immuable et où le bavardage tient lieu de science. »
C'est un axe de recherche pour celles et ceux qui ne se contentent pas de dupliquer les leçons apprises sur les bancs de l'école, fussent-elles les meilleures. Comment par le biais du commentaire aller au cœur du vin, définir son caractère unique, relier la saveur à l’origine ?
Salade de rucola sauvage à l’huile de cédrat et vinaigre celtique, tomatos
Crevettes-tigres juste sautées à la plancha, une pointe d’épazote et poivre shichimi togarashi (composé de poivrons rouges, de poivre sansho, de zestes d'orange, de clous de girofle jaunes et noirs, de flocons de nori, et de gingembre). Un peu compliqué en apparence mais, au fond, simplissime !
Le vin : Côtes du Jura 2002 Fleurs, domaine Labet. Pour son côté fringant, dynamique, qui passe avec un art consommé de la courbe sinusoïdale sur la salade et les crevettes
Mousseline de courge Butternut au garam-massala, châtaignes d’Engadine confites au bouillon, jus réduit et pancetta grillée
On reste sur le même vin mais l’accord est plus délicat… On pourrait tenter le coup avec un Mas Jullien blanc d'une dizaine d'années.
Entrecôte de bœuf de Simmenthal, jus au miroir et courgettes sautées au wok, citron confit.
Et avec ça ? Un Barolo San Rocco 1995 de Azelia pour faire découvrir ce vin à Paul qui, à Paris, ne doit pas en déguster souvent. Si vous en avez en cave, vous pouvez commencer à le taquiner mais il a encore 4-5 belles années devant lui. Vous allez me rétorquer que je suis très barolo ces temps-ci ! Oui, peut-être…
Ce soir, changement radical de registre : je goûte quelques grands Pomerols. Rendez-vous demain pour les… commentaires.
7 Comments
Un bon commentaire est celui qui vous fait prendre une décision : j’achète ou pas, je cherche à déguster ou pas.
Le reste, c’est un peu des discussions de clercs.
Naturellement, si lors de la prise de décision suite à une lecture, on est déçu, on ne comprend pas, soit on approfondit, soit on change de commentateur.
Pourquoi – entre autres facteurs – Parker a t’il réussi ainsi aux USA ? Parce que son style est COMPREHENSIBLE par la vaste majorité des amateurs. Non seulement compréhensible, mais surtout sur un ton de plaisir qui appelle la suite, c’est à dire la dégustation.
C’était quoi les tomates ? Des coeurs de boeuf ? Des siciliennes ?
Oh lecteur pressé… Pour les tomates, la réponse est, je crois dans l’article de la veille ! Pour le "j’achète, j’achète pas", c’est du consumérisme primaire… Si les choses étaient si simples, aussi binaires, nous finirions par ressembler aux codes informatiques que nous avons créés, non ? C’est comme l’autre qui disait : à quoi ça sert de réfléchir parce que de toute façon on va cesser de réfléchir un jour. Alors vivons comme des blaireaux.
Vaste sujet méritant de très longs développements. Car, qu’est ce qu’il y a entre acheter ou pas ? Voler ? Déguster chez autrui ? On passe de deux solutions à 4 ! mais je rigole…
Et la foi du charbonnier : n’est ce pas là une grosse perte pour l’humanité, les joies simples des campagnes de nos grands parents ? certes, on avait peur du curé, on craignait les nobles, les riches, les notables.
Je me demande parfois si poser moins de questions ne rend pas la vie plus riche, plus réelle, plus profonde. Est ce que le Bonobo réfléchit vraiment ? Est-il moins heureux que nous?
Et pourquoi cette violente attaque contre les blaireaux ? Fais gaffe à leur syndicat, caché mais puissant !
Consumériste primaire ! Me voilà catalogué aux tréfonds du lumpen-proletariat ! Je t’envoies mes avocats ou je me suicide avant le déj ? Argh… consumériste primaire ! Même le sieur de dégustateurs.com n’avait pas osé : jen’ose montrer ce post à ma famille : shame on me !
Mais quel est l’ouvrage de Zwingli qui autorise un tel débordement ? Unchangement de confession ? On passe à De Bèze ?
Achtung :
Comme dit Woody Allen :
"L’avantage d’être intelligent, c’est qu’on peut toujours faire l’imbécile, alors que l’inverse est totalement impossible."
mais ça, c’est crétinementsnob.
Je préfère de loin :
MA :
– Dans les situations critiques, quand on parle avec un calibre bien en pogne, personne ne conteste plus. Y’a des statistiques là-dessus !
OK, j’avoue, cette réponse c’est du n’importe quoi : juste un amusement dans ce monde de brute !
Tant qu’on y est : avec tout le respect dû. Une belle définition de notre Hôte par MA :
– Jacques !… Il est d’une honnêteté monstrueuse, un vrai pervers, enfin je veux dire… il n’a jamais eu une contredanse quoi…
Monsieur Mauss, votre diatribe part dans tous les sens. Qui est ce (ou cette) MA !
Monsieur Al Dente : il est temps pour vous de revoir vos classiques. Nous parlons là de notre Maître à tous ! Michel Audiard. l’homme de la cuisine, celui qui connait les polonaises.
Oui, ce jour est mon jour off où je m’écalte en éparpillement total. On frise le grand écart, bien douloureux à nos âges !
Que ces interventions inutile et superfétatoires me soient pardonnées par notre bon Maître !
et en plus bourré de fotes de frap !
Shame on me !