Relire aujourd’hui cette poésie fluide, légère, caustique, si pure, est un véritable éblouissement. Parfois proche du haiku, sans ressentiment aucun, cette poésie rebelle est un défi à toute forme d’oppression, une affirmation joyeuse des forces de vie et de liberté. A lire et à méditer. On se prend même à rêver d’un monde où un Bundesrat schaffhousois à la retraite, dans un sursaut d'humilité et d'attention à l'autre et aux beautés du monde, comme frappé de conversion, se découvrirait tout à coup une sensibilité nouvelle :
En me privant des mers et de l’élan et de l’aile,
En donnant à mon pied l’assise de la terre violente,
Qu’avez-vous obtenu ? Brillant calcul :
Vous ne m’avez pas pris ces lèvres qui remuent.
Références : Ossip E. Mandelstam, Simple Promesse, La Dogana, Genève
Comment
Quelqu’un nous dira t’il un jour pourquoi ces hommes, vivant dans de telles conditions, sans pratiquement aucun espoir à vue, continuaient à préférer une vie de déchéance complète, de souffrances, d’humiliations, de douleur morale, à une mort qu’ils pouvaient se donner pour se libérer de ces horreurs des camps ?