– Sire, pourquoi s’arrêter ici ? Poursuivons, nous allons tailler en pièces cet ennemi !
– Et pour quelle raison, mon maître ?
– Il s’agit des forces du mal avec, à leur tête, le diable lui-même… Dépité, Offerus quitta sur le champ son maître pour aller offrir ses services à Méphisto lui-même. Lequel, conquis par son audace, l’engagea, lui confiant l’avant-garde de son armée.Celle-ci se mit en mouvement, décidée à tout dévaster autour d’elle. Car ainsi sont les règles tacites de la guerre qui est de craindre par-dessus tout l’immobilité et le silence qui règne après la bataille. Le diable lui-même avait-il lu le grand stratège chinois Sun Tzu ? « Je dis plus: ne différez pas de livrer le combat, n'attendez pas que vos armes contractent la rouille, ni que le tranchant de vos épées s'émousse. La victoire est le principal objectif de la guerre. »
Très vite, ils arrivèrent en vue de cette croix se détachant sur l’azur du ciel. Et les hordes noires de s’arrêter bientôt, l’armure hérissée…
– Nous n’irons pas plus loin, lui répondit le diable. Nous serions très vite laminés…
– Et quelle en est la raison, je vous prie ?
– Nous sommes en face de l’armée de Dieu… lui répondit, excédé, l’homme aux fumerolles.
Dépité, Offerus déserta aussitôt cette armée de talapoins et se mit en quête de Dieu pour lui offrir ses services. Il ne le trouva car Dieu n’est que la question qui nous engage sur sa voie. Quitte à ne jamais le rencontrer.
A la place de Dieu, ce grand absent, il fit la connaissance d'un vieil homme, un ermite, qui lui dit ceci :
– Tu ne trouveras pas Dieu si tu ne l’as déjà cherché. Il est partout. Caché au fond de ton cœur, dans les arbres, les rivières en crue, le vent qui risque de t’emporter et la fureur qui t'aveugle. Mais je vois ceci : tu es vaillant, ta force a jusqu’ici excédé ton ambition. Tu me mandes conseil. Telle est ma suggestion : défriche ce lieu, plante de la vigne et répands le bien autour de toi en rendant les hommes plus joyeux.
Même si « l’ascète fait de nécessité vertu » et les conseils qu’il dispense le suivent au loin comme des encombrements, l’histoire est édifiante. Dans une autre version, Offerus, transformé en Christophe, ne se préoccupe plus de vignes mais de gué et de torrents furieux qu’il fait traverser aux voyageurs. Offerus, le passeur d'âmes et de corps…
7 Comments
L’avez vous réèllement mangé ce jarret de veau, sacré veinard ?
Encore un beau récit, une belle histoire (quel rythme de publication, mazette !).
Je me demande parfois si Jacques voyage avec son matériel de cuisine …
Ah moins qu’il ne nous la fasse un peu à la Prokosch (les 7 fugitifs) ou la Cendrars (bourlinguer)
-:)
Donzelle, je fais un peu dans le virtuel, vous savez… Je fais le plat, je le photographie et l’offre ensuite aux gens de passage, à celles et ceux qui viennent au hasard des jours et des rencontres. Je dois m’entraîner car dans trois jours, nous avons un séminaire multimédia et on a m’a collé aux fourneaux, estimant que question souris et clavier, j’étais dépassé.
Laurentg, je voyage avec mes idées. Les réalisations, c’est au retour. Et puis, j’ai parfois des petites mains pour m’aider….
Parce qu’en plus, c’est vous qui l’avez cuisiné ?!
De fortes chances en effet que planter de la vigne rende les hommes plus joyeux.
1 tier d’orange, 2 tiers de bleu = une bien jolie photo !
Bye, bye… baille.
Un voire des nègres ? Achtung, Bernard Pivot va vous tomber dessus rapido.
laurent
Entraîne toi, Grand Jacques, entraîne toi !
Laurent,
Pas des nègres, mais pire (tu sais, la polémique sur "bourlinguer", la fiction des voyages).
Cela dit, chapeau à Jacques et quelle énergie.
Quand je pense que François me considère comme un mutant,, moi le grabataire ! 🙂