• Jamais, dans l’histoire de l’humanité, nous n’avions connu une telle croissance économique, 5 % par année en moyenne et, pour certains pays émergents 10 %.
• Pourtant, il existe un certain nombre de facteurs de déséquilibre, potentiellement très dangereux : les Américains n’économisent pas et vivent à crédit sur le reste du monde. A contrario, des pays comme la Chine qui connaissent un boom économique extraordinaire ont des réserves énormes. Une partie importante de cet argent est investie en dehors de la Chine, en Occident, dans des usines, des instruments de production, devenant ainsi, peu à peu, notre principal créancier…
(On estime aujourd’hui à 1000 dollars par habitant l’épargne forcée de la Chine ; multipliez cela par 1 milliard 300 millions et cela vous donnera une idée de la « force de frappe » économique chinoise. JP).
• Comme les Américains n’épargnent pas, on a imaginé, pour relancer la consommation, des montages financiers sophistiqués et très risqués. C’est une révolution de taille dans le marché des crédits mais qui ne date pas d’aujourd’hui. (Cyniquement, il s’agit de prêter de l’argent à des gens qui n’en ont pas, qui n’ont pas les moyens de le rembourser, à court ou à moyen terme, et dont on sait par ailleurs qu’ils ne pourront jamais le rembourser… JP)
C’est en quelque sorte le règne de la nébuleuse. Les crédits sont splittés, fragmentés, intégrés dans d’autres produits qui n’ont plus rien à voir avec le crédit initial et, au final, on ne sait plus qui prête à qui et, surtout, qui doit à qui…
• Devant tant d’incertitudes, les créanciers ont voulu réaliser leurs créances avant qu’il ne soit trop tard, espérant récupérer au moins leur mise. Et c’est le jeu du domino !
• Cette situation a engendré une crise de liquidités (illustrant une fols de plus le caractère extraordinairement volatil de la liquidité). De nombreux fonds connaissent des difficultés sérieuses et sont forcés de réduire leur niveau de levier.
• Pour calmer le patient et réduire les risques de crash, les banques centrales ont été contraintes d’injecter des sommes très importantes. « Elles sont un peu dans position d’un dealer face à une personne en manque, précise Jacques Attali. Si vous êtes un dealer vous allez lui donner la dose qu’elle souhaite. Mais si vous êtes médecin, vous êtes contraint de jouer un peu au dealer, pour combler un peu le manque… »
Je reviendrai bientôt sur le « sherpa » Attali. Sur les conseils avisés d’un ami, je planche en effet depuis trois semaines sur son dernier ouvrage, tout à fait passionnant, Une brève histoire de l’avenir. Compte-rendu et commentaires prochainement ici.
Comment
Cela fait des décennies qu’on nous bassine avec l’énorme dette américaine. Et rien de gravissime ne se passe. Pourquoi ?
a : parce que les créanciers savent très bien que s’ils réclament leurs fonds tous en même temps, la seule solution pour les payer sera, pour les USA, de faire marcher la planche à billets ? On se rappelle l’abandon de l’étalon or ? Que perdront les financiers : juste leurs superprofits ou bien leurs maisons, leurs caves, leurs maitresses ? Et la valeur des investissements chinois en Europe, là en core in fine, ne sera sauvegardée que s’ils prennent garde à ce que l’Europe ne tombe pas en faillitte. Tout cela est bien compliqué et on cherche encore l’économiste qui aura une largeur de vue suffisante pour bien montrer les mécanismes fondamentaux et comment les corriger des excès dangereux.
b : parce que, quoi prendre à la place du dollar ? Cette devise restera encore pour longtemps la devise de référence.
Il devra y avoir certes des écritures comptables quelque part, mais quand on regarde par exemple le total des abandons des dettes du tiers-monde : in fine : cela a coûté combien et à qui ? Des écritures comptables.
Bien sûr, tout cela est un point de vue d’un Candide…