Une dramatisation imprévue…
Lorsque j’ai raconté ici même cette histoire pour la première fois, beaucoup de lecteurs ont cru à une fable, que sais-je, une invention de ma part ? Comme si j'avais l'air d'inventer !
Tout ceci est malheureusement rigoureusement vrai : depuis le 12 juin, le voyage de One Coursier a pris une dimension dramatique avec sa disparition.
Plusieurs grands restaurants m’ont contacté suite à mes différents post sur Mille plateaux. Pour savoir si j’avais des nouvelles de One Coursier. Le Journal de 20H de TF1 veut faire un reportage sur le sujet. L’unique parent de One Coursier n’a pas souhaité – et on peut le comprendre – médiatiser l’histoire de One Coursier qui, à ce jour, est officiellement porté disparu…
The French Laundry (27 juin) et Per Se (23 juin), deux étapes essentielles de la "Route 68" aux Etats-Unis : One Coursier n'y est pas allé…
La gastronomie comme une ascèse qui a ses propres règles
Que s’est-il passé ? Où se cache – s’il se cache – notre homme pressé ?
Peut-être a-t-il été dépassé par son projet, par sa démesure. Un tel périple, en si peu de temps, n’est pas une simple tournée des Grands Ducs avec laquais, serviteurs et calèches chamarrées. Les trajets de liaison sont parfois importants ; on peut craindre que One Coursier n’ait mesuré, lors de la phase préparatoire, l’épreuve physique, le marathon que représente un tel voyage. Une sorte de violence permanente faite à son corps.
La grande gastronomie est un événement rare et, idéalement, devrait le rester.
Tooru Okuda avec ses couteaux : un des grands cuisiniers de Tokyo !
Lorsque nous sommes partis avec le GJE à Tokyo en avril dernier, nous avons d'ailleurs vécu, en accéléré, une expérience similaire. En une douzaine de jours nous avons visité une vingtaine de restaurants. Uniquement des trois et deux étoiles Michelin. Croyez-moi, ça n’a rien d’une sinécure. Même pour les durs à cuire, les affamés chroniques, les boulimiques finissaient presque par crier grâce !
Se perdre dans sa passion…
Notre époque a la manie des records et de la compilation. Quoique désintéressé, le rêve de One Coursier est en conformité avec la monodie du temps. Le tour dramatique qu’il a pris n’est pas davantage surprenant.
Mon plus vif souhait : voir resurgir ces prochains jours, à l’heure du retour à la réalité, notre héros désenchanté celui qui, le temps d’un voyage, voulait « que ce soit Noël tous les jours ! », dont la référence augustienne résonne pourtant étrangement : « Celui qui se perd dans sa passion a moins perdu que celui qui a perdu sa passion." (St-Augustin).
Aller jusqu’au bout de ses rêves, serait-ce courir le plus grand risque ?
Mon plus vif souhait : voir resurgir ces prochains jours, à l’heure du retour à la réalité, notre héros désenchanté celui qui, le temps d’un voyage, voulait « que ce soit Noël tous les jours ! », dont la référence augustienne résonne pourtant étrangement : « Celui qui se perd dans sa passion a moins perdu que celui qui a perdu sa passion." (St-Augustin).
Aller jusqu’au bout de ses rêves, serait-ce courir le plus grand risque ?
One Coursier a choisi d’aller vers les lieux les plus civilisés, les plus raffinés de la planète, le contraire de la wilderness, du milieu hostile, des grandes étendues. Le décor est un prétexte. On peut très bien se mettre en danger dans de tels endroits…
Ce que l’archer zen vise à travers la cible n’est autre que son propre cœur.
5 Comments
Il est passé chez Nadia Santini grande parmi les grands, juste avant de terminer sa course folle (sa disparition est tout particulièrement inquiétante), Adria je refuse d’y voir un signe, croisons les doigts………
Il y a quand même quelqu’un qui a annulé les tables suivantes : qui, sinon lui ???
Je connais bien Pascal qui venait régulièrement faire des courses pour nous. Il me tenait au courant de toutes ses visites dans ces restaurants, moi même étant un grand amateur de bonnes tables. Quand il m’a parlé de son projet de faire ce périple gastronomique, je lui ai dit qu’il était soit cinglé soit génial. Mais c’était là l’oeuvre de sa vie. Je suis choqué d’apprendre sa disparition. On sait dès à présent, car je connais bien les gens qui ont organisé son périple, qu’il y a plsuieurs versions de sa disparition, toutes se contredisant. Son caractère aimable, discret faisait que nous l’apprécions tous. Il n’a pas sa langue dans sa poche et peut-être que, déçu par la cuisine moléculaire de El Bulli, il le leur a dit et que ceux-ci, fâchés, l’ont fait passer par pertes et profits (tant qu’à faire des hypothèses, osons les plus folles…). Non, sérieusement, il faut que l’on sache ce qui lui est arrivé. Le fait qu’il n’ait pas pris son carnet de note m’inquiète au plus haut point. Mais nous allons sans doute le retrouver bientôt. C’est tout ce que l’on peut espérer et je l’emmènerai au Pont de Brent pour fêter son retour.
Quelqu’un a-t-il eu des nouvelles du "disparu"?
Co-responsable du site http://www.wein-events.ch je m’apprête à rédiger un article sur le sujet et serais très heureux si je pouvais faire part de la bonne nouvelle au lieu de seulement remettre en cause la cuisine du El Bulli.
Merci et cordialement
Expositions
http://www.youtube.com/watch?v=N...