Là où les dieux se sont retirés…
Au début, on aurait dit un songe. « La mer, immobile, tel du métal, reliait les îles alentours. » (Saint-Jean)
Au début, on aurait dit un songe. « La mer, immobile, tel du métal, reliait les îles alentours. » (Saint-Jean)
La vision surgira, plus haut, dans une grotte. Presque au sommet de l’île, près de Chôra…
Je vis ici pour quelques jours. Dans une maison grecque perdue au milieu des venelles. Un village de chats, de silences habités, d’étincelante blancheur, d’outremer. De portes mystérieuses aussi, telles des invitations à s’engouffrer dans le sacré comme dans la dérision.
Chôra, phare de l’orthodoxie, avec ses 51 églises, son couvent de St-Jean aux allures de forteresse, jaillie tout droit du Nom de la Rose. A moins qu’Umberto Ecco ne s’en soit inspiré…
Chôra et son emblème, l’aigle : ils se détachent depuis dix siècles au-dessus de la baie de Skala, suscitant les ombres et les convoitises. On avait beau les voir venir de loin les pirates, ils venaient quand même…
Chôra et son emblème, l’aigle : ils se détachent depuis dix siècles au-dessus de la baie de Skala, suscitant les ombres et les convoitises. On avait beau les voir venir de loin les pirates, ils venaient quand même…
Patmos.
Chôra sur les hauteurs de Patmos, île mystique dans la lumière de la mer Egée. Qui au soir ondoie doucement dans l’infini éloignement. Liturgie des temps, des mystères et des sources cachées. Là où les dieux se sont retirés. Là où ils parlent aux prophètes à travers les failles des rochers.
Port de Skala et, sur les hauteurs, Chôra avec le couvent de St-Jean.
Apocalypse now !
Plus tard je fis un rêve. Comme si quelqu’un – un facétieux – avait découpé la nuit en tranches régulières.
Tout d’abord, cette scène. Nous étions entrés dans un petit bistrot de pêcheur de Skala.
Au comptoir, Georges Clooney en personne, indifférent aux usages de ce monde. Il nous attribue d’office l’ultime table.
Arrive un ministre belge et sa cour. Soudain je vois cette irritation se peindre sur les traits du ministre. Nous étions six. Comme le ministre et son équipage.
Georges nous avait confondus…
Tout d’abord, cette scène. Nous étions entrés dans un petit bistrot de pêcheur de Skala.
Au comptoir, Georges Clooney en personne, indifférent aux usages de ce monde. Il nous attribue d’office l’ultime table.
Arrive un ministre belge et sa cour. Soudain je vois cette irritation se peindre sur les traits du ministre. Nous étions six. Comme le ministre et son équipage.
Georges nous avait confondus…
– Usurpateurs ! s’exclama l’irascible politicien
– A quoi ça sert la frite, si t’as pas les moules ? A quoi ça sert le cochonnet, si t’as pas les boules… répondit Gaby à son ministre de mari qui visiblement la délaissait.
L’ambiance devenait électrique. L’octopussy préparé par mister Clooney n’était pas le seul à sentir le cramé…
Nous avons préféré nous réfugier dans le bistrot d’à-côté où officie une autre célébrité locale : Eric, hidalgo crétois. Cantona à la ville. Yannis sur scène.
Entre deux lampées de raki, de sa voix de stentor, il chante des balades apocalyptiques, des histoires de popes aux dessous de tulle rose. Depuis le couvent, certains moines matent, dit-on, au rayon laser de jeunes demoiselles et des éphèbes perdus dans l’azur…
Entre deux lampées de raki, de sa voix de stentor, il chante des balades apocalyptiques, des histoires de popes aux dessous de tulle rose. Depuis le couvent, certains moines matent, dit-on, au rayon laser de jeunes demoiselles et des éphèbes perdus dans l’azur…
Quand nous avons regagné les hauteurs de Chôra, nous avons encore croisé cette engeance, le coq orthodoxe, higoumène pourfendeur de rêves. Ses cris éraillés scandent les offices des moines. Il parle aux hommes dans la nuit. Il connaîtrait l’Apocalypse par cœur…
Mais ce coq ne nous dévoile rien. Je crois plutôt que la fin du monde, c’est lui.
Bien sûr, ceci n’est qu’une suite d’hypothèses formulées dans un rêve.
Mais ce coq ne nous dévoile rien. Je crois plutôt que la fin du monde, c’est lui.
Bien sûr, ceci n’est qu’une suite d’hypothèses formulées dans un rêve.
La suite à très bientôt, avec la véritable histoire de Saint-Jean.
4 Comments
Après Ephèse, les éphèbes…
Il est certain que sur les traces des origines judéo-grecques de notre monde, la confusion est à son comble.
Tu dis que les dieux parlent aux prophètes à travers les failles des rochers. Mais est-ce bien sur? Y avait (Yahvé?) t’il encore plusieurs dieux? Et ne faut-il pas plutôt croire avec Maïmonide que le prophète n’est pas l’irruption de Dieu dans le monde des des hommes, mais plutôt l’accession d’être d’exception à la connaissance divine?
Comme dit Woody Allen:"Si Dieu existe j’epère qu’il a une bonne raison"
J’ai oublié le titre de mon post précedent:
"Patmos, île mythique…"
Ah, je vois, cher Jacques, que la magie du lieu t’a envahi. Amitiés
Bonjour de l’île sacrée, Joseph… Je sais que c’est un peu "ton" île. J’aurais bien aimé goûter les vins de la "Cave de l’Apocalypse" ! Comment s’appelle le restaurant de Skala où Iannis chante en trio ?