– Oui, au nom de Jacques Perrin, pour trois personnes…
– Ah, je regrette. Je n’ai pas de table réservée à ce nom-là, monsieur…
– Mais, c’est pourtant vous qui m’avez appelé hier pour me dire qu'une table qui se libérait !
Je suis tout à coup devenu sceptique. J'ai l'impression de me retrouver dans un film de Luis Bunuel. Mon regard parcourt la salle. Vide. Personne à l’horizon. Revient se vriller sur le directeur de salle, Christophe Rohat. M’a pourtant pas l’air d’être un plaisantin, ce jeune homme. Je devine un mouvement de panique du côté des filles !
– Oui, je vous ai appelé mais votre réservation, c’est pour jeudi prochain, môssieu, d'autant que ce soir, désolé, nous sommes fermé…
Un chef-d'oeuvre : Turbot aux coques et pomelo, sucs de homard, citronnelle, épinards et pousses de petits pois – Condiment Noix de coco, poulpe, gingembre et piment.
La suite ? Peut-être à jeudi, qui sait ?
Trêve de plaisanterie, que je vous dise tout de même que cette adresse, qui m’a été chaleureusement recommandée par l’ami Pascal Henry – question étoiles, s’y connaît ! – nous a emmenés au septième ciel, les filles et moi…
De quoi verser même quelques larmes de bonheur !
A bientôt, les p’tits loups, je vous raconte tout cela dans les détails !
11 Comments
Mozart rue Beethoven,pas plus pas moins!
Comment une telle maison pourrait décevoir un esthète comme toi ?
Je suis certain qu’on aura un commentaire remarquable dont la substance même sera sérieusement alimentée par les jouvencelles qui ont su te chouchouter, t’admirer, te boire durant toute la oirée !
Sacré garnement va !
François,tu sais bien qu’on reparles (dans la mouvance gouvernementale) de la réouverture des maisons fermées 😉
La vie est trop courte pour faire les cent pas – souvent plus – devant la porte d’un restaurateur ou d’un viticulteur pour acheter sa marchandise, quelque soit la qualité du produit.
Pouvez-vous visualiser NIETSCHE faisant les cent pas devant la porte d’un "faquin de cuisinier" ?
Je suis preneur d’un bel article sur la hiérarchie des valeurs et l’élégance dans le chaos.
très cordialement
Vu l’étroitesse des lieux, le nombre limité de couverts (25),et la difficulté d’y obtenir une place,l’Astrance pourrait être assimilée à une "maison close".
Tout le charme résidant finalement à réussir à y entrer.J’aurais pu être plus grivois mais c’est la fin de semaine…
Holà : pas de grivoiserie ici : ne jamais oublier que le Maître des lieux est un sérieux swingliste de gauche, race, hélas, en voie d’extinction 🙂
Frs, excellente idée ! Je vais réfléchir à cet article. Cela dit, je n’imagine pas Nietzsche faisant les cent pas, rue Beethoven, ni même via Carlo-Alberto, à Turin. Je l’imagine juste contempteur de tous les assis, les autosatisfaits, les frelons de la pensée, les pesanteurs avides, tous ceux qui ne marchent plus et que Stefan Zweig, dans l’admirable livre qu’il a consacré à Nietzsche, nomme les « esprits pot-au-feu qui sont vite satisfaits… ils s’encapsulent dans les coquilles de noix de leurs systèmes» !
Je n’aime pas trop quand les grands penseurs s’en prennent aux faibles, aux besogneux dontla tâche principale est de nourrir décemment une famille et qui n’ont pas forcément les facilités des intellos des grandes villes.
Quel est donc ce grand penseur qui a écrit ainsi un très bel ouvrage sur ces "gens de tous les jours" ? Bachelard ?
On aurait pas trop tendance à pardonner aux grands esprits la médiocrité (souvent attestée par des proches) de leur relations immédiates à leur entourage ? Wagner en est un bon exemple, non ?
Attention : il n’est pas question de dévaloriser ce qu’ils ont apporté. Mais de temps en temps, adjoindre une dose de modestie, d’humilité, me semble nécessaire. Le comportement global me semble également important pour jauger autrui, non ?
On peut voir les choses autrement François. Combien de grands artistes, penseurs, etc… sont de petits hommes (les exemples ne manquent pas) pourquoi ne pas en prendre le meilleur, l’écume ou la crême (suivant le gout de chacun)?
Oh ! l’épineuse question des rapports entre l’œuvre et la vie ! Pour certains artistes ou penseurs, elle demeure une énigme, un improbable (sic !) rapport… Pas pour Nietzsche, par exemple, qui fit de sa vie un poème et un champ d’expérimentations et qui sut demeurer dans cette vérité de l’oeuvre et de la vie. Mais prenons Flaubert, par exemple.
Voici ce qu’en écrivait Remy de Gourmont :"On demeure surpris que ce grand barbare, vulgaire et entêté, ait produit une oeuvre si calme, si noble et si belle… Je suis de plus en plus persuadé que le genre de rapports qu’il y a nécessairement entre un homme et son oeuvre nous est absolument inconnu."
Et puisqu’il est question du "grand" Wagner, citons toujours Remy de Gourmont :
"Un étranger lui demandait :
– Vous qui avez connu Wagner intimement, était-il agréable en conversation ?
– L’Etna est-il agréable en conversation ? répondit Villiers…"
… l’etna…
It makes my day :-)))))))