D’un œil distrait certes, mais je regarde quand même, je lorgne sur les noms, les âges, les fonctions, les titres et la façon dont la famille ou les proches mettent en scène la fin du cher disparu ou de la regrettée. Toujours ce cliché du courage admirable dont chacun est censé faire preuve à l’instant fatidique. On ne va tout de même pas dire d’un tel, réputé pour sa couardise, qu’il a pris la poudre d’escampette au moment de mourir…
Plus sérieusement, dans cette leçon des ténèbres quotidienne, je me garde d’oublier que, à la fin, nous ne serons plus qu’un nom, que nous continuerons, peut-être, à vivre un peu dans la mémoire de ceux qui nous aiment, que, jusqu’à nouvel ordre, les morts sont plus nombreux que les vivants dans l’humanité… Tout ça pour vous dire que je suis tombé tout à l’heure sur le faire-part de décès d’une dame très honorable, très convenable, qui cumulait les titres et les fonctions honorifiques, les appartenances à des ordres chevaleresques tous plus huppés les uns que les autres. Parmi ces titres, l’un d’entre eux m’a subjugué : »Dame de grâce magistrale » ! J’en suis resté pantois durant de longues minutes. Je me suis renseigné sur ce titre qui remonte au moyen âge et qui n’est attribué qu’à des personnalités exceptionnelles. Enfin, je me suis souvenu – mais ceci n’a sans doute rien à voir avec cela – de cette expression allemande pour passer à trépas : « Den Löffel abgeben » Soit littéralement « restituer la cuiller ».
Si cette thématique vous intéresse, notamment celle des ultima verba, je vous conseille la lecture du livre de Michel Schneider, Morts imaginaires.
A Bordeaux, fort de sa réussite dans le millésime 2006, Mouton-Rothschild a sorti sa deuxième tranche. C’est la fameuse découpe du gâteau dont on peut résumer ainsi la stratégie.
A. Prenons un gâteau : tous ceux qui l’ont goûté (les Parker et consorts ; j’y participe également. Voir https://bertrand.leguern.club.fr/blg/primeur/index.html) disent qu’il est excellent.
B. Pour faire saliver tout le monde et encaisser les royalties à hauteur desquelles ce chef-d’œuvre sera valorisé, je vais le débiter en toutes minuscules tranches
C. chaque acheteur agréé se verra attribuer une portion à un prix donné. C'est la première tranche. Plus tard, s’il est bien disposé et si sa tête m’est toujours sympathique, l'acheteur aura droit à une deuxième tranche, mais plus chère : façon bien sympathique d’anticiper la hausse et de faire comprendre à ceux que j’ai invités à prendre le goûter que, s’ils ne mangent pas le gâteau, ils vont pouvoir faire la même chose, le refiler plus loin et, peut-être, gagner beaucoup d’argent avec…
Sauf que pour que le système fonctionne, il faut laisser de la marge à chaque étape. Si vous démarrez avec un prix très haut dès la première tranche, quel est l’intérêt de continuer à « remettre la compresse » : la machine risque de s’emballer, de tourner à vide et d’aller dans le mur.
Aujourd’hui Mouton nous a fait le coup de la deuxième tranche. La première était à 325 euros (la bouteille, pas la caisse, rêveur !) et, quelques jours plus tard, après avoir ferré le brochet, voici la deuxième à 375 euros ! Si vous avez acheté la première, vous serez content de payer la seconde « seulement » 375 mais, comme de toute façon, vous ne pouvez pas acheter la première sans souscrire à la seconde, vous l’avez dans le baba et il ne reste qu’à vous armer d’une calculette pour faire la moyenne.
Mes propos sont comme le temps (trois ou quatre lundis de suite qu’il pleut à verse) d’un pessimisme joyeux. Il va falloir ressortir la sulfateuse.
– Non mais t'as déjà vu ça ? en pleine paix, y chante et pis crac, un bourre-pif, mais il est complètement fou ce mec ! Mais moi les dingues j'les soigne, j'm'en vais lui faire une ordonnance, et une sévère, j'vais lui montrer qui c'est Raoul. Au 4 coins d'Paris qu'on va l'retrouver éparpillé par petits bouts façon puzzle… Moi quand on m'en fait trop j'correctionne plus, j'dynamite… j'disperse… et j'ventile…
Rassurez-vous : c’est pour lutter contre le mildiou. Pas pour jouer les Tontons flingueurs !
Ce sera tout pour aujourd’hui.
Leave A Reply