Les gentianes, la grassette carnivore, les saxifrages, les rhododendrons, la pensée des Alpes, viola calcarata, les renoncules blanches, les orchis resplendissent dans les pentes. Que cette vallée est sauvage et belle. Comme perdue au bout du monde.
En montant au lac de Fenêtre, la face est des Grandes Jorasses où G. Gervasutti, Il Fortissimo, laissa une empreinte indélébile
On croirait un morceau du Zanskar, un bout de son âme accrochée à la Suisse. Et puis sur les hauteurs, tout à coup, le cri d’alerte, le crissement caractéristique du lagopède, telle une corde qu’on tend.
Le lac de Fenêtre, encore pris dans sa gangue de glaces…
Plus tard, vers le col de Fenêtre, tandis que Jef m’explique la confluence des quartzites du trias et du gneiss du St-Bernard, cette apparition au milieu d’un névé : une jeune fille menue, céruléenne sur un fond de ciel bleu. Chargée d’un lourd sac comme si elle hissait son destin vers ces cimes – elle a bivouaqué ici hier soir – elle chemine en direction de l’Hospice du St-Bernard. Nous nous arrêtons au col, échangeons quelques mots. Elle repart de l’autre côté, se perd bientôt dans le vent et le soleil. Le Grand Paradis et la Grivola scintillent au loin comme les bornes d’un monde qui reste à explorer.
Il y a très longtemps que je n’étais pas retourné en montagne. Dix-huit mois exactement. Pour un retour, qui ne serait comblé ?
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