Je ne résiste pas au plaisir de citer un extrait du passage où Bettane voue aux gémonies tous les thuriféraires et idéologues du "vin bio", tous ceux qui confondent non-interventionnisme et pratique naturelle. J'espère d'ailleurs avoir l'occasion de revenir sur cette dérive idéologique :
"(…) on ne saurait souscrire aux dégâts commis dans l’imaginaire des amateurs par tous les mauvais vinificateurs qui prétendent faire du vin naturel, sans soufre – ils vont même jusqu’à dire illégalement « bio » alors que la loi ne reconnaît comme bio que le fruit, c’est-à-dire le raisin – et qui font passer leur bibine pour la vérité du terroir !Sus donc aux rouges puants, car les mauvaises levures indigènes, si avides de cannibaliser les bonnes quand le vinificateur
laisse faire, sont les mêmes à travers toutes la planète et unifient par leurs arômes animaux tous les cépages et tous les terroirs, à bas les sucres traînants, les robes louches et instables et les saveurs approximatives, halte aux blancs oxydés et morts dont, après coup, on nous explique qu’on a « ménagé » la décomposition ! Nous restons pantois devant la crédulité de tant de restaurateurs, qui ne présentent plus à leur carte que ce genre de produit, alors qu’ils soignent tant nos assiettes, en particulier les généreux bistrotiers de “gueule” qui seraient les premiers désolés de nous régaler avec de la marchandise avariée ! Et que dire de tous ceux qui les conseillent, cavistes et courtiers en vins prompts à surfer sur “la pensée correcte”, journalistes plaquant sur le sujet une idéologie à la mode sans s’intéresser à ce qu’ils boivent, intellos dérangés qui refont le
monde à partir de leurs propres fantasmes ? Qu’on s’entende bien, quelques-uns des plus grands vins de la planète, et même à coup sûr les meilleurs, sont des produits issus d’une viticulture d’inspiration bio, mais leurs élaborateurs sont conscients de leur responsabilité et perfectionnistes en matière de vinification." (Michel Bettane, Tast no 40, juillet 2007)
Bravo Michel pour ce réquisitoire tout à fait justifié contre certaines dérives à la mode !
2 Comments
La vigne au naturel : c’est du vinaigre. le vin, c’est l’homme : va falloir remettre les choses à leur place.
Comme on parle de Michel Bettane, le JDD a déjà annoncé son nouveau livre: "le Grand Livre des Vins" : on va vous étudier cela menu menu pour voir les évolutions avec sa dernière version du guide vert. Va y avoir du neuf !
Bienvenue dans la blogosphère !
Concernant M. Bettane, je suis peiné de lire, dans un ouvrage traitant d’un sujet aussi convivial, cette agressivité et ce dédain affiché envers certains vignerons/restaurateurs/cavistes et autres amateurs de vins dits "naturels" ou "sans souffre".
Je suis peiné pour le néophyte qui lira ces commentaires incendiaires et se fera non seulement une bien piètre idée des vins dits "naturels" mais aussi du monde du vin.
Je suis peiné de cette diatribe toute en attaque, sans épaisseur ni élégance, à la finale amère.
Je suis peiné de ce coup de massue dérisoire et sans risques contre un 0,5% de la production du vignoble français, qui procurent du plaisir à certains amateurs de vins, certains cavistes, certains sommeliers, certains restaurateurs, certains journalistes qui apprécient l’esthétisme particulier des vins dits "naturels" ou "sans souffre".
Finalement, je pense que Monsieur Bettane se discrédite en affichant ainsi un tel manque d’humilité et d’ouverture, qualités réputées essentielles pour un bon dégustateur.
Peut-être pourriez-vous offrir à Monsieur Bettane un verre de Morgon à Marcel Lapierre lors de votre prochaine rencontre ?