Tous les héros le savent : à cause de cet hybris, on finit un jour foudroyé, calciné, puni de cet outrage, de cette folie suprême : exiger davantage que ce que le destin vous a attribué et vouloir égaler les dieux !
Il est amusant d’observer que l’expression noli me tangere a, depuis son usage christique, acquis d’autres significations.
1. En botanique, elle désigne la balsamine sauvage ou impatiens noli me tangere. Au moindre contact, cette plante, soucieuse de se reproduire, libère d’une manière explosive ses étamines Tout parallèle avec des personnes existantes ne serait que fortuit !
2. En médecine, Noli me tangere a désigné jusqu’au XIXe siècle, en relation avec la passion du Christ, une blessure, un ulcèrequi ne cicatrise jamais. Comme si la personne était écorchée. Blessure d’amour ? Là aussi, toute correspondance ne serait due qu’au hasard.
On le constate : cet incident sert de révélateur et montre ce que tout le monde savait déjà, ce truisme (Salon de l’agriculture oblige) sur l’agitation qui caractérise le Président de la République. Dans une circonstance quasi analogue, Jacques Chirac avait su faire preuve de davantage de hauteur (sans jeu de mots). A un trublion qui le traitait de connard, Jacques Chirac avait su donner la juste réponse : Enchanté, je m'appelle Jacques Chirac…
12 Comments
Regretter les années Chirac, peut-être pas, mais regretter que l’image française aille ainsi à l’égout. Que penserons les autres pays européens en voyant ça ? Regardez le président de la république française, incapable de se tenir. Voilà le vrai problème, nous avons à la tête de l’Etat une marionnette dénuée de volonté (autre que la sienne, cela va sans dire) qui est incapable de se montrer digne, de se montrer fier, de se montrer droit. Sans m’enferrer dans des idées conventionnelles si ce n’est conservatrices, je sais apprécier chez un homme politique la retenue, la répartie fine et intelligente.
En tout cas, pardonnez ce commentaire intempestif, votre article était passionnant, et ce rapprochement avec le "noli me tangere" tout aussi surprenant que diablement bien trouvé. Au plaisir de vous lire de nouveau,
Nuitarius.
C’est sûr, on ne va rien regretter du tout… Merci pour votre commentaire !
Il y a eu deux manières d’exprimer "noli me tangere", celle de l’agriculteur, un fier sûrement : "ne me touche pas tu me salis" qui en précise les conséquences, une tenue à distance qui se rapporte au fait uniquement : si tu touches alors tu salis et celle du président dans sa langue "naturelle", il a sûrement le gêne tranchant de l’invective, "casse-toi pauvre con". Il ne s’exprime guère sur l’action qui vient de se dérouler mais sur ce qu’il considère être l’identité de l’interlocuteur, il est un pauvre con. C’est un changement de registre, qui reflète bien la pensée profonde de Sarcokezy, les caractères des individus sont génétiquement déterminés, tous des cons sauf moi, point barre! A ce propos le dossier hors-série de Charlie Hebdo "L’ADN expliqué à Sarkozy" est particulièrement recommandé.
P.S. A droite de noli me tangere on pourrait rebaptiser un terrain d’aventure (Traversées) : "casse-toi pauvre con!"
Excellente analyse ! Et je compte sur toi, Musil, pour cette traversée sans retour !
Si incontestablement le Président n’a pas eu une répartie digne des dictionnaires anthologiques, ce qui est réellement effarant, c’est l’inouïe tintamarre fait autour de ce moment par un secteur des médias qui atteint véritablement le niveau zéro. La presse française devient un sous prolétariat des pires émissions de popu-réalités. Lamentable.
Quand on lit Marianne qui se fait une chaleur en lançant des campagnes ineptes, inutiles et superfétatoires, quand on sait que même le bouillant JF Kahn a quelques réserves sur cette évolution, quand on sait que ce qu’a dit le Président sur la PAC – mais de ça, on s’en fout, car c’est pas drôle comme ses gros mots – , c’est là qu’on voit que les grands Mauriac, Raymond Aron et autres ténors manquent cruellement de progénitures !
Ceci dit, Jacques Perrin, notre Hôte, que ce texte passe à la trappe car, quelque part, on n’est pas sur un site politique.
chirac avait répondu à un type qui avait lancé un vibrant "connard", "moi, c’est Chirac; enchanté!",
je crois qu’il faudrait creuser une piste concernant notre cher président à savoir son goût pour les victimes et sa passion pour les boucs émissaires (le commissaire de Toulouse, les jeunes des cités, les récidivistes etc) il faudrait que René Girard nous donne une analyse un peu plus poussée. Mauss j’ai transmis votre message au service du chiffre dès que j’ai obtenu le décryptage je vous réponds.
Je trouve vos commentaires d’un niveau que l’évènement ne mérite pas, même si la fonction du personnage eut mérité de la hauteur.
Jacques, il y a un vrai style Sarkozy.
Aimablement, je l’appellerai zébulon. Il saute sur tout ce qui bouge, tout ce qu’il se dit. Il fait feu de tout bois.
Plus réaliste, je le vois bien en ballon. Non vous ne m’avez pas compris, pas avec nos rois de la montgolfière, ni en petits verres pour notre blanc du matin au bistrot de la gare.
Peut être en baudruche, mais l’avenir nous le dira.
En vrai ballon, ballon de foot? Il ne rebondira pas assez.
Basket? oui, bien gonflé, qui va d’un panier à l’autre, qui traverse le terrain en quelques secondes, qui fait monter le score d’une équipe ou d’une autre.
En punching-ball, qui revient aussi vite qu’il est parti, sur la gant du boxeur.
Ce ballon qui rebondit si bien a un gros point faible, c’est le risque de tomber sur une pointe ou de faire un rebond de trop , de se trouver sur la route, sous la roue d’une voiture….
Pas d’accord avec vous M. Mauss. Il ne s’agit pas que de politique mais d’éthique et de symbolique.
Et bien , si c’est le cas, les journaux vont devoir passer de 36 pages à 150 ! Va y avoir du teuf sur cette planète !
"Je suis fidèle à mes ennemis" (voir Nouvel Obs’ de cette semaine.)
J’ignorais que monsieur Girard avait coutume de descendre sur ce blog pour donner son avis.
Sacré SARKO ! Ce président là, il nous aura au moins bien fait rire !..