Sur les ondes,
toutes les chanteuses
ont dans la voix
quelque chose de
Gianna Nanini et moi,
avec leur voix
rauque
qui sculpte
l’amour…
Dans tous les bars,
les paninis montent au ciel,
les percolateurs
percolent
sous leur musique
d’essieux enroués :
chaque expresso
est incomparable ;
sans que cela ne dérange
personne.
Il y a toujours ici
une tv qui débite
ses berlusconneries ;
devant chaque étal
de Fruttti & Verdura
quelqu’un attend
la suite
des événements ;
dans leur Macelleria et Salumeria,
les bouchers
ont des têtes
de chanteurs d’opéra ;
dans mon hôtel à Randazzo,
on croise à tous les étages
des gravures
du Padre Pio: j’ai fini
par regarder
inquiet
la paume de mes mains…
Il y a toujours des vespas
pétaradantes
qui remontent
des rues pavées
chevauchées
par de jeunes
amazones
insolentes ;
planté au milieu de nulle part,
il y a encore
un garçon joufflu,
regard de chien archibattu,
qui visiblement
a dû manger trop de tartines.
A Propisciano,
même Ettore Maiorana
a droit
à une place à son nom…
sous l’œil affaissé des
retraités de rien
qui regardent
le temps passer,
comme si
celui-ci ressemblait à ce nuage
posé juste au-dessus
de l’Etna.
Dans les rues
et dans les rumeurs,
il y a toujours un match du Calcio
qui se joue
en direct :
des homme, jeunes et vieux,
l’œil d’épervier,
rivé
sur l’écran…
il y a toujours
un attaquant napolitain
frappé par le destin
qui manque
l’immanquable
et alors…
Alors ?
Une désolation vieille de 26 siècles
affleure
comme quand
la Sicile était grecque
et découvrait Euripide
dans la stupeur et les tremblements.
Ici, dans tous les villages,
Il y a une église
fraîche et sombre,
une femme en noir
qui a trop pleuré
dans sa vie
et qui glisse
glisse
le long des murs
comme un passé
qui ne passe pas.
Ici,
il y a toujours
une île
qu’on n’a pas connue ;
une elle
outrageusement belle
à laquelle
vous aimeriez
chanter :
I put a spell on you !
Près de l’embarcadère,
Il y a toujours un type
douteux
avec un t-shirt
sur lequel
il est écrit
University of Pisa !
Sur chaque plage,
parmi les chairs boucanées,
les songes éteints,
on entend toujours
la voix d’une mère
qui hèle
inlassablement
son « A-le-s-sio »
en détachant
chaque syllabe,
exactement
comme dans
un film de Fellini.
Ici aussi,
il ne sera pas difficile
hélas
de rencontrer
des Allemands
pico-bello
qui
se sont trompés
d’endroit
et souhaitent
des frites
à la place
des zucchini…
A la radio,
j’entends des voix
qui prient la Vierge
comme si
la fin du monde
allait arriver ;
dans chaque patelin,
vous trouverez
une
Via Garibaldi,
un corso Vittorio Emmanuel,
plus rarement
une Via Aldo Moro…
Il y a partout du linge
à sécher
qui squatte aux fenêtres
et des dessous
taille XXL
un chat
qui a avalé
un soleil de trop
Sur chaque alyscaphe,
on rencontre un Américain
qui se prend pour
Rachida Dati
et confond
Taormina et Terminator…
Promis, ces prochains jours, je redeviens sérieux… Je vous parlerai notamment de Salvo Foti, un oenologue-terroiriste épatant (photographié ici parmi les vignes de Mick Hucknall, Il Cantante, le chanteur de Simply Red).
20 Comments
Merci pour Majorana.
http://www.youtube.com/watch?v=x...
Serge va s’arracher les cheveux mais tant pis… ou tant mieux… enjoy !
Vous avez vu les très vieilles vignes de rouges d’Il Cantante, Jacques ? Et les blancs plantés à 1200 m. ?
Merci Jacques de cette livraison d’ambiance.
–
Nico, ayé, j’ai plus de cheveux moi non plus … T’aurais au moins pu choisir Lucio Battisti !
http://www.youtube.com/watch?v=B...
http://www.youtube.com/watch?v=R...
http://www.youtube.com/watch?v=B...
Vaurien … tu dois réviser sérieusement ! J’en parlerais à qui de droit !
Bon, on ne m’en voudra pas de préférer Cutugno à ces gentillesses de couvents classés.
mais on diverge…
je sors ©…
Tout ça parce qu’il porte écharpe rouge … (et chaussettes ?) Pfff, partisan va !
http://www.youtube.com/watch?v=c...
–
Si l’Italie remplit les têtes de tant de clichés c’est qu’au delà de la préservation immobile du séculaire, dans laquelle elle excelle parfois, elle est aussi un pays d’instantanéité. Un pays et des habitants générant des instants de vie spontanément furieux, contrastés, vivants, qu’on a de cesse de vouloir les fixer dans nos mémoires et qui savent parfois eux aussi s’y instiller sans qu’on les y invitent.
Un bien joli poème relevant avec précision toute l’originalité et le charme de cette pointe sud, avec certainement de belles découvertes dont vous allez nous faire bénéficier… peut-être jusqu’au passito di Pantelleria de Carole Bouquet, un des plus éloignés, mais si bien décrit par Olivier Poussier.
Merci Jacques et bon séjour !
J’en reviens à l’instant de la très vieille vigne du Bosco, située à 1300 m. d’altitude, au milieu d’une forêt de chênes, sous l’Etna. Salvo Foti y fait son mystérieux rosé Vinudilice (Ilice = ilex). J’y ai passé un long moment avec l’un des vignerons de I Vigneri, un passionné comme j’en ai rarement rencontré, qui parle à chaque cep de vignes. Impressionnant !
Pour Pantelleria, ce sera une prochaine fois mais la femme de Marc de Grazia, qui est née à Pantelleria, a su traduire, lors du déjeuner de ce midi, la beauté de "son" île que j’irai bientôt.
Philippe,
au delà de la médiatique Carole Bouquet (qui est bien en peine avec son passito, difficile à vendre), si vous voulez en découvrir d’autres, grands, et souvent moins chers que celui là, il vous faut déguster ceux de Ferrandes (bientôt au CAVE), Salvatore Murana et bien sûr l’incontournable Ben Ryé de Donna Fugata. Je ne sais pas ce qu’en dit Poussier, mais pour découvrir les arômes d’abricot et fruits secs dans des liquoreux, le Pantelleria, c’est de première. Cela permet aussi de se rendre compte qu’il n’y a pas que le botrytis qui fait des grands "sucres", le passerillage également. Avec souvent moins d’acidité volatile, en prime…
Jacques,
je me réjouis de voir les photos de tout ça ! Gianni (F.) m’avait parlé avec réelle émotion de cette vigne…
Martingana est un must (thym et lavande aussi, un peu comme Constantia).
Déçu récemment par Donnafugata 89.
Le Passito de Carole Bouquet 2000 ne casse pas 3 pattes à un canard.
« L’ile de Pantelleria située au sud de la Sicile et en face du cap Bon Tunisien, produit dans la pure tradition des vins passerillés méditerranéens.
Un vin liquoreux de grande classe.
Soumis à un climat aride et à un sol volcanique loin de toute fertilité, c’est bien dans ce contexte que le raisin de Zibbibo, variété du Muscat D’Alexandrie tire ses lettres de Noblesse et cela depuis l’antiquité. Ce que j’apprécie avant tout, c’est la formidable complexité aromatique du Moscato Passito Pantelleria et sa capacité à révéler une bouche concentrée et suave sans jamais tomber dans l’excès douceur. Cette notion d’équilibre entre sucre acidité et alcool si importante dans l’harmonie des vins liquoreux est un des grands atouts qu’offre les passito di Pantelleria.
Carole Bouquet signe en 2007 une cuvée précise et délicate qui montre un tournant dans les vins du domaine. Confit à souhait sur des notes de bergamotes, quinquina et d’abricot sec, il est surtout doté d’une bouche limpide, suave et digeste. La parfaite gestion de la douceur et la belle allonge de bouche lui donnent une persistance incroyable.
Olivier POUSSIER,
Sommelier Maison Le Nôtre
Meilleur Sommelier du Monde en 2000.
Philippe,
Sur la page d’accueil du site de Carole Bouquet, Poussier parle de la cuvée Sangue d’Oro 2007.
Je parlais moi bien de la cuvée de base, millésime 2000.
Quel est votre avis à vous sur ces vins ?
Je parlais bien du Passito (Sangue d’Oro) à Jacques, du reste, le seul vin du domaine que je connaisse, également bien mis en évidence par Emmanuel Delmas au lien :
http://www.sommelier-vins.com/ar...
Je suis d’accord, le Passito de Carole Bouquet est certes bon, mais ne casse pas 3 pattes à un canard.
Toutefois gourmand, dense et relativement incisif, je l’avais apprécié voilà 4 ans.
J’ai relativisé dès lors que j’ai goûté, re-gouté, puis re-re-goûté un grand Passito de Pantelleria signé Ben Rye.
Prix équivalent, même moins cher je crois, plus de profondeur, de mâche et surtout une superbe acidité mordante, pour un vin magnifique et si savoureux.
Voilà un grand passito
http://www.sommelier-vins.com/ar...
Merci Emmanuel (en écho avec le post de Nicolas).
CQFD (le 2000 cuvée de base fut pas mal sur une dégustation, décevant car lourd sur une autre).
De la précision sur les blogs, n’est-ce pas ! 🙂
Pas anormal que la communication "professionnelle" sur ce vin enjolive bien les choses (le glamour expatrié).
Cf. celle sur les vins de Depardieu (le rustique assumé).
J’aime aussi beaucoup les malvasia delle Lipari de feu Hauner (iles Eoliennes).
Précisons que "BenRyé" n’est en rien le nom du producteur mais celui de la cuvée et signifie il me semble "Fils du Vent" en arabe.
Ce vin, parfois sensationnel est produit par l’Azienda Donnafugata (le nom est tiré de la nouvelle “Il Gattopardo” de Giuseppe Tomasi di Lampedusa) tenue par la famille Rallo.
Murana produit aussi les cuvées Mueggen, Turbè et Khamma.
En effet, précisons que cette cuvée Ben Rye est produite par Donnafugata. Domaine inscrit sur la bas de l’étiquette.
http://www.sommelier-vins.com/ar...
Laurent, la communication des vins de Carole Bouquet c’est quelque chose ! Mais avec le recul et des points de comparaison, tout est relativisé.
Quant aux vins de Depardieu…no comment ! 😉
Le "Ben Rye" fut personnellement mon vin liquoreux de l’année 2009 ! Je m’amuse chaque année à me remémorer mes plus beaux souvenirs de dégustation…classés par prix, notamment. Il faut bien s’amuser un peu !
Emmanuel,
Mon liquoreux de l’année 2009, c’est Egon Müller Beerenauselese 1994 (très cher).
L’Italie est un pays riche en liquoreux de toutes sortes (botrytisés, passerillés, santo, …).
Laurent, nous n’avons pas les mêmes budgets ! 😉
Je sépare blancs et rouges, et propose vins à – 9€ puis – €15 – 30 € et prestige ! Un liquoreux, soit 9 vins.
Sinon, on ne s’en sort pas, et on joue sur la surenchère ! 😉
Tiens, zont là les chouchous 2009 !
http://www.sommelier-vins.com/ar...
Emmanuel
J’arrête de polluer le blog de Jacques Perrin…
Emmanuel,
J’ai bu ce vin dans une dégustation de grands liquoreux du monde organisée sur Toulouse, à prix "raisonnable" (et en présence de producteurs).