Un séjour en cuisine devrait être prescrit à tous les atrabilaires, les oiseaux cachexiques et les pisse-vinaigre que l’on croise parfois hélas dans les grands restaurants étoilés. Tel ce morose équipage de Parisiens croisés ici même dimanche soir – peut-être se reconnaîtront-ils ? – Madame, sa mère et son mari, blanchis sous le harnais, s’emportant au sujet des vins et décrétant avec autorité que l’Hermitage 2001 de Chave n’était pas à leur goût : » Ce vin n’est pas digne de son appellation ; la syrah, on sait ce que c’est ! Attention, nous connaissons du monde, les Troisgros…, on va vous faire une réputation…»
Diable, pourquoi ces gens sortent-ils de chez eux ? On devrait les condamner à l’exil intérieur, au jeûne, aux macérations de tous ordre, face à face avec leur médiocrité !
Diable, pourquoi ces gens sortent-ils de chez eux ? On devrait les condamner à l’exil intérieur, au jeûne, aux macérations de tous ordre, face à face avec leur médiocrité !
Parenthèse close.
Pour ce second repas, nous avons choisi le menu suivant
Autour de la langoustine le beignet croustillant au basilic,
Crue en tartare et velouté glacé à la cistre des prés.
Contrastes saisissants, le croustillant, tartare aérien et très beau consommé avec sa petite touche anisée de cistre, l’herbe du Mézenc, « l’herbe à viande » ou « fenouil des Alpes » comme disent les vieux éleveurs.
Le Homard préparé à la façon d’un cassoulet aux lentilles vertes du Puy
Et origan sauvage
Et origan sauvage
Même André Pachon doit maintenant en rêver la nuit…
L’assiette de « Fin gras du Mézenc » avec le paleron braisé aux carottes nouvelles,
pièce de bœuf poêlée, millefeuille de légumes Salers.
pièce de bœuf poêlée, millefeuille de légumes Salers.
J’avais, je l’avoue, une certaine appréhension à l’idée de déguster du bœuf après les hallucinantes pièces goûtées à Tokyo. En même temps, on ne rigole pas avec le « Fin gras », première AOC viande du Massif central, une viande délicatement persillée, nourrie aux herbes du Mézenc, jamais forcée.
Sincèrement, le paleron confit (12 heures de cuisson lente) vaut le voyage.
D'ailleurs, c'est simple : les conversations sont au bord de l’inanition, s'arrêtent presque, nourries pourtant de souvenirs d’autres périples, un voyage à cheval en Mongolie dans le Khangay, là où naît la rivière Orkhon :
– On a passé 3 semaines avec des Mongoles à parcourir les montagnes, campant dans des yourtes. Personne ne comprenait un mot de la langue de l’autre et, pourtant, on a fini par communiquer ensemble sans se comprendre.
– On a passé 3 semaines avec des Mongoles à parcourir les montagnes, campant dans des yourtes. Personne ne comprenait un mot de la langue de l’autre et, pourtant, on a fini par communiquer ensemble sans se comprendre.
– ça, c’est la définition du couple !
Mais qui a donc dit cela ?
Les vins
St-Joseph blanc 2006 André Perret
Château de Fonsalette 2003
Voilà la vue qui s'offrira à vous depuis l'une des chambres du nouvel hôtel.
La carte des vins elle fait la part belle aux vins de la vallée du Rhône. Surtout orientée sur les grands classiques, elle pourrait mais pourrait être un peu plus audacieuse : très orientée sur les valeurs reconnues, elle propose peu de découvertes et mériterait un petit "lifting". Champagnes servis à la flûte à l'apéritif : à revoir. Les prix des vins sont exemplaires.
L'équipe de sommeliers est emmenée par Laurent, compétent, sobre, attentif. A noter – c'est assez rare pour être souligné – une gestion millimétrique des températures de service ("à la japonaise"), sur les blancs comme les rouges.
L'équipe de sommeliers est emmenée par Laurent, compétent, sobre, attentif. A noter – c'est assez rare pour être souligné – une gestion millimétrique des températures de service ("à la japonaise"), sur les blancs comme les rouges.
Les prix menus de 110 à 165 euros
L’adresse Restaurant Régis et Jacques Marcon – 43290 Saint-Bonnet-le-Froid
t. 04 71 59 93 72 – f. 04 71 59 93 40
contact@regismarcon.fr
www.regismarcon.fr
2 Comments
Grands admirateurs – amateurs de la Famille Bras à Laguiole, alors que nous n’avons pas encore eu le plaisir d’apprécier cette grande adresse, il ressort de cette stupéfiante présentation une analogie de lieu et de style. Quelle joie de pouvoir mettre cette destination dans les projets à venir, et le plus rapidement possible !
Votre contribution à ce régal complète fort bien ce que propose le site et les vins énumérés ne laissent aucun doute !
Merci Jacques
j’ai souvenir d’une halte savoureuse chez un cuisinier belge à Moudère, "au pré bossu" je crois me souvenir.
Superbe région que celle du Mont Mézenc.
Il faut que je pousse la porte des Marcon prochainement.
Laurent