Roman Niewodniczanski, itinéraire d’un jeune homme doué.
Ses vins sont plus faciles à déguster que son nom à prononcer. Grand, les traits anguleux, énergique avec une douceur, presque une réserve dans le regard, Roman Niewodniczanski a commencé sa carrière dans le vin, du bon côté : celui des dégustateurs. Sa cave recèle tout ce qui se produit de meilleur en ce bas-monde. 9000 bouteilles au total dont, affirme-t-il, seul une infime minorité des crus qui la composent sont vraiment très grands. Snobisme ? Affèterie d’enfant gâté ? Pas du tout. Il est comme ça, Roman, exigeant, idéaliste, jusqu’au boutiste.
Roman nous parle de ses différents terroirs et des vins qu'il aime.
Il vit le vin avec passion, une évidence chez lui. Alors, pour passer de l’autre côté, il a acquis cette propriété, il y a une dizaine d’années, à une époque où personne n’en voulait. Il a tout remis en état, bâtiment, cuvier, replanté des vignes (uniquement des franches de pied à partir de sélections massales et à très haute densité, jusqu’à 11500 pieds). Avec 2 ha sur le Scharzhofberger, des parcelles sur le Braunefels, l’Altenberg, le Kupp, le Goldberg et l’impressionnant Gottesfuss (voir video), Roman Niewodniczanski est un homme comblé. Il faut le voir parcourir ses rangs de vignes d’où, malgré la hauteur de la surface foliaire, émerge son visage d’Indien sur la trace des secrets enfouis. Il sait où il va, ce qu’il cherche. « On trouve ici des styles très antithétiques : il y a ceux qui aiment la verdeur dans le riesling et ceux qui, comme moi, aiment la maturité, les texture crémeuse et l’acidité intégrée. Et puis, il y a ceux qui aiment les vins doux et ceux qui privilégient les vins secs. J’ai choisi mon camp : ce que j’aime c’est la maturité et les vins secs. Voilà pourquoi 98 % de mes vins sont secs. »
Et Roman d’ajouter, en guise de préambule : « Vu de la France, l’Allemagne est un pays bizarre du point de vue viticole. Après les darkistiques années, une nouvelle ère commencé et nous sommes en plein dedans ».
Alors, pour « simplifier », il a renoncé pour les vins secs au Prädikat et n’indique sur l’étiquette que le cru sans les indications habituelles (Kabinett, Spätlese ou Auslese).
Et Roman d’ajouter, en guise de préambule : « Vu de la France, l’Allemagne est un pays bizarre du point de vue viticole. Après les darkistiques années, une nouvelle ère commencé et nous sommes en plein dedans ».
Alors, pour « simplifier », il a renoncé pour les vins secs au Prädikat et n’indique sur l’étiquette que le cru sans les indications habituelles (Kabinett, Spätlese ou Auslese).
Dans le Scharzhofberger…
Scharzhofberger 2007
A peine 10 g de sucre résiduel. L’équilibre est remarquable, sur le versant de la tension. Il a un nez très typique du Scharzhofberger sur des notes salines, iodées, avec quelques notes exotiques qui flottent, là au milieu, comme en apesanteur. Roman le compare à… Catherine Deneuve, « une très belle femme, avec un peu de distance… » Pourquoi pas !
Il existe une deuxième version du Scharzhofberger, le Pergents knopp, une isolation parcellaire du « cœur » de la plus vieille vigne. Un vin comme un grand voyage au centre du riesling mais, chut ! je ne parle que de deux vins…
A peine 10 g de sucre résiduel. L’équilibre est remarquable, sur le versant de la tension. Il a un nez très typique du Scharzhofberger sur des notes salines, iodées, avec quelques notes exotiques qui flottent, là au milieu, comme en apesanteur. Roman le compare à… Catherine Deneuve, « une très belle femme, avec un peu de distance… » Pourquoi pas !
Il existe une deuxième version du Scharzhofberger, le Pergents knopp, une isolation parcellaire du « cœur » de la plus vieille vigne. Un vin comme un grand voyage au centre du riesling mais, chut ! je ne parle que de deux vins…
Les schistes du Gottesfuss.
Gottesfuss Alte Reben 2007
Ce magnifique terroir, très pentu, de schistes rouges. Les plus jeunes vignes (soixante ans tout de même…) donnent le Gottesfus et la parcelle préphylloxérique de 120 ans donne l’Alte Reben. Un vin merveilleux, émouvant, avec des notes fruitées exubérantes, un caractère de fraise des bois tout à fait original. On est ici sur l’essence de terroir, très condensé. La finale est sur la pierre, les épices, le réglisse. Un vin d’une extraordinaire présence.
4 Comments
Cette poignée est superbe !
Pas de BA et BA sur ce domaine …
De belles pistes aussi en :
–> schlangengraben
–> kupp
J’oubliais …
Noté cette fraise des bois dans un vin précis : Mosel-Saar-Ruwer – Markus Molitor – Bernkasteler Graben Auslese ** (Lot 44/02) 2001
avec aussi : champignon, levure, pain grillé, tilleul, zestes d’agrumes, pierre, pomme verte, ramboutan, citron vert, bourgeon de cassis.
Riesling Spätlese Van Othegraven Kantzem Altenberg 2006 (lot 8) : 17/20 – 29/12/08
Magie du grand riesling mosellan dans un substrat minutieux, vibratoire, diaphane (senteurs exemplaires de Sprite, de fleurs blanches), qui se boit comme du petit lait. Une découverte réjouissante (je n’avais jamais goûté de vin de ce domaine).
Un flacon digne d’Egon Müller (cf le spätlese Scharzhofberger 2004 bu récemment) : http://www.invinoveritastoulouse...
Merci, Alain …
Et ce n’est pas un grand millésime (le vin, pas Alain). 😉
J’ai visité le domaine la semaine dernière.
Gottesfuss 2010 encore bloqué, difficile à décrypter.
J’ai particulièrement aimé la cuvée 1900 millésime 2007 (demi-sec), suave, complexe, épicée, lascive mais tenue (pour amateurs de vins gourmands, un peu comme chez Deiss).
Et aussi, entre autres, et sur 2010 :
* le Goldberg, richement fruité
* le Scharzhofberger, minéral et fruité, sur la verveine et la fumée (le Scharzhofberger Pergentsknopp se montrant lui plus retors)
* l’Altenberg, épicé, sur des goûts profonds de verveine et de bergamote