Côté démocrate, Barak Obama doit croire plus que jamais en ses chances (la baraka ?). Certaines ressemblances sont troublantes. Tenez, prenez David Palmer et Barak Obama, même look, même charisme chaleureux, même façon de vous promettre la lune !  
Règne des images ? Bien sûr !  
Mais toute l’Amérique n’a-t-elle pas le cerveau reptilien encore imbibé par les scènes où le fameux Président noir affronte avec calme et détermination terroristes planétaires et crises en rafales !
Et Hillary Clinton ? Lisse, déterminée, glaciale, si peu glamour au fond. Hillary est repartie de Des Moines avec quelques doutes, juste quelques érayures sur la carapace. Il faut sans doute plus que cela pour dérégler la belle mécanique de Miss Rodham ? N’oublions pas que Bill, l’encombrant et si précieux mari (celui qui dans un discours de « soutien » à sa femme cite 7 fois le prénom de sa femme et dit 94 fois « je ») n’a recueilli à peine moins de  3 % des voix dans l’Iowa, l’année où il accéda à la présidence…
Versus républicain, c’est également une (relative) surprise. Les caucuses ont placé en tête Mike Huckabee, ex pasteur baptiste, obèse repenti, créationniste notoire. Après tout, on est dans l’Iowa….
Manquaient quelques pointures qui n’ont pas voulu descendre dans l’arène, Guilani et Mc Cain…

Un mot sur le fonctionnement de ces mystérieux caucuses qui n’existent que dans une minorité d’Etats (Alaska, Dakota du Nord, Iowa, Kansas, Kentucki, Minnesota, Nevada et Iowa).

Le nom caucus provient de la langue amérindienne et désignait à l’origine une assemblée des chefs tribaux chez les Indiens Algonquins.

Aujourd’hui le caucus, tel qu’il est pratiqué dans ces Etats vise à élire le candidat de l’un des deux partis. Les votes ont lieu au même moment, le même jour, dans un laps de temps très court et se font, en principe, à main levée. Une forme de lansdsgemeinde à l’américaine… Démocratie directe ou système de pressions destiné à rallier les indécis ? C’est à voir, d’autant que le système est très complexe, avec des différences propres à chaque camp. Si la procédure est plutôt simple chez les républicains, dans le camp démocrate, elle est plus compliquée (pas de bulletin, pas de vote à main levée). Des groupes se forment et occupent l’espace. Et la partie peut commencer. Semblable à n’importe quel match de basket-ball. Avec ses sifflets, ses cris, ses vociférations. Toutes les frustrations d’un peuple oublié durant le reste de l’année.

 

Pour en savoir davantage sur l’Iowa et sur l’Amérique profonde, une lecture, essentielle, celle de Bill Bryson, natif de Des Moines, la capitale. Je suis né à Des Moines. Ce sont des choses qui arrivent.
Bill Bryson s’est sauvé, tout jeune, de ce piège. Il a émigré en Angleterre. Sorte d’Aimé Césaire désenchanté, il raconte dans Motel blues, un livre bourré d’humour et de cynisme, son retour au pays natal, sa vision apocalyptique de l’Iowa.
Si ce n’est pas déjà fait, voilà un  livre à lire pour se faire une idée vraie de ce qu’est l’Amérique dans ses profondeurs insoupçonnées.

"Il portait une casquette de base-ball. On peut toujours repérer un gars de l’Iowa : c’est celui qui porte une casquette base-ball avec une publicité pour les tracteurs John Deere ou pour une marque de fourrage. L’arrière de son coup est lacéré de profondes crevasses, résultat d’années passées au volant d’un tracteur John Deere sous les ardeurs du soleil, ce qui n’arrange pas non plus l’état de son cerveau. Un autre de ses traits distinctifs est son allure ridicule lorsqu’il enlève sa chemise : son cou et ses bras sont brun chocolat tandis que son torse est aussi blanc que le ventre d’une truie. En Iowa on appelle ça le bronzage agricole et c’est, à ce que je crois, une marque de distinction. " (Bill Bryson, Motel Blues)