Dix ans plus tard, la voici qui renoue avec son destin. A  ses côtés, Sara, sa fille. Qui a grandi, réfléchi, capté un peu du mystère du vin, celui que sa mère touillait dans ses chaudrons magiques quand Sara était encore une enfant. Le petit homme barbu, chapeau pointu turlututu rouge, est toujours dans les parages, n’a jamais quitté les bois. Avec lui, la flamme, une certaine forme d’inspiration peut-être… J’ai décidé d’arrêter et de me consacrer à l’enseignement de l’œnologie parce que, à l’époque, aucun des mes enfants ne souhaitait reprendre un jour le domaine… Et, un jour, ma fille Sara est venue annoncer cette nouvelle : je suis d’accord de rester sur le domaine, il faut que tu m’aides ! Six ans déjà qu’elle a pris cette décision, Sara, et aujourd’hui les deux, mère et fille, marchent de concert et, un jour peut-être, contribueront à votre bonheur à travers un de leurs vins…

 

 

 

Un Langhe Nebbiolo 2004 goûté hier au restaurant La Posta à Monforte d’Alba m’a intrigué. Je me souvenais de ce nom, Saffirio… Et me voici dans la salle en train de déguster une gamme de vins dont l’élégance et l’équilibre sont les vertus cardinales. La Barbera d’Alba 2005, le Langhe Nebbiolo 2005 et le Barolo 2004 Persiera dont j’eusse tant aimé qu’il fût un cru inconnu, mystérieux, non répertorié dans l’Atlante delle vigne di Langa… Le début d’une aventure incroyable où, sous la géographie habituelle des crus, se déroulerait, pour qui est attentif à ce genre de phénomène, une géographie secrète, une cartographie de crus silencieux, en gestation, encore plus bouleversants dans leur force d’expression que ceux désormais balisés ?
Encore un coup ce sacripant de nain ? me demandai-je, quelque peu ébranlé. Mais non, il  s’agissait simplement là d’un nom de fantaisie : Persiera est en relation avec les pêchers… Mais quelle aubaine que ce vin ! A le goûter dans un espace et un moment qui n’ont rien de virtuel, dense, buriné, d’une réelle noblesse d’expressions sur des notes aromatiques complexe, porté vers une finale de grand style par une texture tout en raffinement. Le soir est descendu très vite et quelques feux brillent au loin dans la forêt. La conversation est venue se poser, légère, entre deux silences joyeux. On évoque le vin, bien sûr, les magnifiques tommes de l’Azienda Murazzona Penta toute proche (Tel: +39.0173.791189), le Valgaudemar et le Queyras, les marches que l’on a faites, que l’on se promet de faire un jour, sur la trace des oiseaux. Une question avant de partir, Josetta, qui est vraiment ce petit homme au chapeau pointu ? Je suis née dans cette maison ; avant moi, mon père y est né. Le lutin s’est toujours trouvé dans les parages. Lorsque mon père était enfant, il a demandé à son père de lui acheter un petit bonhomme rouge. Depuis ce jour, le gnome est là. Il est partout. Il est toujours. Il veille sur nous. A mon tour, lorsque ma fille était petite, je lui ai raconté ces histoires qui mettent en scène le petit homme…