Une suite de jardins plutôt. Le jardin de simples. Puis le cloître avec ses aires de silence ; ses fontaines ; les haies de charmilles ; les topiaires géométrisant l’azur. Et, enfin, le labyrinthe.
On célèbre ici quelque chose de léger et d’essentiel. D’incertain. On fête la fête. L’amitié partagée. Cet instant suspendu qui ne reviendra plus.
Dans l’alacrité et la fraîcheur des roses.
« Saisissez chaque occasion de faire la fête » conclura d’ailleurs notre hôte à la fin de la soirée. « La fête, ce n’est pas obligatoirement 180 personnes comme ce soir. Il y a des fêtes improvisées à quatre, au milieu d’une clairière, avec une bouteille de vin, qui sont un vrai bonheur ! »
« L'espérance de lendemain
Ce sont mes fêtes… »
Ce sont mes fêtes… »
Pauvre Ruteboeuf qui se désolait des rangs désormais clairsemés, pleurait ses amis disparus !
Ce temps viendra peut-être.
On a beau s’armer de la sérénité d’un spinoziste, savoir le prix de l’amitié, la fragilité de tout : la lucidité est là, parée, beauté invisible, au milieu de la fête, dans le bruissement des conversations. Elle s’invite toujours. Personne n’oublie de la saluer. Oui, merci Léonor Fini de rappeler le début de cette évidence : « les fêtes n'existent que pour colorer les angoisses. »
Le Dézaley en majesté. Gloire aux cisterciens qui en rêvèrent, le défrichèrent et aux autres, les obscurs, les tâcherons, qui le mirent en valeur, génération après génération (8 siècles déjà) : rochers et étagements, murets et terre rapportée (une partie est arrivée, en barque, de la Savoie voisine), patience et silence. Et, à la fin, cette goutte d'or où s'étanche la soif.
Le lendemain, voici cette croisière, un enchantement, sur le lac avec, parmi les invités, Maurice Zufferey, Henri et Vincent Chollet venus présenter leurs vins.
Henri Chollet (au premier plan) et Maurice Zufferey dégustant le Vase no 10.
Quelle joie profonde de de savourer à l’apéritif le Vase no 10 2008 à l’aplomb du paysage qui l’a vu naître ! Et quand Henri a pris le micro pour nous décrire « son » Lavaux, les différentes appellations, les villages sertis dans la jungle ordonnée des vignes et leurs maisons vigneronnes d’une beauté placide et utile, l’œuvre des cisterciens, nous avons vécu un grand moment.
Exaltée (peut-être) par ce cadre grandiose, l’Arvine 2008 de Maurice Zufferey a pris des accents maritimes envoûtants.
Mon ami Philippe, grand pêcheur hauturier, est sorti de son silence pour prier l’auteur de lui en céder quelques flacons qu’il ramènerait sur ses rivages.
Mon ami Philippe, grand pêcheur hauturier, est sorti de son silence pour prier l’auteur de lui en céder quelques flacons qu’il ramènerait sur ses rivages.
Alors qu’enfin sur l’Andante du 3ème mouvement du Concerto, les Murmures d’Henri Chollet et la Malvoisie La Perrache 2006 de Maurice Zufferey fusaient en douceur sur les desserts imaginés par le surdoué Christophe Adam, chef pâtissier chez Fauchon.
Ah oui, vraiment, on a eu de la peine à regagner la terre ferme. A accoster sur la lenteur du quotidien…
Merci A. d’avoir rêvé et mis en scène cette fête que je n’ai pas tenté de décrire ici dans toutes ses circonvolutions !
Je vous salue d’ici, du rivage, et vous quitte pour rallier Lourmarin.
Demain.
41 Comments
La tombe de Camus, et ta grande copine Reine Sammut.
Tes micro-sommets avec des passages de V sup.
Tes souvenirs provençaux (non, pas Gertrude ni Germaine).
Tes musiques rock (tu ne vas quand même pas nous piéger avec un Brahms, grand coquin !).
C’est assez dingue tous ces kils que tu dois faire chaque année ! Entre Bretagne, Sicile, Teutonie et autres outre-sarine, il ne te reste plus qu’à faire ton livre de voyage.
Que la Vie te soit Douce !
"vous regardez mes petits coquins M De Voltaire" "deux grands pendard Duchesse!!"
Le Maurice avec les lunettes de soleil, ça me défriserait presque. Dedjieu !!
😉
Cher Jacques,
En plus de nous faire voyager
on s’instruit.Me coucherai moins sot ce soir.Alacrité ne vaut pas cher au scrabble
mais très jolie pioche du vocabulaire!
J’aime bien la première photo.
Encore plus sa légende … 🙂
M’aurait étonné, tiens…
Je suis un "aficionados" de CELIBIDACHE, notamment dans BRUCKNER, mais si tu as l’occasion d’écouter ce même concerto enregistré par le philarmonique de BERLIN avec au piano EMIL GILELS dirigé par EUGEN JOCHUM… amitiés.
Sérénade de rêve qui met en valeur Lavaux, fier de son patrimoine, tellement plus beau de la rive proche à distance idoine, que de la côte d’en face qui lui fait perdre sa création abrupte.
Baremboin, "toutes trilles dehors" ajoute beaucoup à la description.
Je loue l’ensemble de ce duo de vrais buveurs, Chollet et Zufferey qui savent tenir l’instrument comme personne. Les dames sont fort gracieuses mais n’accompagnent pas si bien…
« La tempérance est un arbre qui a pour racine le contentement de peu, et pour fruits le calme et la paix. »
Ferdinand Denis
Extrait de Le Brahme voyageur.
Superbe interprétation en effet, Philippe… Parmi les plus récentes, j’aime bien celle de Krystian Zimmerman sous la direction de Léonard Bernstein. On attend que Michel Bettane nous donne sa préférée !
Photo 1. c’est quoi être riche??? c’est pouvoir s’offrir le chirurgien esthétique de Michael Jackson
"Toute fleur n’est que de la nuit…"
I grecque : vous nous donnerez l’adresse du vôtre, ça peut toujours servir !
Ca m’éneeeeerve
Toutes celles qui portent la frange à la Kate Moss
Ca m’éneeeeerve
Le rouge à lèvres c’est fini maintenant c’est le gloss
Ca m’éneeeeerve
Toutes celles qui boivent le champagne rosé
Ca m’éneeeeerve
Pour oublier qu’en Jimmy Chooo t’as mal aux pieds
Ca m’énerve tous ces gens qui font la queue chez Ladurée
Tout ça pour des macarons
Mais bon…
Il parait qu’ils sont bons
Le mien il est au chomâge pas besoin!!, mais celui de Jackson le plus c’est comme la haute couture quel que soit le patient on reconnait la patte!!! ahhh Point de vue et Images du Mondde
Cher Jacques,
Merci pour avoir mis comme photo No1 le témoignage d’une profonde et vraie amitié : je sais que vous le savez bien. Pour le reste, ou pour les autres, en Italie on dit « Non ti curare di loro ma guarda e passa … ». Mais je suis sure que Y ne connait ni Dante ni la Divina Commedia. Et si par hasard il/elle la connait, Y était surement dans l’Enfer, dans le giron des Jaloux.
Merci encore, Jacques, pour votre délicatesse.
Laura
Ah Ravenne! Night and Day.
Madame sur la toile on ne réplique pas aux attaques de trolls car on ne connait jamais leur raison. Ceci dit vous êtes fort belle
À chaque fois que je téléphone chez les Chollet pour déguster et acheter quelques quilles, c’est le même discours : ah, non, désolé, nous serons dans nos vignes, faudra passer à un autre moment".
Maintenant j’ai des preuves que c’est pas toujours vrai leurs explications !
😉
Si ça continue comme ça je vais devoir m’abonner au Cave rien que pour avoir leurs bouteilles dans ma cave. C’est fou quand on y pense.
Laurent
PS : sur la photo Dézaley, à gauche, le bâtiment du Clos des Abbayes, à droite, celui du Clos des Moines.
Les êtres de ressentiments sont, pour Nietzsche, une race d’homme pour qui la véritable réaction, celle de l’action, est interdite et qui ne se dédommagent qu’au moyen d’une vengeance imaginaire (Généalogie de la morale, trad. P. Wotling, Paris, Livre de poche, 2000). Il lie ainsi directement le ressentiment à ce qu’il nomme la morale d’esclave : la morale d’esclave est par essence constituée par le ressentiment, par un non créateur.
Ainsi, l’être de ressentiment est-il profondément réactif, i.e. qu’il est dans une situation d’impuissance qui engendre des frustrations. Tout homme, quel qu’il soit, à qui on interdit l’action, et qui de ce fait se trouve dans l’impuissance, est affecté par le ressentiment : c’est-à-dire qu’il ne peut que subir l’impossibilité de s’extérioriser.
La force consiste à surmonter cet état (qui alors n’est plus qu’un état passager – comme lorsque l’on surmonte le désir de vengeance) ; la faiblesse, au contraire, ne parvient pas à s’en débarrasser (par exemple, le désir de vengeance devient une obsession, ou encore, le regret d’un acte devient une torture morale qui ne laisse plus la pensée en repos), et transforme alors ses frustrations à son avantage en trouvant des justifications à son impuissance, par la dénégation et le renversement axiologique : cette volonté de se trouver des justifications caractérise précisément la mentalité d’esclave.
Cette mentalité du ressentiment se retrouve par exemple dans les idéologies qui se définissent par rapport à un ennemi réel ou supposé : l’ennemi (ou la cause de l’impuissance) est jugé comme cause libre du mal ; par opposition, celui qui subit s’attribue une supériorité morale imaginaire, ce que Nietzsche résume ainsi : ils sont méchants, donc nous sommes bons. Une variante idéaliste en est : le monde est foncièrement déterminé par le mal, donc nous lui-sommes supérieurs.
Directement pompé là : fr.wikipedia.org/wiki/Res…
A tous les coups, les Chollet sont amis des Mortet. Vous pouvez êtes sûrs….
😉
Et le viel homme se retourne dans sa tombe, encore et encore
Mais non !
Le Clos des Moines à gauche sur la photo, et le Clos des Abbayes à droite.
Laurent
Merci Laura : bonheur partagé de ces moments !
Y grec, au fond, est un "pascalien" à l’envers : la rancoeur a ses raisons que le coeur ignore…
Tous ces commentaires qui fusent à partir d’une image de si belles…mais le niveau des commentaires s’élèvent et l’espoir reprend le dessus. je comprends pourquoi on cherche à voiler les femmes: peur et ressentiment ?
De la colère oui mais de la rancoeur non!! vraiment pas de temps à perdre, au royaume des aveugles…….
Pas bon ça, l’Igrec, la colère !
Proche du ressentiment, de tous ces empêchements à vivre et puis, zoup ! un jour, ça vous revient comme un boomerang et ça vous chante une chanson pas forcément agréable.
Mais, le Grec, si vous n’avez pas de temps à perdre, ne le perdez surtout pas ! Le temps vieillit si vite… (prochain post) Et, là, Michaël Jackson, Elvis ou la chirurgie, vous n’y pouvez plus rien.
Question qu’on peut se poser: Qu’est que trame le troll ému?
Et puis….." Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment" L.F Céline vous le verrez
Et puis, enfin, quelle est l’origine de cette prestigieuse religion de la guerre des sexes, comme de son obsolescence ?
"l’amitié qui a joué un grand rôle dans ma vie, ne s’est pas accomodée de la curiosité" André MALRAUX….. Antimémoires
Y, vous me faites penser à Pierre Richard dans la Chèvre : la scène des sables mouvants. Vous vous enfoncez !
http://www.dailymotion.com/video...
Et moi NH: "il était de ceux qui veulent toujours faire mieux qu’on ne leur demande. C’est une abominable qualité chez un domestique"
C’est fou ce besoin de ressortir des citations du fond des tiroirs et de jouer aux moralistes de l’ombre !!!
De quoi Y est-il le nom?
Au soutien du commentaire d’Aristochat, cette citation de MALRAUX jette comme un froid.
Le nom de l’initiale qui précède le Z et la fin de partie ?
Une petite laine?
C’est fou, on perd complètement le lien avec l’article initial (qui pourtant était intéressant).
Vous avez raison Pferrand, on a perdu le fil : tout ça à cause du chirurgien d’un type qui s’appelait Michael Jackson et de l’un de ses admirateurs !
Cela s’appelle la sérendipité … ou l’esprit en goguette.
Tant qu’on ne perd pas le nez pour le vin…