Il s’agit en fait de grands vins des millésimes 2001 et 2006. Au milieu desquels a été placé le vin de l'initiateur de l’opération – dont nous ne connaîtrons l'identité qu’à la fin de la dégustation.
Quelques surprises tout de même au moment où les noms sont dévoilés. Pardi, il y avait là le meilleur (ou presque…), le fleuron de la production de Bordeaux !
Alors qu'est-ce qui explique ces déceptions ? Le niveau des dégustateurs ? Il y avait là une partie des meilleurs connaisseurs des vins de Bordeaux, de grands dégustateurs comme les Bourguignon, Bettane, Burtschy, Poussier…) La provenance des vins ? Tous issus de la même source, la GD ou Grande Distribution… Certaines déconvenues viennent malheureusement renforcer des rumeurs selon lesquelles pourraient exister, dans certaines propriétés, des mises différentes en fonction de la destination finale du "produit"… A quand une grande dégustation systématique sur la question. Pour en avoir le coeur net !
La Mission Haut Brion 2001 Beaucoup de finesse et d’élégance dans la trame, dimension tactile veloutée.
La Mission Haut Brion 2006 Un très joli vin d’hédonisme, texture caressante, tannins légèrement épicés.
Château Margaux 2001 et 2006 Difficile à décrypter dans les deux millésimes. L’élevage ne le sert pas totalement. Ce qui est un euphémisme.
Reignac 2001 L’invité surprise : dense, serré, très belle trame. Pas aussi long qu’attendu mais une classe évidente. Dans ce millésime, il fait partie des meilleurs !
Reignac 2006 Il ne réédite pas l’exploit du 2001. Pourtant, là aussi, nous n’avons pas eu une bouteille au top. (problème de bouchon). J’ai goûté le même vin, la semaine précédente, et l’ai noté bien plus haut.
Château L’Angelus 2001 Une des très grandes réussites du millésime. Je l’avais adoré en Primeur. Il s’est encore complexifié.
Château L'Angelus 2006 Grande richesse de constitution. Mine de crayon. Beaucoup de chair et de densité sur ce vin, qualifié par Laurentg de « vin sérieux et serein » lors de la récente session.
Château Mouton-Rotschild 2001 Nous n’avons sans doute pas eu une bouteille idéale. Un peu d’évolution et une expression aromatique en demi-teinte. Pourtant, on devine ici un vrai fond.
Château Mouton-Rothschild 2006 Graphite, très cabernet, fruits noirs. On perçoit une grande présence. Je le note toutefois un peu moins bien que la semaine précédente.
Château Lafite-Rothschild 2001 Superbe finesse d’approche. Long, fuselé, sur des notes de cèdre très pures. Un des meilleurs 2001 ! .
Château Lafite-Rothschild 2006 Il est minéral, épicé, pas encore tout à fait lui-même. Mais quelle fraîcheur dans la finale.
Château Latour 2001 Belle robe profonde. Structure ferme, très belle trame, il est ascendant, séveux, beaucoup de fond et de complexité sur ce vin.
Château Latour 2006 Beaucoup de race sur ce vin. Dense, serré, dynamique. Encore sur la réserve.
Château Haut-Brion 2001 Très merlot, jolie pulpe, notes fumées, lardées. Le tannin n’a de loin pas le raffinement des meilleurs. Lors d'une verticale des vins de la propriété en novembre 2008, j'avais déjà dégusté ce 2001 d'une façon mitigée.
Château Haut-Brion 2006 Il est onctueux, truffé, très souple, très merlot. La maturité « extrême » (dans ce millésime) des merlots de la propriété lui confère une finale un peu alcooleuse.
Châtau Cheval Blanc 2001 Il a du style mais il paraît très (trop ?) souple et la finale est relativement linéaire.
Château Cheval Blanc 2006 Nettement supérieur au 2001. Il finit un peu strict mais la complexité est là.
Château Ausone 2001
Main de fer dans un gant de velour. Superbe vin encore en devenir même si on peut lui reprocher une prise de bois qui continue de le marquer.
Château Ausone 2006 Beaucoup d’intensité sur ce vin qui n’a certainement pas encore pris toute sa dimension !
Pétrus 2001
Séducteur, étonnamment boisé (à l’ouverture, le bois est omniprésent). Bouche d’une bel équilibre, mais la finale est singulièrement en retrait.
Pétrus 2006 Alors, là, je ne comprends pas : le vin est anormalement évolué. Boisé vanillé plaqué sur une jolie texture certes mais le vin ne présente aucune vibration. Méconnaissable… Que s’est-il passé ?
Un déjeuner a suivi, sur la terrasse du restaurant Laurent. Signé Alain Pégouret évidemment. Une cuisine pimpante, bien enlevée, qui ne perd jamais les fondamentaux du goût.
Petit pois comme un « guacamole » et en vinaigrette à l’huile d’olive, galette croustillante
Côte de veau de lait rôtie en cocotte, girolles de Sologne
Vieille Mimolette et Saint-Nectaire fermier
Gaufrette fourrée à la crème de lait d’amandes et fraises des bois
Avec la viande nous avons eu le plaisir de déguster deux vins : un excellent Gevrey-Chambertin 2006 vieilles vignes (en magnum) du domaine Denis Mortet et un autre vin-surprise. Robe grenat. Nez sur la truffe, le havane, les épices, notes mentholées, cacao, châtaigne. Très jolie bouche, onctueuse, dense. Notes de moka, café, fruits noirs. Finale précise, savoureuse. Le vin ? Un Reignac 1999 que nous avions mis en évidence avec le GJE il y a quelques années : si j'ai bonne mémoire, c'était lors de la dégustation des Bordeaux Primeurs 1999 qui avait eu lieu au St-James à Bouliac. Toute un époque. Ce Reignac 1999 avait été noté **** et il a magnifiquement tenu la route.
Maintenant, vous savez tout !
14 Comments
Pas mal …
Dans notre verticale, Angélus 2001 tangentait le grand (il devrait le devenir).
Un Mouton 2001 très prometteur également, bu dans les Graves en mars 2006 (élevage irréprochable, ce qui ne fut pas le cas pour Lafite 2002, un peu défiguré par un boisé exotique rappelant le bourbon – pas de pb en 2 autres occasions).
Jean-Claude Berrouet nous a servi un formidable Petrus 2005, sur fût (20/20, pour moi, certes pas à l’aveugle, mais ce vin avait une aisance incroyable).
Pas regoûté depuis.
Jacques,
Je suppose que tu parles bien de la cuvée Reignac du château de Reignac (le 2006 a également brillé à Malartic et si ce n’est que temporairement, il faut tout de même s’en féliciter).
Un vin fort apprécié par l’ami Alain Winemega (16/20 – LPV cercle suisse avril 2007).
Quoiqu’il en soit, nous avons vu à Malartic que le pedigree avait une certaine importance (cf la différence moyenne de niveau sur les RD puis les RG entre le matin et l’après-midi).
Les RG ont été un peu plus convaincants, à ce stade du moins.
A lire les dernières notes,
au regard du faste de toutes ces belles réceptions …
J’ai honte,
heeeeu,
j’ai l’air bien ridicule avec mon pâté-croûte champagnard …
Non ? Oui ?
;o)
Amitiés,
Francis
(encore bravo pour ces reportages très détaillés)
Francis, mettez m’en un de côté pour une prochaine visite (j’espère d’ici à la fin de l’année), moi ça me parle plus …
J’ai hâte.
Francis : votre pâté en croûte est inoubliable. Non par son goût mais pour le moment d’amitié partagée auquel il est associé.
J’ai sous les yeux un petit livre "Récits sur assiette" dont je reparlerai peut-être. L’une des auteurs s’appelle Corinne Desarzens. Sa devise est :"Ne garde rien pour une occasion spéciale. Chaque jour que tu vis est une occasion spéciale."
Des phrases comme ça, on devrait se les faire tatouer et les couler dans la gelée des pâtés en croûte lorrains ou d’ailleurs !
Le bruit de fond de l’univers murmure "PETRUS" pour la géométrie variable???????? ou en restera-t-on au message subliminal vague réservé aux happy few et QUI sous peine de mort et d’écartelement est la règle à ne jamais, jamais transgresser. je vous rappelle M Perrin que pour détacher les membres de Ravaillac, les chevaux n’y arrivant pas il fallu verser du plomb fondu aux jointures, vous me direz que la place de Grève n’est plus ce qu’elle était mais bon……..
Yves,
on murmure que l’on cherche encore l’acteur pour jouer le rôle d’Hannibal Lecter dans la version franchouillarde du Silence des Agneaux. Je connais le directeur de casting, je peux glisser votre nom ?
Quand je peux rendre service…
Alors comme ça Ravaillac avait tendance à se disperser ?
Bu il y a peu à l’aveugle un Petrus 95 de qualité mais pas inoubliable (PC : "Un vin généreux, chaleureux, franc, que certains dégustateurs ont situé à l’étranger – assemblage bordelais californien ou toscan").
Angélus 2006 sérieux et serein en effet, Jacques (je me rappelle de notre petit aparté en séance de debriefing). 🙂
Que sont devenus tes 95/97 pour Margaux 2006 et Mouton 2006 ?
Trouvé Cheval-Blanc 205 somptueux de douceur, de race, de profondeur, de buvabilité sur fût (20/20, même note pour Petrus 2005).
Je vous savais très introduit…….. M Herbin, mais bon je pensais que c’était dans la sous série B pas dans la sous série C…….. comme dans le muscadet alors…..
Ah les légendes… Vous êtes producteur de vin, perfectionniste, dans un vignoble pas trop mal situé. Vous connaissez la "recette"? Faites très bon. Soyez reconnu des prescripteurs. Des meilleurs bien sûr. Montez vos prix, Très haut ! Plus vous serez cher, moins votre vin sera "réellement" dégusté. Pourquoi ? Parce que peu consentiront l’effort de payer la bouteille pour le mettre en dégustation à l’aveugle. N’offrez surtout aucune bouteille. Il pourrait vous en coûter. Entourez votre vin d’une zone de mystère. Attendez quelques années et revenez nous voir !
Aie, comme dirait Pierre Perret: "J’ai le petrus tout boutonneux"
Pauillac Lafite-Rothschild 2001 : 16,5+/20 – 25/8/07
Nez encore assez boisé (un peu exotique, sans l’excès trouvé une fois dans Lafite 2002), de race médocaine (cassis, cèdre). La bouche déroule parfaitement bien même si elle est nettement sur la réserve. Le bois est là, la finesse aussi. Dégustateurs très partagés. Un poil supérieur au Mouton 2001 bu l’année dernière chez Eric. En l’état, ce 2001 n’a ni la chair sensuelle du 1997 (presque prêt à boire), ni la race de l’abouti 1988, ni la jovialité du puissant 1996.
Pauillac Mouton-Rothschild 2001 : 16/20+ – 11/3/06
Belles notes bordelaises : cassis, fleurs, minéral, cèdre, moka, pain d’épices. Bouche dense, corsée. Une certaine élégance sur la réserve.
Un post sur BdE :
buveursdetiquettes.fr/for…
Je tiens à préciser à Laurent Saura (que j’apprécie beaucoup) que Reignac 2006 n’a pas fini dans les 30 premiers à Malartic et que ma "versatilité" est tout de même associée à la versatilité du vin, elle assez incontestable (un contre-exemple probant avec 5 dégustation de Léoville-Poyferré 2004, constant, rassurant, sérieux et facile à décrypter à la fois – 16,5/17).
A rappeler que peu de vins font l’unanimité et que c’est toute la force de la collégialité du GJE.
Des travers de la métronomie …
Des avantages du dépaysement, dans tout groupe de dégustateur qui veut progresser.
Alors à Samedi sur Châteauneuf, Laurent, et que le meilleur gagne ! 🙂
J’oubliais,
J’ai été trèss honoré d’être invité à ces séances de dégustation.
J’ai encore beaucoup appris face à des gens divers, de cultures différentes, n’ayant pas tous les mêmes repères, les mêmes goûts, les mêmes manières de vivre le vin.
Les notes des invités sont traitées mais pas prises en compte dans le classement final (qui n’implique que les notes du noyau dur du GJE).
Ces notes et commentaires restent confidentiels. Les miens sont à ta disposition.
Donc, tu vois, Laurent (Saura), la méthodologie est assez infaillible.
A la louche, je suis assez cohérent je crois avec le tableau final.
A Poyferré, j’avais très bien noté Reignac 2004.
Je l’ai bu moins noble un peu plus tard (un vin bien fait sur un terroir de second plan, avait annoncé Bernard Burtschy).
Quel étalon métronomique ?