Mentionné pour la première fois en France par Eustache Deschamps en 1400, le grenache serait en effet originaire de l’Aragon selon le comte Odard. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le grenache fut l’un des cépages les plus cultivés dans le monde et si sa présence demeure importante, notamment en Espagne et en Italie, sa surface diminue. Elle a passé de 240 000 à 200 000 ha en douze ans : le grenache est en effet l’une des « victimes » des campagnes d’arrachage.
Ceux sans lesquels ce Symposium du grenache n'aurait pas vu le jour. De gauche à droite : Nicole Rolet, Walter McKinlay, Steven Spurrier, Michel Bettane.
Comme l’a souligné, via son porte-parole Claude Bourguignon, le groupe « Viticulture », le premier à intervenir au cours de la journée de synthèse, on ne connaît pas l’origine du grenache sur le plan génétique. Il existe aujourd’hui une collection de 360 clones en France. Il y en a également en Espagne et au Portugal et il serait bien, selon ce groupe, de commencer par créer une base de données et de constituer une monographie du grenache.
Paradoxalement, malgré ses multiples vertus, le grenache, face aux stars reconnues comme le cabernet, le merlot, la syrah ou le pinot noir, est un peu relégué dans le rôle du héros inconnu.
Une partie des participants à ce Symposium.
Ses qualités, tant viticulturales qu’organoleptiques, ont été énumérées par les différents groupes de travail :
• Eco-friendly grape variety : résistant à la sécheresse et doté d’une longévité proverbiale, le grenache est parfaitement adapté au changement climatique que nous connaissons. En stress hydrique, le grenache a, comme l’a rappelé Alain Razungles, une grande capacité d’auto-régulation : il ferme ses stomates, se met en mécanisme de survie et oriente la sève élaborée vers les grappes.
• Eco-friendly grape variety : résistant à la sécheresse et doté d’une longévité proverbiale, le grenache est parfaitement adapté au changement climatique que nous connaissons. En stress hydrique, le grenache a, comme l’a rappelé Alain Razungles, une grande capacité d’auto-régulation : il ferme ses stomates, se met en mécanisme de survie et oriente la sève élaborée vers les grappes.
• Solidaire ou solitaire ? excellent cépage d’assemblage, le grenache est aussi capable, sur de grands terroirs, de donner naissance à de (trop rares) vins d’anthologie. C’est le cas à Châteauneuf du Pape et dans le Priorat notamment, même si comme l’a souligné Vincent Avril, « s’il y a 13 cépages à Châteauneuf du Pape, ce n’est sans doute pas un hasard ! ». Dans cette perspective, on a parlé de l’apport fondamental du grenache dans l’alliance sacrée GSM (grenache, syrah, mourvèdre) : grâce à sa texture et à son « gras », il joue un effet bénéfique dans l’assemblage, arrondissant les angles et, élément important à souligner, amène son aptitude au vieillissement. Son longévité peut, parfois en dépit des apparences, être exceptionnelle ; quoi qu’il en soit, elle est supérieure à celle de la syrah. Comme l’a fait remarquer Alain Razungles (dont les interventions ne sont pas passées inaperçues, notamment celle sur la fameuse phénolique) :
»Le grenache résiste très bien au vieillissement. Il est comme un oncle à héritage dont on attend le dernier soupir : on craint qu’il ne passe pas la nuit et, le lendemain, on prend le petit déjeuner avec lui… »
Philippe Cambie (à gauche), qui conseille une bonne vingtaine de propriétés sur Châteauneuf du Pape et Hervé Bizeul du Clos des Fées : deux garnacha aficionados !
Comme c’est bien dit mais quel héritage attend-on au fait ? Et d’abord qui est vraiment le grenache ?
A-t-il, par exemple, le don d’ubiquité, comme le merlot, le cabernet ou la syrah ? Ici, la réponse est clairement non.
C’est un cépage, rappelle Claude Bourguignon, adapté au biome Méditerranéen ou aux régions où l’on retrouve les caractéristiques du biome méditerranéen : Afrique du Sud, Californie (région de Chaparral), Chili (sud de Santiago), Australie (zone de Perth).
Cette restriction de son aire d’acclimatation est sans doute un début de réponse à son manque de reconnaissance.
C’est un cépage, rappelle Claude Bourguignon, adapté au biome Méditerranéen ou aux régions où l’on retrouve les caractéristiques du biome méditerranéen : Afrique du Sud, Californie (région de Chaparral), Chili (sud de Santiago), Australie (zone de Perth).
Cette restriction de son aire d’acclimatation est sans doute un début de réponse à son manque de reconnaissance.
Et ses caractéristiques, comment peut-on les décrire ? Certains groupes de discussion l’ont comparé au merlot, d’autres au pinot noir, soulignant par là même la difficulté à identifier avec clarté ce cépage. Songerait-on à comparer le pinot noir à autre chose que lui-même ? Ainsi, le jour où l’on mettra le grenache en parallèle avec lui-même, la partie, si l’on peut dire, sera gagnée…
Discussion entre producteurs : Even Bakke (à gauche), un Américain qu fait un vin épatant en Côtes du Ventoux et le bigarré Chester Osborn de la winery d'Arenberg dans la McLaren Vale en Australie.
A-t-il un profil aromatique aisément reconnaissable ? Il est patent qu’une partie du succès de certains cépages s’explique par le caractère variétal, assez facilement identifiable, de ces derniers. Le consommateur les identifie et se sent rassuré de pouvoir projeter un arôme (ou une famille d’arômes) sur tel ou tel cépage. Ceux-ci ont des molécules spécifiques, par exemple les terpènes pour le muscat, les thiols pour le sauvignon, les pyrazines pour le cabernet sauvignon. En revanche, selon le professeur Razungles, il n’existe pas de molécule spécifique pour le grenache. En revanche, ajoute-t-il, le grenache a tout un aréopage de molécules, liées au terroir et au soleil, sur lesquelles on peut jouer et que la vinification, notamment par l’apport d’oxygène, révèlera ou non…
Porte-parole du groupe « Winemaking » Randall Grahm dont le célèbre Cigare Volant est un hommage au grenache, a de son côté souligné l’importance du moment juste des vendanges, celui où apparaît la réglisse…
Une autre vertu du grenache, soulignée par tous les groupes de discussion, est son aptitude à produire, outre des vins rouges, des rosés stylés et des vins blancs de caractère (via le grenache blanc ou le grenache gris). Sans oublier la gamme passionnante des vins doux naturels.
Bientôt la suite :
Le grenache à table : un vin de chasseur ? / L’honneur du grenache / A play between voluptuousness and minerality / L’alcool, un faux problème ?
5 Comments
Comme quoi ce cépage capiteux, à son meilleur, peut être revigorant (hommage à Rayas).
Il y a aussi Old Telegram.
Le grenache sarde Perda Rubia.
Le grenache australien de Rusden (Christine’s vineyard, en Barossa)
Et des grenaches vinifiés en naturellement doux :
Domaine Claire Maya « Nature Elle Ment D’Où ? » (majorité maccabeu, certes).
Un ami m’a dit un jour que le cépage est un traducteur, mais n’est pas sensé s’exprimer lui-même… Quand il est trop prépondérant, n’est-ce pas juste pour que l’amateur puisse être pédant en se targuant de (re)connaître le cépage et, par la même, le vin?
"L’instinct agit comme d’après le concept d’une fin, alors que ce concept n’est pas du tout donné" (Schopenhauer). Réduire un vin à son cépage enlève un peu de la magie qu’il transporte… Mais pour la culture, pourquoi pas! 😀
Calipee,
Si vous le pouvez, goûtez quelques Rayas … 2001, 2002, 1999 …
Je l’aime bien féminisé: la grenache. Comme la rillette, la tendresse et la sieste.
Vous avez raison mystère Slurp : la grenache, la mordache, la bravache, la bourrache, la… vache !