Le pacte du sang
Un jeune prédicateur Eli Sunday, un illuminé, opportuniste, va se mettre en travers de la route de Plainview.
Un jeune prédicateur Eli Sunday, un illuminé, opportuniste, va se mettre en travers de la route de Plainview.
Enfin le pétrole jaillit. Gerbe noire. Eclaboussures.
Avec le pétrole, comme s’il lui était indissolublement lié, le sang coule également.
Au fond des puits, demeure cette seule vérité, celle de la mort et du silence qui suivent les grands fracas.
Désormais muré dans ce silence, après une explosion du derrick, le jeune fils de Daniel Plainview est une des premières victimes du lent et inéluctable dérèglement qui ronge les mécaniques autant que certaines âmes.
Inspiré par l’atmosphère de Oil, une nouvelle de Upton Sinclair parue en 1927, le film de P.Th. Anderson détourne pourtant le canevas principal de Sinclair – l’affrontement entre "Bunny" Arnold Ross Jr aux vues socialistes et son père, le capitaliste, qui vampirise ses ouvriers – le banalise presque dans une pure logique de concurrence.
Le pire ennemi de l’homme…
Son fils placé en institution, Daniel Plainview poursuit sa course, conquérant que rien n’arrête. Cette réussite a un prix. La solitude et le cynisme et l’éloignement progressif de toute humanité : « je hais la plupart des hommes. Quand je les regarde, je ne vois rien de bon en eux…"
Inspiré par l’atmosphère de Oil, une nouvelle de Upton Sinclair parue en 1927, le film de P.Th. Anderson détourne pourtant le canevas principal de Sinclair – l’affrontement entre "Bunny" Arnold Ross Jr aux vues socialistes et son père, le capitaliste, qui vampirise ses ouvriers – le banalise presque dans une pure logique de concurrence.
Le pire ennemi de l’homme…
Son fils placé en institution, Daniel Plainview poursuit sa course, conquérant que rien n’arrête. Cette réussite a un prix. La solitude et le cynisme et l’éloignement progressif de toute humanité : « je hais la plupart des hommes. Quand je les regarde, je ne vois rien de bon en eux…"
Rien ne pourra y surseoir.
Un destin implacable est en route. Une vision cynique du monde qui considère autrui comme un étranger, fondamentalement différent de moi-même. Un autre qui ne peut qu’appartenir à deux catégories : celle des faibles qu’on exploite ; celle des ennemis que l’on élimine d’une façon ou d’une autre.
Une évidence sans doute pour Plainview. D'où cette inquiétude chez lui, ce qui-vive permanent : la femme et l’amour ont disparu de ce monde, n’y sont même jamais apparus…
Trailer de There will be blood.
Les liens qui restent vont ainsi se dénouer progressivement : le lien père-fils (le seul qui apparaisse d’une certaine force, du moins au début du film), le lien de celui qui a usurpé sa place, qui veut se faire passer à la fois pour le frère et l’ami, le lien social bien sûr. Le prédateur cède peu à peu la place au fauve traqué. Extraordinaire rôle de composition de Daniel Day-Lewis, pris dans un devenir-loup, dont le regard, lorsqu’il jauge l’ennemi potentiel, s’aiguise de la froide lucidité du fauve.
Où est le chef-d’œuvre ? A un jour d’intervalle, je viens de visionner deux films The thin red line de Terrence Malick (1998) et There will be blood (2008) que les circonstances, fortuites certes, me font mettre en parallèle.
Ces deux films ne traitent pas du même sujet, quoique…
Le premier met en scène la guerre à travers la bataille de Guadalcanal (s’il n’y avait qu’un film sur la guerre à voir, ce serait celui-là) : "Tout ça, toute cette merde à cause de cette foutue envie de posséder !" dit le sergent Welsh, superbement campé par Sean Penn.
There will be blood parle d’une autre forme de conquête, celle du pouvoir économique.
Les deux sont des films sans concession dans ce qu’ils révèlent de la violence des rapports entre les hommes.
There will be blood parle d’une autre forme de conquête, celle du pouvoir économique.
Les deux sont des films sans concession dans ce qu’ils révèlent de la violence des rapports entre les hommes.
A la fin de Thin Red Line, on sort secoué, bouleversé par ce chant tragique qui montre la guerre dans sa cruauté primitive, la peur de l’inhumain qu’elle génère. Sur ces décombres, un questionnement est visible, une méditation : un chemin demeure possible. Aux forces de destruction s’oppose l’affirmation de possibilités de vie dans une vision, il est vrai, un peu béatement édénique.
A la fin de There will be blood, film térébrant qui creuse le vide, on sort de la la salle, exsangue, anéanti par tant de violence, par une telle déréliction.
Comme si le réalisateur s’était laissé fasciner par ce qu’il entendait sans doute dénoncer. Je pense notamment à la scène finale, gratuite, d’une violence abyssale. « J’en ai fini… » dit Daniel Plainview.
A la fin de There will be blood, film térébrant qui creuse le vide, on sort de la la salle, exsangue, anéanti par tant de violence, par une telle déréliction.
Comme si le réalisateur s’était laissé fasciner par ce qu’il entendait sans doute dénoncer. Je pense notamment à la scène finale, gratuite, d’une violence abyssale. « J’en ai fini… » dit Daniel Plainview.
Tout est dénoué, tout est sacrifié, tout est consumé par un feu qui ne purifie rien.
Une séquence-collector, la fameuse scène du milkshake. Vous avez dit : milkshakespearienne ?
Comment pourrais-je, malgré les évidentes qualités cinématographiques du film, rejoindre le cortège de tous ceux qui, à propos de There will be blood, crient au chef-d’œuvre de l’année ?
Il n’y a plus rien ! Allez voir ce film !
Il n’y a plus rien ! Allez voir ce film !
« Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté. » (René Char)
Comment
Je n’ai vraiment pas du tout aimé ce film. C’est littéralement l’histoire de deux obtus complets, parfaitement limités tous les deux dans leur intelligence, totalement sectaires l’un et l’autre, fanatiques comme une mûle, bref, tout le contraire de héros comme on peut en trouver chez les frères Cohen par exemple.
C’est vraiment un montage ahurissant de la critique qui, pour des raisons que j’ignore, a dû dire du bien de ce film lamentable, qui n’a aucun ressort, une histoire "petit bras", du riquiqui à l’américaine comme malheureusement il en sort quelque fois.
Mais bon sang de bon soir, qu’attend Orson Welles pour réssusciter ?