Pas le genre de talapoin qui, un œil sur ses collections, un autre sur l’argus des grands vins, attend le bon moment pour fourguer chez un auctioneer tout ou partie de son caravansérail. Exactement comme l’illustre Dr NK Yong revu récemment à Singapore et qui reçoit ses hôtes avec munificence !
Sur un repas préparé par Thomos Protot, restaurant la Cabotte à Nuits St-Georges, voici le programme et les réjouissances de ce dîner d’amateurs :
Cannelloni de Courgette au Homard et Caviar d’Aubergines
Filet de veau cuit rosé, asperges blanches et morilles
Fromages
Soupe de fraises
Les vins :
Deux vins blancs d’Histoire d’Enfer pour commencer, présentés par leur héraut, aussi volubile que Steve Wolking est taiseux !
Chardonnay 2008 bien né, parfaitement élevé, solaire, il révèle la noblesse du terroir valaisan.
Blanc Réserve 2008 (assemblage de pinot gris et de petite arvine) : la petite arvine imprime sa ligne stylée, le pinot gris amène la texture. Une belle synergie.
Meursault 1er Cru Charmes 2008, Faiveley : c’est le Charmes du dessus, sous le clos de la Perrière. Corps magnifiquement sculpté, dense et long.
Corton-Charlemagne 2000, Faiveley : il commence à s’épanouir et sa finale offre une merveilleuse complexité.
Laville Haut-Brion 1989 : beauté magique du bouquet sur des notes d’acacia, de fougère, de miel de fleurs, de fruits confits. Corps ample, presque médulleux, d’une grande douceur tactile. Il dessine une courbe parfaite en bouche.
Pinot noir 2008, Histoire d’Enfer « ça, c’est l’enfer du calcaire ! » proclame son auteur à Steve Wolking qui le découvre avec intérêt.
Latricières-Chambertin 2007, Faiveley : Je le revois, à table, un an plus tard. Très minéral, tendu, noble réglisse et finale d’une grande persistance.
Mazys-Chambertin 1990, Faiveley : c’est l’ancien style de Faiveley. Très fumé, empyreumatique, il affiche une belle présence.
Steve Wolking's long journey
Château de Moulin à Vent 1976 (magnum) : un vin tout à fait étonnant, amené par Jean-Jacques Parinet, le nouveau propriétaire. Le vin est d’une jeunesse incroyable, avec beaucoup de fraîcheur, pas du tout marqué par les stigmates du millésime (année de sécheresse). Ramené en Suisse le lendemain, le magnum a parfaitement supporté le voyage et affichait une tenue remarquable après un jour d’ouverture.
Clos de la Roche 1964, Armand Rousseau
J’avais amené cette bouteille que j’ai eu la chance de déguster plusieurs fois. La noblesse du bouquet est superbe avec des séquences aromatiques complexes, sur des notes de grillé, de réglisse, d’épices douces, de truffe. En revanche, le corps apparaissait un peu mince, sans être étriqué.
Clos Vougeot 1959, MC. Tellenne-Duguet négociant à Savigny
Il a gardé une très belle couleur. Nez « terreux », notes de champignons, sous-bois, évoluant malheureusement vers un côté animal très simplifié (poil de chameau, prononça un des participants).
Il a gardé une très belle couleur. Nez « terreux », notes de champignons, sous-bois, évoluant malheureusement vers un côté animal très simplifié (poil de chameau, prononça un des participants).
Clos Vougeot 1959, Grivelet
Une bouteille de transition qui ne nous a pas laissé un souvenir impérissable.
Une bouteille de transition qui ne nous a pas laissé un souvenir impérissable.
Hermitage La Chapelle 1955, Jaboulet Aîné
Grandissime bouteille. Nez profond, mystérieux, sur les épices orientales, les notes balsamiques. Le corps est généreux, solaire, d’un volume et d’une force superbe. Une grande réussite, très vite recadrée, à l’aveugle, dans sa région de provenance. C’est l’année de naissance de Bernard Hervet qui en fut très ému. Nous aussi.
Grandissime bouteille. Nez profond, mystérieux, sur les épices orientales, les notes balsamiques. Le corps est généreux, solaire, d’un volume et d’une force superbe. Une grande réussite, très vite recadrée, à l’aveugle, dans sa région de provenance. C’est l’année de naissance de Bernard Hervet qui en fut très ému. Nous aussi.
Corton 1923, Faiveley
Une autre merveille, issue d'une (petite) récolte, très concentrée. Grande noblesse du bouquet et corps dense, énergique.
Château Suduiraut 1959
Nez complexe, racé, pour ce vin issu d'une grande année à liquoreux. Le corps est opulent, baroque presque dans sa texture. Une manière de finir en beauté ce dîner d'amateurs.
4 Comments
De bien belles choses : pas de problème sur les asperges ?
On avait oublié de donner au Dr Bonobo sa dose de bromure ou quoi ?
C’est qu’il peut être gravement grave dans ce genre de circonstances !
Bon : il n’y avait pas de dames : ça calme un tantinet ! Un peu macho ces réunions, non ?
Histoire de faire mon laurentg :
video.google.fr/videoplay…
Les bouteilles avec un D argenté sur la première photo sont les seules qui ont encore un bouchon. Est-ce un indice ?
J’ai eu la chance de rencontrer un grand Chambolle Charmes 1934 de Grivelet.