Le nez est fin, floral, d’une bonne intensité, moyennement complexe. A l’ouverture, agréables notes de framboise sauvage. Très jolie entrée en bouche ; corps longiligne, savoureux, avec la finesse et la fraicheur du plateau calcaire. C’est un funambule, dit un participant, sensible à sa beauté. Et c’est vrai que l’équilibre est réussi, dans un style à part : tant sur un plan aromatique que formel, il a des accents quasi bourguignons… Délicieux.
Château Feytit-Clinet, Pomerol (90 % m et 10 % cf)
Robe colorée. Notes de café, mûre, cassis, belle profondeur au nez. Notes de cuir et de musc à l’ouverture. Plus massif que le précédent. IL est un peu son antithèse. Belle bouche, avec de la densité, et une chair savoureuse. Le tanin est ferme, bien intégré et la finale révèle un vin de caractère.
Vieux Château Certan, Pomerol (70 % m – 30 % cf.)
Robe à nuances grenat. Nez complexe, sur des notes épicées et balsamiques, végétal noble. Pas encore totalement ouvert mais la profondeur est là. Belle entrée en bouche : c’est à la fois caressant avec une trame très fine, légèrement épicée. Très belle ligne en bouche, continue, découpée avec précision et tannins d’orfèvre, fins et élancés. On pourra se faire grand plaisir avec ce vin d’ici 5 ou 6 ans.
Château Haut Bailly, Pessac-Léognan
Superbe robe dense, jeune. Nez mûr, dense, avec une sensation de fruits noirs et de cerise. Belle intégration du bois. C’est fin, harmonieux. La bouche est dans la même veine, très jolie construction, précise avec des tannins nuancés, savoureux. Finale tout en tonicité et en élégance. Par son style très achevé, un des vins de la soirée et une performance dans le millésime.
Château Haut Condissas, Médoc (60 % m – 20 % cf et cs – 20 % pv)
C’était le « vin-pirate » de la série. Classé par les dégustateurs présents au deuxième rang, juste derrière Pape Clément. Robe sombre, nuances grenat. Notes fumées, un peu lardées, fruits noirs. Moka. Tabac, épices. On retrouve ce boisé assez appuyé en bouche, belle trame, assez serrée. C’est un vin plutôt démonstratif, très tactile mais il a de la race.
Château Pape Clément, Pessac-Léognan
49 % m – 46 cs – 3 % cf – 2 % pv
Superbe robe, dense, jeune. Le nez est un peu refermé, mais la profondeur et la maturité du fruit sont bien présentes. A l’ouverture, notes de réglisse, de cassis, de fumée. Touche de musc. L’entrée en bouche est crémeuse, belle densité de fruit, évolution continue, notes de fruits noirs, d’épices, rétro complexe avec un très belle longueur finale. Un vin sensuel et très précis.
Sa robe est un peu moins colorée que celle de Poyferré. Notes balsamiques et vanillées très chatoyantes. Beau profil fruité à l’ouverture, sur des notes de coulis de fruits avec une touche de violette. Le corps est élégant, équilibré, d’un grand classicisme dans la construction, sans rien de forcé. Très belle bouteille.
Château Léoville Poyferré, Saint-Julien
Belle robe sombre. Nez complexe qui associe le cèdre, les fruits, le réglisse. Attaque chatoyante, dense et crémeuse à la fois, il évolue sur un corps frais, charnu aux tannins veloutés. Très belle longueur finale. Une réussite !
Château Pontet-Canet, Pauillac
Merveilleuse noblesse d’expression. Précédé par une robe profonde, le nez est puissant, complexe, sur un bouquet de havane, de violette, d’épices douces. Corps ample, séveux, à la trame remarquable, serrée. La finale, longue et expressive parachève le tout en beauté.
Cos d’Estournel, Saint-Estèphe (85 % cs – 12 % m – 3 % cf)
Sans doute le millésime le plus « cabernet » de Cos depuis 25 ans. Robe profonde. Le nez est intense sur des notes empyreumatiques, boisées avec des notes de fruits rouges, d’épices, de cacao, poivron rouge. Le corps est ample, serré avec une finale d’envergure mais encore un peu linéaire. Beau potentiel de vieillissement sur ce vin.
Château Haut Brion, Pessac-Léognan (43 % m – 44 % cs – 13 % cf)
Pour la première fois depuis très longtemps tant à La Mission qu’à Haut Brion, les cabernets sont majoritaires dans l’assemblage en 2007 et reflètent les pourcentages du vignoble. Robe un peu moins jeune que celle de Latour. Notes de fruits rouges, de menthe, de cerise, de tabac blond, de cuir. Belle profondeur aromatique. L’entrée en bouche est caressante, sur des notes florales avec une touche épicée, Très belle évolution. De la densité. Une trame parfaitement ajustée. Les tannins sont fermes et élégants. Très bon !
Château Latour, Pauillac (9 % m – 91 % cs).
De tous les vins présentés ce soir, c’est la sélection la plus impitoyable puisque 41 % de la récolte seulement est entré dans le grand vin en 2007. Encore sur la réserve, austère, malgré un passage en carafe de trois heures, ce vin affiche toutefois une présence assez impressionnante. Notes épicées, légèrement mentholées, sur le cèdre, les épices. Corps imposant, dense, superbement articulé et finale exceptionnelle. Grand vin !
Les vins de la soirée : à chaque série, présentée à l’aveugle, nous avons coutume de demander aux participants de désigner leur vin préféré. Voici le classement série par série. (A titre indicatif, j’indique également, en gras, mes vins préférés).
Série A :
1. Feytit Clinet
2. Vieux Château Certan
3. Fonroque
Série B :
1. Pape Clément
2. Haut Condissas
3. Haut Bailly
Série C :
2. Léoville Barton
3. Léoville Poyferré
Série D :
2. Haut Brion
3. Latour
Quelques clés pour comprendre le millésime 2007 à Bordeaux :
• 2007 est un millésime sauvé par une arrière-saison exceptionnelle.
• Le dicton “août fait le moût” reste vrai mais un mois de septembre et un début octobre miraculeux ont permis d'atteindre la meilleure maturité possible.
• Dans un tel millésime, le travail à la vigne et la sélection au cuvier ont fait la différence. Certaines propriétés n'ont d'ailleurs pas hésité à faire les sélections les plus drastiques de leur histoire (Margaux, Cheval Blanc).
• 2007 n'est pas une année merlot ou cabernet. Ce sont surtout les terroirs et le travail accompli qui déterminent les plus grandes réussites.
• Les vins sont orientés sur la finesse plus que sur la puissance. Certains réserveront toutefois de belles surprises à l'évolution. 2007 n'est pas un millésime de très longue garde. Toutefois les réussites les plus significatives, notamment du Médoc ou des Graves, auront une longévité plus grande qu'attendue.
• Le seul et unique problème de 2007, ce sont les prix d’avant la crise des subprimes pratiqués par les propriétés les plus en vue, qui ont donné le ton : sélection drastique ou pas, ces prix n’ont guère de justification.
3 Comments
Que voilà une belle série juste avant notre session du GJE sur les 2007 "margaux" et "saint-julien" !
On t’attend de pied ferme à Marquis de Terme !
{ http://www.youtube.com/watch?v=z... }
Qu’est ce que la finesse?
Que peut on rajouter à cette magnifique photo?
Un disque de Chopin :o)