Et Peter Sissek, alias Pingus, faux Batman, vraie tête chercheuse de la Ribera del Duero, feint lui-même d’en être étonné.
J’avais découvert son autre vin à Vinexpo, il y a bien vingt ans, au milieu de tous les autres. A l’aveugle, forcément, car j’ignorais tout des vins de la région. La propriété s’appelait Hacienda El Monasterio et j’aurais volontiers fait retraite dans un tel endroit. D’autant que le lieu ne manque pas d’attraits…
Même si l’expression « vin de garage » est passée de mode et même si les garagistes ont fait fortune, passant du bricolage à l’artisanat d’art, on peut dire que Pingus est le premier (et le plus cher) des vins de garage de la Ribera del Duero.
Même si l’expression « vin de garage » est passée de mode et même si les garagistes ont fait fortune, passant du bricolage à l’artisanat d’art, on peut dire que Pingus est le premier (et le plus cher) des vins de garage de la Ribera del Duero.
Les petites cuves en bois de Pingus.
Mes verticales de Pingus, j’ai le privilège de les faire au domaine, à Quintanilla de Onesimo.
C’est dans ce chais que nous nous trouvons ce matin pour une visite toujours passionnante et instructive.
A la fin de la dégustation, Peter Sissek arrive, épaules rentrées, l’air (presque) sombre. Fausse alerte : loin de se rembrunir, sa mine change tout à coup, pétille presque…
Que nous prépare-t-il ? Nous venons de déguster le Fleur de Pingus et le Pingus dans les millésimes 2007 et 2006 (notes de dégustation dans le prochain Vinifera) : à quoi pense notre alcidé danois ?
D'où vient la cuvée Amelia…
Il veut nous faire découvrir le Amelia 2006, une isolation parcellaire d’une vigne âgée de 110 ans sur la Horra. Une seule barrique par millésime, soit moins de 300 bt. Un monstre fastueux, d’une vinosité incomparable, un vin venu d’une autre planète. Ne le cherchez pas : ce vin aurait pu, au pays des merveilleuses très vieilles vignes, s’appeler No wine’s land, si le nom n’était déjà utilisé…
Jesus Sastre (debout) présentant ses vins.
Nous filons ensuite à quelques km de là, précisément à la Horra, chez la Bodegas Hermanos Sastre où nous accueille un colosse impressionnant et volubile, Jesus Sastre.
Restons dans l’excès et le festif puisqu’on y était ! Parmi les vins présentés, trois sont particulièrement jouissifs :
Vina Sastre Grande Reserva 1999 Pago de Santa Cruz, Grande Reserva, élevé pendant presque six ans, d’une densité impressionnante avec ses notes de fruits noirs, de suie et ses tannins encore exubérants, comme si l’élevage n’avait pas réussi à les dompter entièrement.
Vina Sastre Grande Reserva 1999 Pago de Santa Cruz, Grande Reserva, élevé pendant presque six ans, d’une densité impressionnante avec ses notes de fruits noirs, de suie et ses tannins encore exubérants, comme si l’élevage n’avait pas réussi à les dompter entièrement.
Vina Sastre, Pesus 2005 un assemblage tempranillo, merlot, cabernet sauvignon et quelques petits % de mystère que j’ai promis de ne pas révéler. Vin impressionnant, dense, dynamique, très juteux, puissant, d’une sève immense. Mais le prix est tétanisant : 200 euros la bouteille départ propriété !
Et surtout, toujours de Vinas Sastre, le Regina Vides 2005, issu d’une vieille vigne de 90 ans. Pur Tinto fino, un archétype du grand Ribera del Duero, alliant densité, opulence et fraîcheur malgré la très grande maturité du raisin. Le prix reste sérieux mais, comparé à celui du précédent, à 60 euros, on va dire que c'est une aubaine…
Un des autres vins du voyage, nous le découvrirons un peu plus tard, dans un restaurant de Roa, le Raiz, que je vous recommande pour son décor résolument contemporain et sa cuisine assez futée. Le vin s’appelle le RdR 2005 Ribera del Duero des Bodegas Bajo Dunante et il a réussi à émouvoir le grand Marco Parusso lui-même.
En route vers les vins improbables…
Je ne devrais pas vous en parler : ce vin a été produit une seule fois, en 2005 et il est signé Mariano Garcia, le plus grand œnologue d’Espagne, l’homme qui a signé quelques-uns des plus grands millésimes de Vega Sicilia, dont les 1991 et 1994.
20 Comments
Le genre de vins que l’on peut apporter au botellón des Bastions. Tout simplement improbable.
Alfredo, et à tous les lecteurs attentifs, je suggère plutôt ceci : surveillez bien le bouteille des Bastions. Lorsque vous verrez apparaître le Nogal de Pago de Los Capellanes (voir articles précédents), foncez, mais foncez vite : c’est un des meilleurs rapports qualité/prix de toute l’Espagne et peu de gens le savent !
Bonjour Jacques, le RdR n’est pas un travail de Mariano Garcia mais plutot d’une famille catalane qui font du vin au Penedes et au Priorat, les Cusiné Cusiné.
as tu dégusté les vins de Dominio de Atauta et l’autre nouveau Projet de Peter, PSI ?
saludos
Au catalogue de la maison NICOLAS de 1961 une bouteille de CHEVAL BLANC 1929 (belle bouteille) coûtait 40 nouveaux francs soit 35 fois le prix de ce que l’on appelait alors le vin ordinaire à 11°, ça donne une notion de l’infini! et à cette époque la limite nord de culture des cépages, qui seule donne les grands vins, avait encore un sens. Ces vins espagnols c’est du genre Cary Grant ou Schwarzenegger?.
Merci pour l’info Yves. Le ration ne serait-il pas de un contre cent en 2008 ?
Jacquesn, en contrepoint de "vieilles vignes" -élément d’information qui rassure en règle générale, vous évoquez tantôt la densité, tantôt la vinosité du vin, et tempérez avec fraîcheur ou dynamisme une fois seulement.
Jamais vous n’évoquez la finesse. C’est un un signe, non ?
cordialement,
Laurent
Fredi : merci pour l’info mais les insiders espagnols étaient formels le RdR 2005 a été fait sous la "haute autorité" de Mariano Garcia. A l’extérieur, en cuve ouverte. Alors, info ou intox ? Peux-tu m’en dire plus ? Je n’ai pas pu aller chez Bertrand Sourdais, faute de temps…
Laurent : eh oui, la finesse, la finesse ! Et pourtant on la trouve dans la Ribera. Un des meilleurs exemples à mon sens, c’est, je le répète, le Nogal de P. de los Capellanes !
Je dirais purement de l’intox, similaire au Comte Pirenne qui fait courir la rumeur qu’il laboure a la mule et que c’est René Barbier qui lui vinifie son vin du Priorat, nous sommes 4 a labourer avec la mule dans cette region.
La famille Cusiné Cusiné est maitre dans l’art de donner des infos pleines de glamour mais loin de la realité, connaisant bien leurs divers projets, je peux dire que Mariano n’a rien a voir dans celui-ci, les raisins sont achetés.
J’en prends note, Fredi, mais ce ne sont pas les Cusiné qui me l’ont dit. On va les "cuisiner" sur cette sombre affaire. A part ça, le vin est très bon, c’est l’essentiel !
Une précision concernant le RdR : le nom exact du vin est RDR Dominio Romano 2005 de Bodegas Parés Baltà (établie dans le Pénédès et derrière laquelle se trouve effectivement la famille Cusiné : Fredi, tu as raison sur ce point). Renseignement pris sur place, ce vin a été vinifié (à l’extérieur faute de place) chez Aalto, à Quintanilla de Onesimo, par un jeune oenologue du nom de Cusumano (?) sous la supervision de Mariano Garcia.
Tiens donc, une jeune œnologue du nom de cousumain. Fredi, est-ce que ce nom vous dit quelque chose ? Ne vinifierait-il pas sans soufre également ?
J’ai lu vos commentaires:
Il pleut comme à la mousson; que vont dire les feuilles ?
Déjà maintenant, ce sont les grappes qui commandent. Halte !
Ne taillez pas trop mon vert. Il faut que je respire; puis, si j’ai envie de donner mon jus, vous verrez bien le résultat.
L’hèlicoptère nous a empoisonné hier pour la dernière fois de la saison. Mais attendons l’amie Automne.
Comme le lait à l’alpage qui devient fromage, vous nous conserverez en vin.
Probablement en vain, parce qu’il est si bon.
Courage…
À propos du texte de philippe margot, une anecdote: en juillet, on annonçait le prochain déclassement d’une commune de l’appellation champenoise à la grande satisfaction de ses habitants (aucun d’eux ne possédant le moindre arpent de vigne) et le MONDE rapportait les propos d’un des dits habitants "ils vont arrêter de venir nous empoisonner, …on a eu droit à un traitement de pesticides et d’antifongiques par SEMAINE cette année!!!!!"
à votre santé!
Dominio Romano, exact.
désolé car je voulais te passer l’info mais en ce moment je suis plus dans mes coteaux que sur mon MacBook.
je vais me renseigner aupres de Joan Cusiné directement et de Javier Zaccanini qui est la main droite de Mariano chez Aalto.
– Jacques, je te passe le salut de mon ami Laurent Combier qui vient d’arriver a Gratallops et avec qui je vais maintenant boire un petit gin-tonic a base Concombre pour finir la journée.
– Alfredo, je me renseigne sur ce confrere a la main de soie et reviendrais des que possible avec des news frais.
un abrazo a todos
Dominio Romano, c’est aussi le nom de leur deuxieme vin.
adios
Yves, si vous connaissez des moyens neutres envers la faune, la flore et l’être humain afin d’obtenir à coup sûr des raisins sains n’hésitez pas à vous manifester.
Alfredo ça veut juste dire que nos beaux raisins français (ailleurs je n’ose critiquer!!!!) sont plus chargés qu’un coureur espagnol ou italien accordant une interview même pas essouflé,3 minutes après être arrivé les mains en haut du guidon en haut de l’Alpe d’Huez! à part ça c’est comme tout le reste!
Fredi :
UN tout gros poutou de ma part au Grand Combier : voilà un homme qui sait faire du bonheur pur, sans complication.
Buonjorno Signor Mauss,
comme tu connais Laurent, il est deja sur la route depuis 5h du mat pour d’autres adventures alors que moi je suis dans mes vignes ou a cette heure, il fait sombre est frais.
je lui passerais le bonjour de ta part car je le revois a la fin du mois .
si tu as le temps de passer par Montalcino, vas visiter mon ami Roberto Cipresso, fameux oenologue qui a une cave du nom de la Fiorita, il produit un des plus fin Brunello au style Bourguignon.
Quand il ne travaille par pour Sting, Renzo Rosso de Diesel, l’ex porno star Savana Samson ou alors quand on se retrouve ensemble en Argentine pour faire les vendanges chez Achaval-Ferrer au mois de mars depuis 2005
toutes mes salutations, profite de grandioses vacances et j’espere bientot te revoir pour partager un tete de veaux ou similaire.
un abrazo
Fredi, Savana Samson est la preuve vivante qu’on peut être et avoir été. Quelle gloire !
Amen !