Cette merveilleuse découverte, je la dois à mon ami Enzo Vizzari, directeur du Guide de l’Espresso. On se trouve ici dans la province d’Alessandria, à mi-chemin de la mer et des collines des Langhe, dans un paysage viticole serti de petits villages à la sérénité enjouée.

Entre l’église et les venelles, on cherche sa route et le navigateur pourrait y perdre son latin. Mais Enzo, notre guide, au flair de chat gourmand, connaît la route par cœur. La famille Milano (la Mamma aux fourneaux, le père et le fils en salle) nous reçoit aujourd’hui comme alla casa. Incroyable : c’est le jour officiel de fermeture du restaurant mais ils ont tenu à nous accueillir. Toute la grandeur de l’Italie est là, résumée dans cette générosité ! Je sens qu’il va falloir ajouter un chapitre aux « lois de l’hospitalité ».

Maman Milano, Enzo Vizzari et Massimo Milano.
Le menu est énoncé oralement, la carte n’étant destinée qu’à rassurer les frileux. On pratique ici, vous vous en seriez doutés, une authentique cuisine du terroir, « familiale », dédiée aux merveilleux produits de la région, ancrée dans une tradition vivante. Est-ce la position de Cartosio, sur l’ancienne route du sel, au croisement de deux cultures du goût ? On trouve ici, au Cacciatori, on trouve ici une approche « terrienne » mais avec, déjà, la légèreté du sud, notamment dans ses cuissons.

Quelques antipastis d’anthologie pour commencer, une focaccia à l’huile d’olive et une salve de petits bolets marinés qui ont arraché des cris d’extase à l’un d’entre nous, fin mycologue.
Une Tarte à l’artichaut ensuite. L’occasion d’apprécier l’incroyable sapidité du Bricco del Bosc 2007 de l’Azienda agricola Accornero. Un vin à la tenue exemplaire, aux antipodes d’une partie de ces barberas colorées, massives et monolithiques que nous dégustons depuis deux jours avec le GJE.
Une Tarte à l’artichaut ensuite. L’occasion d’apprécier l’incroyable sapidité du Bricco del Bosc 2007 de l’Azienda agricola Accornero. Un vin à la tenue exemplaire, aux antipodes d’une partie de ces barberas colorées, massives et monolithiques que nous dégustons depuis deux jours avec le GJE.

La saison du cabri vient de commencer et c’est le moment idéal pour le déguster. On parle beaucoup, dans la région, du cabri de Roccaverano, certes excellent mais beaucoup plus confidentiel que sa notoriété. Une partie des cabris assimilés à la capitale des Langa Astigiana provient en fait de la Ligurie voisine. La première préparation est le Foie et le ris de cabri simplement poêlés à l’artichaut d’Albenga. Superbe !

Le second plat est un classique piémontais, les fameuses Tajarin (des pâtes finissimes « taillées au couteau »), tomate, ail et persil. Faites maison évidemment (une vingtaine d’œufs par kg de farine tout de même !).
Le temps de déguster le superbe Barolo 2001 Cascina Francia de Giacomo Conterno : robe profonde, très jeune, beaucoup plus jeune que le Barolo Ginestra 2001 de Conterno-Fantino dégusté le lendemain à la Ciau del Tornavento. Nez de réglisse, menthol, baies de bois, rose. Bouche très droite, dynamique, très serrée dans sa trame avec un tannin savoureux, légèrement granuleux, que le temps viendra polir (passage en carafe d’au moins deux heures nécessaire). La finale est splendide, longue, irradiante, tout en fraîcheur et en énergie. Potentiel de garde : 15-20 ans.
Le temps de déguster le superbe Barolo 2001 Cascina Francia de Giacomo Conterno : robe profonde, très jeune, beaucoup plus jeune que le Barolo Ginestra 2001 de Conterno-Fantino dégusté le lendemain à la Ciau del Tornavento. Nez de réglisse, menthol, baies de bois, rose. Bouche très droite, dynamique, très serrée dans sa trame avec un tannin savoureux, légèrement granuleux, que le temps viendra polir (passage en carafe d’au moins deux heures nécessaire). La finale est splendide, longue, irradiante, tout en fraîcheur et en énergie. Potentiel de garde : 15-20 ans.
Et une séquence exclusive : si vous voulez savoir comment se passe un "déjeuner de travail", regardez bien !
Voici enfin le Cabri rôti au four et pommes de terre ! Un plat d’anthologie, un des deux meilleurs que j’aie dégusté à ce jour, l’autre étant celui de Da Cesare à Albaretto della Torre, dans un style tout à fait antithétique il est vrai.
François Mauss nous a prévu un peu plus de trente vins pour tout à l’heure : on ne fera honneur, cette fois-ci, ni aux fromages ni aux desserts, hormis, pour le fun, cette Crostata aux pomme, raisins secs et pignons.

Bon, allez, je ne suis pas certain que personne n'y ait touché…
La carte des vins c’est l’autre raison, essentielle, de découvrir le Cacciatori. Elle est tout simplement superbe. Tous les grands vins du Piémont sont là. Et comme la France n'est pas en reste… Et à des prix qui font joliment friser de joie les angelots dans le ciel !
Menu compter 30 à 40 euros par personne.
L'adresse Albergo Ristorante CACCIATORI
Eh oui, il y a des chambres !
Via Moreno, 30
15015 – Cartosio
Tel. 0144.40123
Vous voulez une autre adresse ? Si vous descendez en Ligurie, arrêtez-vous alla Bucca di Baco, une pizzeria avec une carte des vins, notamment de champagnes, stupéfiante.
Donnez votre avis
Superbe !
Cascina Francia, c’est de Giacomo Conterno, non ? (superbes 96, 97 et 98 – existe aussi en dolcetto, si je ne me trompe, avec un beau 2000).
Un beau Conterno-Fantino, Barolo "Sorì Ginestra" 1996, épicé, balsamique, fumé, subtilement boisé, pour une belle trame de Barolo :
"On retrouve en bouche la même alliance réussie de modernité (mise en valeur du fruit, chair moelleuse) et de typicité (complexité aromatique, trame tannique ferme, acidité vertébrante) ; l’ensemble est fondu, juteux, droit et élégant."
Merci Laurent, c’est corrigé. J’aime bien l’expression "acidité vertébrante".
Je précise au passage que ce vin est proposé à 100 euros à la carte, ce qui compte tenu du prix départ cave et de sa notoriété, demeure très attractif.
Jacques,
Nous avions alors eu une belle série de vins italiens dont j’ai rappelé la conclusion sur la Barbera.
Le reste de la conclusion (de Pierre) était :
"Une constatation s’impose d’emblée : si les vins sont assez différents les uns des autres, la qualité d’ensemble est remarquablement homogène. Et on peut penser que le Piémont recèle encore de nombreux producteurs de ce niveau… Même si leur style, leur équilibre peut parfois dérouter un palais français, la race, la distinction des meilleurs de ces vins ne fait aucun doute.
Il est manifeste que certains producteurs ont choisi la voie d’un style plus international, avec un fruit massif et souple, généreusement enrobé de bois neuf, alors que d’autres, tel A. Conterno, privilégient la finesse, la droiture et l’originalité aromatique. Certains vins (Conterno-Fantino, La Spinetta, Parusso) semblent toutefois concilier les qualités des deux approches."
http://www.invinoveritastoulouse...
A bientôt !
Tenir tête aux artichauts est une gageure : le vin gagnant mérite d’être connu ! Quand à la trattoria, sûr que j’y passerai à l’occasion. Merci Jacques …
Dans la même veine
Osteria dei Sonatori
Via Macrino, 8 – 12051 – Alba – (CN)
Tel. 0173.34043
Voir le grand chef dégingandé sortir de ses cuisines en culotte courte pour livrer crudo di vitello, torta di porcini, agnolotti et autres coniglio cacciatore vaut son pesant d’or !
😉
Jacques, un repas à la Ciau ? Que n’ai je été prévenu ?!
😉
Force détails sont attendus …
Jacques, merci pour ce superbe reportage. Je viens de manger, mais ça me donne envie d’y retourner. La cuisine italienne, ici aussi simple que délicieuse, est vraiment passionnante.
Laurent était plus rapide que moi pour signaler la faute sur ce très grand Barolo de Giacomo CONTERNO, sans doute mon producteur italien préféré.
David,
Tu manges à l’Allemande, à 18 heures ? 🙂
Je profite du texte de Jacques pour me replonger dans de beaux souvenirs piémontais …
A toutes et en tous : j’en garde encore un peu sous le coude pour demain mais je vous l’annonce déjà. Superbe déjeuner à la Ciau et très très grand repas au Combal.Zero à Rivoli, pour moi le meilleur restaurant du Piémont…
Et oui Laurent. Et je bois allemand aussi…
Sur ton commentaire plus haut, Giacomo Conterno n’a pas à ma connaissance de Dolcetto, juste de la Barbera et du Nebbiolo. A noter que le domaine s’est agrandi récemment.
Idem, la nostalgie m’envahit !
J’ai partagé qq verres sur Lyon jeudi soir avec un Aldo Vajra en grande forme, toujours aussi élégant, aussi poète et autant talentueux !
Bricco delle Viole 2004 est sublime de complexité et de fraîcheur tandis que le Riesling 07 est sensationnel d’équilibre.
Enfin loin des parisianisames. Le cabri me fait saliver à Séville où on trouve des tripes (menudo) d’anthologie pour 2 euros la tapa.
David,
Hôtel castiglione, 18/3/02, vignerons d’exception …
Giacomo Conterno présentait :
Dolcetto d’Alba Cascina Francia 2000
Barolo Cascina Francia 1997
Barolo Monfortino 1993
Le dernier vin de Gaicomo Conterno que j’ai approché :
Barbera d’Alba Giacomo Conterno 2004 :
Notes : DS15 – PC15,5 – LG15 – MS(Non noté).
Un gros fruit (fraise), assez transalpin, accompagné de notes de café, d’amande, de fleurs, accueille le dégustateur. Bouche sans concession, dense, alcoolisée, acide. Austérité fruitée, qui demande peut-être un effort (culturel).
Un sujet qui semble faire tâche d’huile (d’olive). 🙂
J’ai pas entendu François dire:
"Maman, les p’tits vélos"! 🙂
Jacques, des précision sur ces petits délices à l’appétissant glacage là, juste à côté des truffes ?
Non, non, Paul, c’est pas ainsi que vous me piègerez… Je ne les ai pas goûtés. François Mauss nous avait prévenus : allez-y, bande de sécessionnistes, mais si vous ne revenez pas en forme pour la dégustation, vous allez m’entendre… Et voilà, pourquoi le Président demeure silencieux et ne dit pas : "Mama, les p’tits vélos !"
Ristretto et une aquavit, pour finir ?
Cette histoire de piège, est-ce un aveu Jacques ?
Conterno c’est grand, mais je suis sûr que tu peux être étonné par d’autres domaines encore moins connus et onéreux le père Rayer, pour ça, vient faire un tour au CAVE…
Je vois que le "dottore" s’est très bien tenu, même si on l’a coupé en pleine aspiration de pâtes… grand moment de cinéma amateur…
Pendant ce temps là, d’autres faisaient des découvertes extra-ordinaires en Valais, chez des gens que même le "dottore" et l’auteur de ce blog ne sont jamais aller visiter, un tort !
Tiens au fait, au CHATEAU DE VILLA, à Sierre, il y a un ordi en libre service dans le caveau avec Mille Plateaux en favori, étrange non ?! On se demande bien pourquoi…
😉
Nicolas,
Perfect teaser …
Quand je dis "extra-ordinaire", il faut le prendre au sens le plus littéral du terme.
Je suis "sorti" du Monde ce matin vers 10 heures, et y suis revenu vers 17 heures, entre les deux va savoir ce qui c’est passé. C’est digne du Zarathoustra qui va se perdre dans la montagne…
A côté de la Nature, l’homme est si peu de choses. Mais quand même ces entêtements de civilisation, qu’est ce que c’est noble…
(plus mystérieux, je ne peux être)
Nicolas,
Tu es parti rencontrer le résident de la république, dans un voyage hommage hors du temps et hors du corps ?
Entêtements de civilisation j’ai dit…
Nicolas,
Si, sur Mille Plateaux, tu dis que l’on est venu à Villa ce soir sans avoir téléphoné à Patrick pour venir gouter ses vins.
Il Dottore va prendre son téléphone demain à la 1ère heure pour m’incendier.
Mais, il était trop tard Patrick…
Je suis à l’amende et je te promets une visite chez toi, et une visite que tu dois faire obligatoirement, puisque tu n’as pas pu venir avec nous aujourd’hui.
C’est y que ça chaufferait outre – sarine ?
Où on notera la grande magnanimité du Président qui refusa cette invitation à Capoue pour garder ses autres ouailles.
Bon, va vraiment falloir envisager une session GJE en Valais.
Pour son fan-club : le brave Docteur, en toute pleine forme (sens premier inclus) a tenu son rang avec brio !
Sommes très heureux de la reconnaissance
que vous apportez à juste raison au restaurant CACCIATORI de CARTOSIO.
En effet nous connaissons cet établisse
ment depuis 40 ans donc avec déjà une
génération précedente à celle que vous évoquez,et croyez nous une fois qu’on y à mis les pieds on ne se lasse pas d’y
retourner et de la faire connaitre à des amis. Il ne se passe pas une année ou nous n’allons pas y faire un pélérinage(gastronomique bien sur). NOus avons emmener notre fille,puis maintenent c’est le tour de nos petits
enfants qui il y a peu de temps nous ont
dit"alors cet été on va à CARTOSIO?"déjà
un peu gastronomes!!!
Y ai mangé hier soir avec femme et enfant : quel bel endroit, quelles belles personnes et quelle âme dans cette maison. Il y a tout le Piémont ou presque, ici. Merci Jacques (et Enzo !), de m’avoir fait connaître.
Nous avons failli prendre le même barolo que vous, mais sur conseil du maître de maison, nous avons finalement bu le Cascina Francia 96 : l’acidité de l’année, mais bien enrobée, et surtout un nez navigant entre terre et mer, envoutant. Puis il nous a servi à l’aveugle un superbe vin que je vais vous faire goûter de la même façon…