Je me demandais aussi si les conditions atmosphériques (chute de pression, temps humide) de ce jour-là ne renforçaient pas l’austérité naturelle des vins. Sans compter que nous étions, dans le calendrier lunaire, un jour « feuille » ! On sait aujourd’hui que certains grands marchands anglais n’organisent des dégustations que les jours « fruit ». Une idée à creuser, que je soumets à François Mauss.
L'analyse d'Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde.
Et les vins ? Difficile dans ces conditions-là (phase de fermeture aromatique, masses tanniques imposantes avec, pour certains d’entre eux, un boisé qui, à ce stade, apparaît plaqué) de percevoir à coup sûr une grande homogénéité qualitative.
A notre grande surprise : il s’agissait des premiers crus et des deuxièmes crus de Bordeaux, dans le millésime 2005 effectivement.
A notre grande surprise : il s’agissait des premiers crus et des deuxièmes crus de Bordeaux, dans le millésime 2005 effectivement.
Une dégustation de commande de la part des propriétaires d’un l’un des deuxièmes crus classés, soucieux de savoir où se situe leur vin (château Lascombes). On peut dire que la dégustation les a rassurés puisque Lascombes est sorti premier. Faut-il encore préciser, pour rassurer les éventuels sycophantes, que la préparation de cette dégustation, l’achat des bouteilles (toutes à la même source), l’ordre de service des vins, tout a été contrôlé par un huissier assermenté. Pour plus de renseignements sur le classement et la dégustation voir le blog de François Mauss.
Alors Lascombes une révélation ? Que ce cru se situe dans les récents millésimes au niveau des meilleurs, on le savait déjà. Les premières dégustations des Bordeaux 2005 avec le GJE l’avaient mis en deuxième position des 50 meilleurs vins du millésime. Il s’agit donc plutôt ici de la confirmation spectaculaire des produits accomplis ici depuis 2001 !
Betteraves et agrumes de Jean-Louis Nomicos.
A peine de retour de Kyôto – je publierai prochainement un billet sur quelques restaurants japonais – j’ai profité de ces deux jours à Paris pour découvrir deux restaurants que l’on peut associer à divers titres. Les deux viennent d’ouvrir, l’un en avril dernier, l’autre le 24 décembre. Les deux sont tenus par deux jeunes chefs proches qui ont été des collaborateurs directs des meilleurs. Joël Robuchon pour Frédéric Simonin et Alain Ducasse dans le cas de Jean-Louis Nomicos. l'ex-chef de Lasserre.
Parlons d’abord de ce dernier. Le restaurant qu'il vient d'ouvrir s’appelle Les Tablettes de Jean-Louis Nomicos. D’où vient ce nom ? Peut-être une référence au IPad sur lequel figurent menus, carte et carte des vins. L’endroit est connu puisque qu’il abritait auparavant La Table de Joël Robuchon. La décoration est sobre, un peu froide, avec un éclairage parcimonieux. Décalage horaire oblige, j’ai composé un menu léger en piochant trois entrées sur la carte.
Trois plats clairs, limpides, ensoleillés (sublime Royale d'oursins au fenouil !) qui m’ont donné envie de retourner très vite avenue Bugeaud. Carte des vins en devenir avec quelques jolies références. Mais on y sent la patte d’un sommelier passionné, d’origine piémontaise. Avec un Bourgogne blanc 2008 de Roulot, j’avais la joie dans la ligne de mire.
Betteraves en salade d’agrumes, condiment poire-citron
Royale de fenouil aux oursins
Artichauts et encornets, jus barigoule à la bergamote
Soufflé à la Chartreuse verte, sorbet vanille-citron
Le lendemain, autre très beau moment avec un déjeuner chez Frédéric Simonin. Prisonnier de cet écrin raffiné, zen, signé Maud Lesur, on se demande si au milieu de tout ce noir et ce blanc, on finira par rêver en couleurs ? Et très vite, on est rassuré, serein, avec ce menu du déjeuner qui est aubaine.
Les Escargots aux noisettes du Piémont, sur une crème de laitue à la muscade
ou
ou
L’œuf de Poule, crème légère aux champignons de nos sous-bois
La Volaille fermière « Pattes noires »
En fricassé, racine d’hiver au jus et macaroni crémé truffé
ou
Le Risotto (du riz venere)
A l’encre de seiche, chipirons et coquilles aux blettes
Alors, comment est-ce vraiment ? Exquis, enjoué, précis, d’une grande clarté et exactitude d’expression. C’est simple : des restaurants et des déjeuners comme ça, on en rêve ! Jolie carte des vins là aussi.
Les restaurants
Les Tablettes de Jean-Louis Nomicos
16 avenue Bugeaud
75016 Paris
Ouvert tous les jours midi et soir
Téléphone réservation : 01 56 28 16 16
16 avenue Bugeaud
75016 Paris
Ouvert tous les jours midi et soir
Téléphone réservation : 01 56 28 16 16
Frederic Simonin Restaurant 25 rue Bayen 75017 Paris
Tel : 01 45 74 74 74
15 Comments
Avenue Burgaud…pas mal le lapsus
« L’archer cesse d’être conscient de lui-même en tant que personne appliquée à atteindre le cœur de la cible qui lui fait face. Cet état d’inconscience est obtenu uniquement quand, complètement vide et débarrassé du soi, il devient un avec l’amélioration de sa technique, bien qu’il y ait là dedans quelque chose d’un ordre tout à fait différent qui ne peut être atteint par aucune étude progressive de l’art… ».
Eugen Herrigel (1948)
Merci Armand ! Ah l’archer, la toshiya et la cible rêvée, dérobée, insaisissable, au coeur de soi… Comme en dégustation !
Oui mais c’est Bugeaud et non Burgaud
Herrigel et le Kyùdò, voila une réminiscence d’une lecture qui commence a dater, mais qui a du bon.
Merci Armand,
Laurent
lapassionduvin.com/phorum…
M. Javaux, l’endurant rhétoricien rationaliste semble perplexe, apparemment.
Aurait-on affaire à une remarque obscurantiste (comme le dit Michel VMS) ?
Ton avis, Oliv, sur cet aspect (ainsi que sur la fermeture plus que probable d’une partie des 2005 aujourd’hui) ?
Quelques remarques rapidement sur le jour "feuille" et la chute de pression atmosphérique, certaines personnes ayant l’air de trouver que s’en référer au calendrier lunaire pour analyser les conditions d’une dégustation serait « consternant » (sic!) :
a) c’est un fait avéré, corroboré par les dégustateurs présents que les vins se goûtaient difficilement ce jour-là. Plusieurs paramètres permettent d’expliquer cette approche difficile (phase de fermeture et profil particulier, peu uni à ce stade, des vins du millésime, chute de pression atmosphérique et… jours "feuille" peu favorable à la dégustation. Faites l’essai de déguster un même vin un jour "fruit" ou un jour " feuille", la différence est importante. Certains grands importateurs anglais l’ont apparemment compris, qui n’organisent désormais leurs dégustations que les jours "fruit" !
b) cela dit, jour "feuille" ou pas, les conditions étaient les mêmes pour tous les vins et cela n’enlève donc rien aux mérites de Lascombes, de Poyferré ou d’autres, classés parmi les meilleurs. La position de Lascombes 2005 ( 2ème sur 50 vins) lors d’un GJE précédent ne relevait donc pas du "hasard". On a donc là la confirmation de la renaissance d’un grand vin. C’est tout.
Merci pour cet éclairage intéressant sur la dégustation des 2005.
En quelle position avez-vous noté Lascombes ?
?
J’ai regardé cela ce matin même et vous réponds volontiers, Christian Rausis : Lascombes, dans mon classement personnel arrive en cinquième position !
Thanks.
Bonjour du Valais.
Je viens de déguster les 2 vidéos du GJE sur les Bordeaux 2005. Vous avez trouvé très grand le Léoville Barton. Si j’ai bien compris, vous l’avez placé devant Lascombes ?
Mme et moi en sommes des inconditionnels. Nous avons profité de la baisse des 2008 pour nous en procurer 24 bt. (Vaut-il la peine d’en ouvrir une bt actuellement ?)
Merci de prendre le temps de me répondre et vivement des merlots tessinois dans les dégustations de Bordeaux !
Toc, toc !
Désolé, Christian, j’ai un peu de retard. Oui, Léoville-Barton était dans mon top three.
Je n’ai pas goûté le Léoville-Barton 2008 mais si vous en avez 24 bt, oui, je pense que cela vaudrait la peine d’anticiper un peu le plaisir, de lire dans l’avenir et d’en déboucher une topette !
Bon week-end !
Merci, j’en mets une pour les dégustations en semi-aveugle avec Mme.