Une année astucieusement devenue nom de vin. Une étiquette délicieusement rétro. Une cuvée confidentielle et ambitieuse dont le nom fait penser au célèbre Classement des vins de Bordeaux. La cuvée 1858 de Bonvin (date de la création de cette maison qui fait partie du giron du groupe Rouvinez) était présentée pour la première fois en dégustation professionnelle à travers les dix premiers millésimes. C’est ainsi que j’ai eu le plaisir d’animer cette verticale en compagnie du docteur Alain Raynaud, engagé depuis un an comme consultant de la plus ancienne maison de vins du Valais.
Encépagement je n’ai pas eu de renseignements précis sur les pourcentages exacts des deux cépages qui composent la cuvée, le cornalin et la syrah. En règle générale, le pourcentage de cornalin est un peu plus élevé (60 %), mais, compte tenu du caractère assez « capricieux » du cornalin, ce pourcentage peut être moindre dans certains millésimes. 2006, 2008 et 2011 sont les trois millésimes où le pourcentage de cornalin est le plus élevé.
Provenance des raisins : le cornalin provient du lieu-dit « Balette », sur la partie ouest de Sion, non loin de Montorge. Les vignes sont âgées d’une quinzaine d’années en moyenne. La syrah provient de Brûlefer à l’est de Sion et, ici, les vignes sont plus âgées (quarante ans en moyenne).
Ordre de la dégustation : évolution. Les tanins sont fermes, avec une pointe de rigidité. ée au nez. Il s’éficié. La richesse, la maturité, mais aussi la Nous avons choisi de l’ordre ascendant (du plus ancien millésime au plus récent). Encore peu répandue, cette façon de faire permet de mieux évaluer l’évolution stylistique d’un vin, les changements éventuels opérés, les progrès réalisés.
2003 tout le monde a en mémoire ce millésime un peu hors normes, caractérisé par un régime très chaud et très sec. S’il y a quelques grandes réussites dans ce millésime – qui s’affineront avec le temps – beaucoup de vins ont tendance à décliner.
Cuvée 1858 : la robe est en phase d’évolution. Le nez également. Il présente des arômes de fruits macérés, d’épices, avec un caractère balsamique accentué. Le corps est souple, généreux et la finale manque de fraîcheur. Un vin usé.
2004 c’est un millésime assez frais, avec un été plutôt mitigé. La production a été relativement abondante en 2004 et il était nécessaire de réguler la charge. Ceux qui ne l’ont pas fait ont eu de la peine à mûrir correctement.
Cuvée 1858 Cette expression est plus aboutie que le précédent. Joli vin, élancé dans sa forme, marqué par des notes de baies des bois, d’épices. La finale est un peu linéaire et manque de complexité.
2005 c’est un des grands millésimes de la décennie et la plupart des cépages en ont bénéficié. La richesse, la maturité, mais aussi la structure, sont au rendez-vous.
Cuvée 1858 : la couleur est profonde, encore jeune. Prise de bois très marquée au nez qui masque un peu les arômes. Le corps est dense équilibré, avec une petite note d’évolution. Les tanins sont fermes, avec une pointe de rigidité.
2006 c’est dans le canton du Valais une année assez équilibrée avec des saisons bien marquées. Les vins sont gourmands et précis et les cépages tardifs s’en sortent plutôt bien.
Cuvée 1858 belle robe sombre. Nez expressif, délié, notes de fruits rouges, de poivre. La fusion du bois est bien meilleure. Corps équilibré, précis, aux tanins savoureux et on note pour la première fois une finale soutenue aux notes de cerise, d’épices douces et de réglisse.
2007 Ce fut un millésime difficile avec un cycle végétatif un peu bouleversé, voire inversé. Le mois de septembre, très beau, a permis de sauver la mise, notamment pour les cépages tardifs.
Cuvée 1858 encore une jolie réussite. Le nez présente un caractère floral et épicé. Au palais, on retrouve ces témoins avec une note de violette prononcée. Corps nuancé, équilibré. Une jolie réussite.
2008 ce millésime lumineux est un millésime assez tardif. Il a donné naissance à des vins stylés, qui offrent, quand ils sont réussis un beau potentiel de garde.
Cuvée 1858 très « cornalin », encore sur le fruit, ce vin s’affirme par sa très jolie trame de fraîcheur, sa pureté aromatique et son équilibre. Belle réussite.
2009 un très beau millésime, assez évident, flatteur, sans que cela soit péjoratif… Ce millésime précoce, un peu atypique, a été traversé par des coups de chaleur qui ont peu être préjudiciables à la finesse de certains cépages.
Cuvée 1858 on retrouve un nez davantage marqué par le bois, comme dans le millésime 2005. Le corps généreux et offre un beau volume. Bouche sphérique, assez puissante, avec une touche confite dans le fruit. Finale stricte. Accentuée par une sécheresse perceptible au niveau du bois.
2010 on peut presque parler ici, en Valais, de millésime idéal. De la concentration, une certaine forme de puissance, mais de l’élégance aussi. Et surtout de la fraîcheur.
Cuvée 1858 un des parangons de ce que doit être ce vin. Magnifique expression aromatique, intense, diversifiée. Bouche élancée dans sa forme, tonique, avec une très belle assise aux tanins fins et fruités. Excellent !
2011 ce millésime à long cycle végétatif pourrait être rapproché de 2009, mais avec davantage de fraîcheur. Il fut notamment très favorable aux cépages tardifs.
Cuvée 1858 Encore une très belle réussite avec ce vin fringant, bien articulé, qui associe fruits noirs, notes poivrées et florales. Le vin est plus expressif, plus immédiat, que le 2010, mais je lui préfère le 2010 qui, à mon sens, ira plus loin.
2012 Millésime plus difficile, assez frais, avec une importante pression d’oïdium. La maturité, sur certains cépages tardifs, a été difficile à obtenir.
Cuvée 1858 C’est un vin encore en élevage que nous goûtons. On se trouve dans ce millésime à parité égale entre cornalin et humagne. Le vin est équilibré, plein de promesses et devrait plaire par son charme immédiat.
En conclusion. Comme l’a illustré la dégustation de ces huit vins, la cuvée 1858 est en train de trouver ses marque et de s’imposer comme une référence dans le cercle encore très étroit des vins d’assemblage. Une évolution stylistique certaine a déjà été perceptible à travers cette verticale. Sans doute ses plus belles expressions sont-elles encore à venir ? L’intégration d’un troisième cépage pourra sans doute également contribuer à une meilleure synergie et complexité. Ainsi qu’une esthétique privilégiant la finesse davantage que la puissance. Ainsi, en dépit de son nom (réduit à un millésime, qui est celui de la date de naissance de la maison Bonvin), cette cuvée a un très bel avenir devant elle. Et on devrait en reparler bientôt.
Pour l’anecdote, le millésime 2011, dégusté récemment par les compères Larsson et Del Monego dans Tasted Journal, à l’aveugle comme il se doit, a obtenu la note quasi stratosphérique de 95. Très récemment également, le dr Alain Raynaud, consultant de la maison Bonvin depuis un an, a fait goûter officieusement le 1858 versus 2011 à Robert Parker qui n’a pas tari d’éloges sur ce vin.
La dégustation de cuvée 1858 que j’ai eu le plaisir de coordonner s’est déroulée le mercredi 12 février dans un salon du Beau-Rivage à Ouchy en présence d’un public de journalistes et de sommeliers, ainsi du team Bonvin1858 : M. Serge Sierro, président. M. André Darbellay, Thierry Delalay, œnologue. Manquait Christophe Bonvin, directeur adjoint, retenu ce jour-là pour raisons professionnelles à Berlin.
La dégustation fut suivie d’un déjeuner léger et enjoué au restaurant Anne-Sophie Pic.
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[…] Assemblage, 1858, Charles Bonvin 2010 Boisé légèrement caramélisé avec des notes de fruits frais tirant sur la menthe et évoquant la climatologie tardive du millésime. Attaque vive, acidité importante légèrement dissociée du vin, peut-être due à une phase de fermeture et donc fermeté tannique. Difficile à cerner ce soir là, il semble urgent d’attendre. A suivre. […]