Profitant d’une soudaine trouée, j’ai réussi à me faire une place au soleil, pour déguster les vins d’un producteur connu. Me voici en train de goûter un vin, noir comme le fond d’une pétoire, atramentaire, rugueux, véritable pumpernickel liquide ! Je suis un brin sceptique mais la vie est belle et, c’est bien clair, on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans…
Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche …
Deux jeunes filles originaires sans doute de la région de Martigny (je dis ça d’oreille : musique de l’accent chantant) sont venue se lover entre l’encoignure du stand et moi. L’une d’elles fume avec l'allégresse d'un pompier qui a vu tomber les Twin Towers; l’autre m’observe avec l’application d’une entomologiste :
– Dites, vous notez quoi sur votre carnet ?
– Dites, vous notez quoi sur votre carnet ?
De la fumée s’échappe en volutes des narines de ma voisine, pendant qu'elle hume avec application le vin. Elle monte lentement vers le ciel, la fumée, se confond avec lui. Où va-t-elle ? Où vont les jours ? Qui peut le dire ? Peut-être vers une autre planète, à 2 millions d’années-lumière d’ici ? Une planète menacée de destruction parce que deux soleils rivaux se mènent une guerre sans merci. Cette planète est connue. Elle s’appelle également Vinéa. Heureusement, Yoko Tsuno veille sur elle ! Et peut-être sur nous ?

Samedi après-midi. C’est la cohue au centre de la Cité du Soleil. La Street Wine Parade bat son plein ! Voici la dix-septième édition de Vinea qui après s’être internationalisé depuis belle lurette, se nationalise et devient le Portail suisse du vin avec des présences affirmées de vins vaudois, tessinois, genevois.

Visiblement, le Salon des vins suscite chaque année l’événement. C’est là qu’il faut être, se retrouver, en groupes, en petites constellations, parfois trans-générations ; en tribus bigarrées, avec leurs codes vestimentaires, leur piercing, leurs tatouages. Ou en solo, Eastpack avachi sur le dos, boots de biker, nombril à l’air.
La plupart hélas tiennent leur verre à l’envers, comme une bouée de sauvetage à laquelle on s’agrippe : c’est le détail qui tue ou, disons, celui qui trahit le béotien, malgré toutes les poses adoptées pour donner le change…
Ceci, malgré une excellente initiative, la création, cette année, de deux ateliers d’initiation à la dégustation destinés au moins de 25 ans.
Ceci, malgré une excellente initiative, la création, cette année, de deux ateliers d’initiation à la dégustation destinés au moins de 25 ans.

Fabienne et Marc-Henri Cottagnoud : regarde la vague !
Je tente de garder le cap, fendant la foule, de plus en plus compacte. Certains stands sont pris d’assaut, comme des vagues successives s’emparent d’une île, la transformant bientôt en un souvenir d’île.

Jean-Charles Favre, pas plus impressionné que ça par la foule mais, lui aussi, est à l'extérieur de son stand !
Je veux saluer des amis viticulteurs. Certains ont apparemment déserté leur stand, le confiant à leur arrière-garde. Eblouis par tant de succès, un peu effrayés peut-être par cette gloire, ils croisent dans les parages, cherchant le réconfort d’une âme charitable.
D’autres, et non des moindres, ne sont pas venus, préférant sans doute rester sur leur île.
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L’Humagne blanche 2006 de Jean-Claude Favre (Excelsus) et son petit air de viognier.
L’Amigne flétrie Confidenciel 2004 de Fabienne : succulente (passion, abricot, rose, orange, noix de coco, ananas rôti, … et quelle structure) !
Ma foule de dimanche était Langonnaise, avec les vignerons des Graves (qui peinent à vendre leur vin semble-t-il).
On nous a demandé, dans les flonflons, pourquoi nous tentions de découvrir 12 vins à l’aveugle et comment nous nous y prenions …
http://www.langon33.fr/cult_spo/...