Soudain tout change. Il se passe quelque chose d’incroyable : dans le fleuve de ses mots, beaucoup sont en train d’entendre le bavardage infini auquel ressemble leur vie même. Le désarroi dans les travées est soudain palpable, physique même. Certains s’évanouissent. D’autres s’effritent. Cette vérité leur est pénible. On demande au conférencier de se calmer, d’adoucir son propos. Rien n’y fait. Il dit : je pourrais vous parler des faux problèmes, de l’issue de la crise, des nouveaux paradigmes économiques ou de la famine dans le monde. On ne m’a pas mandaté pour ça. Je suis ici pour vous dire la vérité et cette vérité est notre miroir ! Regardons-nous ! Regardez-vous !
La tension monte. Silencieux jusque là, les oiseaux se sont réveillés. Au perchoir, les perroquets ont pris la parole. Ils ricanent, cancanent, vocifèrent. Sûr que ces clameurs s’entendent sur les hauteurs, à une ou deux portées de cor des Alpes. Ils jasent des mots-boomerangs, des mots contondants qu’ils sont allés pêcher dieu sait où. L’omniprésident contemple l’assistance avec un étonnement mêlé d’une forme d’excitation. Il a l’habitude de ce genre d’esclandre. Son épaule droite tressaille nerveusement. Pour se protéger, il construit un petit mur intérieur entre ce tumulte et son doute. On ne s’entend plus. Ça claque, ça clavarde, ça twitte dans les cabines de presse. Les journalistes envoient des messages qui ressemblent à des débuts de panique. Dehors, rien n’a changé. Les nouvelles sont alarmantes : le chef de la sécurité a été retrouvé sans vie. C'est la guerre.
4 Comments
"Mr. Ciganer-Albéniz" (Cécilia)
http://www.combourse.com/News/Ri...
Il faut souvent se méfier des gens qui ne boivent pas.
Pascal,
Les forts en (abs)tème ! 🙂
Give me back the Berlin Wall
Give me back Stalin and Saint Paul
I’ve seen the future, brother:
It is murder
(Leonard Cohen)