Lorsque tous les vacanciers en goguette ont enfin pris place, avec le retard prévu, dans l’Airbus A320 de Swiss et s’apprêtent à entendre le feulement rassurant des réacteurs, le Commandant de bord (dont je tairai le nom) s’adresse enfin à ses protégés pour leur dire, d’une voix neutre et avec un accent pittoresque, nourri peut-être au lait des vertes prairies de la région de Gerlafingen, que ça y est, maintenant que tout le monde est dans l’avion, l’avion ne va pas partir parce qu’un membre de l’équipage (le commandant lui-même peut-être ?) a perdu sa casquette, qui est allée se loger dans le système de climatisation (sic !)… Et rebelote. C’est reparti pour 45 minutes d’attente, en plein cagnard, sur le tarmac… système de climatisation débranché ! Que croyez-vous qu’il se passât durant ce moratoire supplémentaire ? Rien. Si ce n’est les hurlements des bébés qui, visiblement, n’ont aucune envie de partir en vacances. Surtout dans ces conditions… Et la stupeur résignée de tous ces passagers en attente d’accéder au paradis. Et le personnel dit de cabine ? Absent. Sans doute toutes et tous occupés à ramper dans le labyrinthe du système à la recherche de la récalcitrante casquette !
Finalement, après trente minutes de suspens digne d'un film-catastrophe imaginé par Ulrich Zwingli lui-même, on vit quelques Heidis ébouriffées et suantes, nattes au vent, revenir sur la scène, triomphantes : elles venaient offrir à la cantonnade un verre d’eau aux passagers en voie de déshydration. Geste incroyable, tout empli d’une admirable prodigalité. Au moment même, venant souligner encore ce triomphe, grésillait dans les hauts-parleurs la voix triomphale du chef suprême : » Ici, le commandé… ach, pardon… le commandant du Bord : elle est retrouvée ! Quoi ? La casquette ! On va pouvoir mettre en marche les réacteurs… dans dix minutes !
Finalement, nous décollâmes, rassérénés, avec plus de trois heures de retard sur le programme. Pour accompagner l’ersatz mini-pizza calzone qui fut offert à notre appétit – le départ initial était programmé à 11.30 – quelques-uns se consolèrent avec une topette du seul vin proposé à bord, un vin rouge australien qui titrait allègrement 15 %, carefully selected by Coop Basel…
Après les fortunes diverses que notre fleuron national a connues durant ces dernières années, nous voici en tout cas pleinement rassurés sur sa capacité à surmonter les aléas, à gérer les imprévus et ce, quels qu’en soient les motifs ! La suite, c’est sur www.tetesaclaques.tv
Dîner ce soir, face à l’Acropole. Une amie grecque a réservé depuis un mois déjà une table dans cet établissement en me promettant que c’est la plus belle vue que l’on puisse avoir sur Athènes et le Parthénon. Promesse tenue. Les dieux lui donneraient sans doute raison. Moment de grâce après ces péripéties. L’adresse ? Je vous laisse un numéro de téléphone (210 3422897-210 34 67 554). Vous saurez très bien vous débrouillez-vous avec cela mais ne l’ébruitez pas.
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