Sur les 800 ha que compte l’appellation Pomerol, on peut délimiter quatre grands secteurs, qui correspondent à des formations et structures de sols différentes au niveau géologique. Pour simplifier : argiles, graves, argilo-graveleux, terroirs plus sableux, concrétions ferro-manganiques.
Celui du centre de l’appellation est un des plus prestigieux : c’est le plateau de Pomerol, situé autour de l’église. Il est constitué de sols bruns à texture gravelo-sableuse (avec beaucoup de graviers et de cailloux). C’est là que se trouve le terroir de l’Eglise-Clinet qui, grâce aux pentes naturelles et à un réseau de drains centenaire, bénéficie d’un excellent régime hydrique.
1. Autour du Chêne : graves argileuses qui donnent des tannins très doux, très tendre et une belle complexité. C’est là que se trouvent la majorité des cabernets francs.
2. Deux parcelles en face de Clinet
• La Buzette : donne un ph plutôt élevé et un degré plus faible (autour de 13 degrés) mais très intéressante par l’allonge et la longueur qu’elle amène dans l’assemblage.
• Les Grands Vignes : c’est un terroir plus argileux, qui est vendangé 4 jours après les autres vignes de la propriété. C’est là que se trouvent les plus vieilles vignes de la propriété (environ 70 ans). On y trouve un peu de cabernet franc et, même, du Noir de Pressac, mais ce dernier est anecdotique. Cette parcelle donne les plus hauts degrés et les indices de tannins les plus importants.
Jeunes vignes et vieilles vignes : « depuis 2007, on a fait le choix d’intégrer dans l’assemblage toutes les jeunes vignes mais il faut dire qu’elles sont plantées à haute densité (8000 pieds/ha), qu’on maintient une surface foliaire très haute et des rendements très bas.
En fait, tout le terroir historique de l’Eglise-Clinet rentre dans le grand vin, tous les ans ! La Petite Eglise n’est pas le deuxième vin de l’Eglise-Clinet, c’est une autre interprétation du Pomerol, plus merlot !
Encépagement
Epargnés par les gelées récentes de 1956, 1985, 1987, les ceps de Merlot 85% et de Cabernet Franc 15%, atteignent un âge moyen de plus de 40 ans. Jusqu’en 1989, il y avait 22 % de cf
Vendanges
Après la dégustation quotidienne des baies, avec une trentaine de coupeurs, elles s’effectuent rapidement grâce aux effeuillages Dates des vendanges : en général, un peu plus précoces que chez les voisins. « Je ne vendange jamais à plus de 3.70. C’est intuitif et pratique : dès que les premières baies ont le goût figue/chocolat, c’est parti, on vendange tout de suite et la parcelle est « pliée » ! Il ne faut pas tarder car le merlot, ça bascule très vite, en 2-3 jours. Je dis toujours : le merlot, c’est pour les lève-tôt et le cabernet pour les couche-tard… »
Les vins dégustés
Dans ce millésime de viticulteur avec un été mitigé, plutôt frais, à la luminosité réduite, l’Eglise-Clinet s’affirme comme une très belle réussite.
Belle robe, jeune, sombre, nez encore sur le bois. Epices, tabac, mûre, fumé, framboise. Entrée en bouche, précise, du fruit, belle tonicité, corps un peu strict à ce stade ; belle trame, serrée, dense, beaucoup de fraîcheur. Vin très droit, aristocratique, avec un beau potentiel de vieillissement.
Eglise-Clinet 2006 – 90 % m – 10 % cf
Un millésime très contrasté avec des mois de juin et juillet très favorables (notamment un mois de juillet caniculaire), puis un d’août très frais, humide même dans la deuxième partie. Début de septembre chaud et sec qui a enclenché le processus de maturation. Pluies importantes dans la deuxième quinzaine de septembre.
Le nez s’avance sur des notes un peu lactées, touche florale (violette). Vanille. Entrée en bouche, caressante, suave avec une reprise immédiate, très jolie trame sur un tanin noble, nuancé (malgré l’avis de certains participants qui lui ont trouvé un tannin un peu dur…)
Sortie abondante puis pluies, floraison hétérogène. Juillet et août, assez frais, pluvieux. A nouveau, un peu comme en 2001, septembre sauve le millésime. Plus favorable globalement aux cabernets qu’au merlot.
Une année aux rendements assez généreux. Eté contrasté. Juillet assez chaud. Août mitigé. Pression de maladies cryptogamiques. Septembre et octobre, très favorables, permettent de sauver le millésime.
Floraison homogène. Juillet mitigé avec une pluviométrie supérieure à deux fois la normale. Amélioration incontestable durant la dernière semaine de juillet et le mois d’août. Mais le plus beau cadeau qui va contribuer à sauver le millésime, c’est le mois de septembre régulier qui va favoriser une maturité lente et régulière du raisin.
La modification du cuvier a, pour la première fois, permis de faire une sélection parcellaire beaucoup plus précise
Eglise-Clinet 2003 90 % m -10 % cf
Belle robe sombre. Nez sur les fruits rôtis. De la générosité dans l’expression aromatique, sans rien de cuit. Floral, réglisse. Très noble nuance de havane. Bouche somptueuse : il synthétise à lui seul le « génie » particulier des 2003, quand ils sont réussis. Grande texture veloutée. Un vin d’une gourmandise exceptionnelle. Tel il était en dégustation Primeur, tel il est resté ! Irrésistible !
Eglise-Clinet 2005
Robe sombre. Nez impénétrable de prime abord. Notes grillées, épicées, minérales. Réglisse, beaucoup de profondeur au nez. Superbe densité. Bouche magnifique, dynamique, superbe tension, sans rigidité aucune, tannin dense, aux nuances aromatiques de tabac, charbon. Immense sève finale. C’est une bouteille magnifique, dense, taillée pour la longue garde. Très difficile à déguster maintenant (ce vin a même décontenancé certains participants) Très longue garde prévisible !
78 % m – 22 % cf
Mi-juillet personne n’aurait parié sur l’extraordinaire réussite du millésime 2000. Le mois d’août (très chaud et très sec) et le mois de septembre, ont sublimé ce millésime généreux.
Récolte abondante. Juin, juillet et août furent parmi les mois les plus chauds des 40 dernières années.
Les conditions climatiques que le Bordelais a connues jusqu’au début septembre furent celles d’un millésime précoce.
Les pluies du mois de septembre permirent de débloquer les merlots qui ont atteint des niveaux de maturité proches de 1989 et de 1990.
Eglise-Clinet 1989
Jusqu’en 1989, le vignoble de l'Eglise-Clinet comprend 22 % de cabernet franc
Le millésime le plus précoce depuis 1893 ! 1989 porte toutes les caractéristiques de l’année bénie des dieux, année chaude, abondante, avec des précipitations inférieures à la moyenne.
4 Comments
Merci pour ces pistes.
En horizontale 99 en mars 2009, très beau Eglise-Clinet 99 (16/20+) : fin et de belle garde.
Mon préféré est le 1988, frais, racé.
Comme je suis d’accord avec toi, cher Jacques, Denis Durantou est toujours passionnant, et ses vins lui ressemblent, d’une matière sérieuse qui a souvent beaucoup de choses à dire, et ce rien d’espièglerie, de vitalité (2004, 2003 et sans doute 2009), ah , ça j’aime!
On est indiscutablement avec lui au sommet de l’appellation.
Magnifique découverte d’une identité de terroir, qui, je crois, en a ravit plus d’un(e) ! 🙂 Malgré une petite remarque sur une tendance herbacée prononcée sur le 2002, la volée n’a souffert d’aucun commentaire négatif; "c’est deux vins très propres, pas de brett, pas de faux-goûts, pas d’odeur de cheval qui transpire à l’écurie, tout va bien!" comme l’a remarqué l’un des dégustateurs présent (sur 2006 et 2007)… Bref, on retrouve la maxime que Denis Durantou a fait sienne; "Tout doit faire du grand vin"! Et on se réjouit de voir l’évolution de certains millésimes, comme le 2005 ou même le 2004 auquel j’accorde ma préférence!
Je comprends que le Docteur a encore été égal à lui même…
La maxime de Denis Durantou – "Tout doit faire du grand vin" – me rappelle ce que nous disait JM Comme cette année, lors des primeurs, pendant que nous goûtions l’échantillon de Pontet Canet 2009.