Je demande au vin rouge que je bois à la fin de chaque jour une douceur qui irradie progressivement les organes du corps. Il s’écoule en eux. Il irrigue le sexe. Il suscite une mémoire plus vaste de chaque sens. Il donne une impression plus étendue à la mémoire – même si en vérité il l’efface. Il impose une tristesse et une lenteur trébuchante et progressivement magnifie les gestes. Il ajoute à la joie tout d’abord la parole puis l’embarras qui la gagne et peu à peu la détruit. Il soumet enfin au silence.
Pascal Quignard, Les Paradisiaques
Pascal Quignard, une des rares voix originales dans le paysage littéraire francophones.
5 Comments
… quant à "La Grande beuverie" de René Daumal, c’est un texte qui dépote! J’ai produit un commentaire à son sujet sur mon blog, ici:
fattorius.over-blog.com/a…
Vous noterez en particulier que le narrateur a soif tout au long du récit: personne ne lui sert de vin!
Quignard, enfin, fait effectivement partie des tout bons écrivains francophones de notre temps; mais il n’y a pas que lui… il y a aussi de très belles voix en Suisse, et aussi en Afrique et ailleurs.
http://www.cgjung.net/jbies/pres...
J’ai eu le bonheur de déjeuner chez Jean Biès il y a quelques années.
Il m’a offert sa thèse dédicacée : une somme (littérature française et pensée hindoue des origines à nos jours).
Je tiens son livre "l’Inde ici et maintenant" comme l’un des plus beaux consacrés à ce pays continent (que j’adore et qui me fascine).
On pourra avantageusement lire une petite partie de sa contribution ici : nicol.club.fr/ciret/rechn…
Daumal s’est beaucoup inspiré de Gurdjieff et de René Guénon (la crise du monde moderne) pour aborder le thème de la dissolution du monde.
Le monde est il soluble dans l’alcool?
(Je sais bien c’est mauvais, mais je n’ai pas pu m’en empêcher)
Daumal, R. Gilbert-Lecomte, le Grand Jeu ! Que d’émotion. Je l’ai découvert à l’âge de 15 ans. Il ne m’a plus quitté. J’écrirai un jour un post sur Daumal. "Il faut qu’un vienne et dise :"Voici, ainsi sont ces choses. Pourvu que ceci soit montré, qu’importe celui qui peut dire : J’ai fait la lumière.
Et la lumière, aussi bien, n’est à personne." (R. Daumal, Clavicules d’un grand jeu poétique).
Merci d’avoir relancé le débat !