J’ai la chance de vivre de l’intérieur depuis presque quinze ans l’aventure du GJE et j’aimerais préciser ceci, quitte à répéter certaines évidences :
• il n’existe ni objectivité ni absolu du goût ;
• de même que nous ne sommes jamais naïfs devant les œuvres d’art, nous goûtons les vins avec les représentations que nous construisons en permanence sur cet archipel complexe et mystérieux des saveurs, des textures et des formes ;
• personne ne peut prétendre détenir l’essence de ce que serait le grand vin de Bordeaux ou le grand vin de Barolo. Ou alors ce serait passer du goût libre et évolutif à l’idéologie du goût ;
• cela ne signifie pour autant que tout se vaille et que le règne de la subjectivité totale soit désormais notre seul horizon ;
• le pannel des dégustateurs recrutés par François Mauss constitue une synergie tout à fait exceptionnelle de compétences, et de sensibilités ;
• la rigueur et les conditions de la dégustation telles qu’elles prévalent au GJE ont peu d’équivalent à ma connaissance….
• ces dégustations, faut-il le préciser, ont lieu à l’aveugle ; seuls ceux qui ne s’y sont jamais réellement frottés (tant il est réconfortant d’assurer ses arrières !) peuvent mettre en doute la validité de cette approche ;
• les résultats font l’objet d’un traitement statistique très « pointu » de la part de Bernard Burtschy ;
• il existe, peut-être, une sensibilité du GJE. Comme tout le reste, celle-ci est évolutive et plurielle. Regardez le classement suivant. On ne pourra pas, cette fois-ci, nous reprocher d’être résolument orientés merlot, même si quelques grands rive droite s’en sortent brillamment ;
• le classement de certains vins me surprent (par rapport à ma propre hiérarchie) mais ne me choque pas.
Monbrison dans les 20 premiers ? C’est sans doute une des « affaires » qui restent à faire dans ce millésime.
La position de Latour ? Elle diffère de la mienne mais il est vrai que j’adore Latour. Malgré tout.
Le rang de Margaux ? A mon avis, une des deux bouteilles n’était pas irréprochable et comme les deux bouteilles sont mélangées. Dommage…
Il faut souligner également la magnifique tenue de Smith-Haut-Laffite et du Domaine de Chevalier.
Et dire qu'il y a des gens à Bordeaux qui boudent !
1 Pape-Clément
2 Lascombes
3 Lafite-Rothschild
4 Mouton-Rothschild
5 Ausone
6 Montrose
7 Haut-Marbuzet
8 Smith-Haut-Lafitte
9 La Gomerie
10 Clerc-Milon
11 Ducru-Beaucaillou
12 Domaine de Chevalier
13 Prieuré Lichine
14 Haut-Condissas
15 La Mondotte
16 Léoville Poyferré
17 Valandraud
18 Monbrison
19 Virginie de Valandraud
20 Palmer
21 Le Petit Mouton
22 Le Gay
23 La Mission Haut-Brion
24 Pichon Baron
25 Angelus
26 Malartic – Lagravière
27 Rol-Valentin
28 D'Armailhac
29 Gracia
30 Latour
31 Larcis Ducasse
32 Margaux
33 Troplong-Mondot
34 Cheval-Blanc
35 Lafon Rochet
36 Pavie-Macquin
37 Monbousquet
38 Canon La Gaffelière
39 Les Grands Chênes
40 Le Bon Pasteur
41 Marojallia
42 Fleur Cardinale
43 Balthus
44 Tour Seran
45 Haut-Brion
46 Beau – Séjour Bécot
47 Clos l'Eglise
48 Pichon Comtesse
49 Dassault
50 Branas Grand Poujeaux
51 Petrus
22 Comments
Merci pour ces repères (le classement de Petrus est surprenant mais ne me choque pas).
Lors de la récente verticale de Montrose, le 2005 a fait très forte impression :
http://www.invinoveritastoulouse...
"Richesse, fraîcheur pour un vin profond et fruité, tannique et glycériné, qui se boit à la manière des premiers crus 2005 dégustés sur fût".
Et un beau débat sur les mérites comparés 2003/2005.
Voici ce qui nous attend dans quelque temps :
http://www.invinoveritastoulouse...
Vous noterez l’absence de premiers crus …
Je regrette que le monde du vin sur la toile est dans un climat de performances, de cotations, de comparaisons, de polémiques et de compétitions… Cela me fait penser aux sports de montagne, le regretté Patrick Bérhault pratiquait l’escalade avec plaisir, la cotation ne lui parlait pas, la compétition l’agaçait. Pourrions-nous aussi trouver simplement le plaisir de partager et de savourer un vin comme une belle voie d’escalade.
fr.youtube.com/watch?v=Vr…
Superbe cette video de Berhault : la séquence de libre dans les Calanques est assez stupéfiante. Bérhault a d’ailleurs toujours refusé de pratiquer l’escalade de compétition. Merci Christophe ! Cela dit, les classements, la hiérarchisation tous azimuths, la performance sont à la fois la dynamique et la limite de nos sociétés. La polémique (stérile), leur plus dangereux écueil. Et, malheureusement, internet favorise, souvent sous le couvert du pseudo, ce genre de pratiques, disons souvent lâches…
Impressionnant ; j’ai toujours trouvé ce genre d’activité surhumaine …
Janis Joplin à la voix ?
Je suis stupéfait de la concordance de ces résultats et de ce de RParker. Je me rappelle que les deux vins qui ressortaient en combinant les tout premiers commentaires de RP et le prix de sortie étaient…Lascombes, Pontet Canet et Pape Clément. Loin d’y voir quoi que ce soit de négatif, comme certains imbéciles, je trouve que cela prouve au contraire l’extraordinaire clairvoyance de Parker. Bravo pour la rigueur du GJE et tous ses efforts. Il sera passionnant, pour tout amateur, dans la quiétude de son anonymat, de vérifier par soi même en débouchant ses bouteilles remplies d’espoir! Merci
Bien vu Nicolas ! C’est amusant de voir que personne ne monte au créneau chez LPV ou ailleurs pour accuser Parker d’incompétence…
Et oui ! Avec l’immense Janis Joplin pour accompagner ce ballet !
Toujours aussi philosophe… C’est vrai qu’il y a une certaine dynamique pour notre société dans la classification, la performance et le reccord. Mais quand cela divise, déchire et fabrique de la haine, je n’aime plus.
Je vais en débattre avec Dr Chabloz et discuter de la cuisine de Monsieur Roelinger qu’il connaît parfaitement. Petite question, les magnifiques épices de la maison du Bricourt seront toujours présentes sur le marché ?
Pour finir, je trouve que notre monde actuel manque cruellement de contemplatifs.
http://www.dailymotion.com/video...
" Ne disons plus qu’il n’est qu’une sorte de Lutte: sur cette terre, il en est deux. L’une sera louee de qui la comprendra, l’autre est a condamner. Leurs deux coeurs sont bien distants."…et caetera
Christophe,
Joli film, en effet …
A priori, les épices continuent (j’adore cette boutique du coeur de Cancale, qui se trouvait auparavant du côté de la maison Richeux, dans un ancien hangar réaménagé).
Il faut que j’achète ce livre à la librairie toulousaine "ombres blanches" la semaine prochaine :
http://www.chapitre.com/CHAPITRE...
Christophe, Bérhault tout à l’heure, maintenant les Chartreux… J’ai le coeur fragile. Je sens que je vais me retirer au désert. Saluez le Dr Chabloz de ma part…
La vidéo de grimpe de Berhault est "à tomber par terre", pour faire un exécrable je de mots… je ne connaissais pas et donc découvre : c’est assez ahurissant. Sur certains plans on se demande où est le haut et ou est le bas ?! Merci pour le lien.
Concernant le choix de noter ou pas, je pense qu’il y a de la place pour tout le monde, pour toutes les approches et sensibilités. Tant que chacun respecte les autres et se montre respectable. C’est aussi cela qui fait la richesse du monde et de l’être humain…
Grand Jacques :
Si tu le souhaites, tu pourrais mettre la photo de Berhault avec les grands chefs quand on l’a rencontré, grâce à toi, chez Carrier pour le GJE. Envoyé par email.
Comme Desmaison vu le même jour, ce bonhomme m’avait impressionné par son calme et son immense sérénité.
Un grand moment d’élévation.
Christophe : oui, les classements, les hiérarchies peuvent déchirer. Mais dans de telles circonstances, c’est qu’on a à faire avec des olibrius qui n’acceptent simplement pas qu’on pense différemment d’eux. Et comme sur le net, tout le monde a le droit de s’exprimer, il faut faire avec.
Je remarque simplement que si le Grand Jacques a un ton bien plus consensuel que le mien (il est bien plus sage alors que je peux très vite monter en température), il faut surtout souligner la qualité que je trouve exceptionnelle des interventions des lecteurs sur nos deux blogs.
Croyez bien que c’est là, et de très loin, notre plus grande fierté.
J’oubliais : n’étant pas familier avec YOUTUBE : on peut sauvegarder sur DD les petits films qu’on apprécie ?
Quelqu’un me dit comment ?
merci d’avance
François,
Un blog est forcément une zone plus protégée que celle d’un forum (fort homme, où la dimension pénienne est parfois inconsciemment source de conflits aussi violents que stériles : http://www.mediapart.fr/club/edi...
Encore plus quand les interventions sont filtrées par l’animateur
(nous, sur invinoveritastoulouse.fr, simple site, nous sommes d’une certaine manière encore plus isolés, mais les interventions y sont les bienvenues).
J’apprécie beaucoup, je l’ai déjà dit, vos 2 blogs, éclectiques et enrichissants.
Ils sont pour moi des zones d’oxygène, de surprise, d’interrogation, de reliance …
Pour une raison que je ne m’explique pas, le lien précédent n’est pas le bon.
Je voulais vous envoyer ici : http://www.liberation.fr/societe...
La vérité sur le Grand Jury Européen et la « méthode Mauss »
Les critiques fusent sur internet lors de la parution des résultats de chaque session du GJE. Parfois acerbes, vindicatives, de véritables attaques en règle. Sont-elles justifiées ? Oui bien sûr s’il y a triche, et si le sourire bonhomme et affable du Président MAUSS tel qu’on peut le voir sur son site web est aussi authentique et sincère qu’une bouteille de Pétrus falsifiée !
Il est donc temps de mettre au grand jour le fonctionnement de ce système que d’aucuns qualifient de magouilleux. Pour cela, bien qu’étant extérieur au monde du vin, j’ai réussi à m’infiltrer au sein de ce jury, et ai pu analyser à loisir la façon dont les choses se déroulent réellement, du début à la fin. Comment ? En participant à l’organisation de ces sessions de dégustations, jusqu’à l’analyse des scores écrits de la main même des dégustateurs. Je connais et cotoye très régulièrement Mr Mauss depuis plusieurs années, puisque nous sommes voisins à Bordeaux, et en 2006 il m’a demandé un jour de l’aider à prendre en charge l’intendance, les petits bras habituels s’étant faits porter pâle. De simple buveur d’eau curieux par nature, je suis rapidement devenu accro et amateur, modeste bien évidemment, devant les pointures qui se mesurent en toute humilité aux joutes de la dégustation à l’aveugle.
La vérité sur le Grand Jury Européen et la « méthode Mauss » (2)
Je participe donc désormais à toutes les sessions du GJE depuis le « Jugement de Sauternes » de Château Guiraud. Je range, anonymise, débouche, « emmagnumise » avant de répartir dans les verres, assistant au mieux le sommelier Alexandre Wagner qui goûte chaque bouteille. J’ai même l’occasion de déguster, lorsqu’il reste un poste vacant, suprême honneur. J’ai en main les originaux des feuilles de notes, puisque c’est moi qui saisis celles-ci dans le tableur excel qui sert de base à Bernard Burtschy pour les calculs statistiques qui débouchent sur les classements.
Amateurs de sensationnel, vous allez être décus. En effet, ce que François Mauss affirme et répète inlassablement est entièrement vrai. A part le millésime et l’appellation, les dégustateurs ne savent rien, et ce jusqu’au débriefing, le seul moment où ils découvrent l’étiquette, après avoir écouté les avis des uns et des autres. D’où parfois de grands moments de solitude, lorsqu’un professionnel ou un amateur, interrogé au hasard, tient sur un cru un discours qui détonne.
Le Sahara paraît tout petit lorsque c’est le producteur en personne qui dénigre son enfant, comme cela arrive parfois.
La vérité sur le Grand Jury Européen et la « méthode Mauss » (3)
L’ordre d’anonymisation des bouteilles est défini au hasard à la dernière minute par le très élégant Maître Paolo Barrachino, avocat de son état, juste avant ouverture, et même François Mauss ne le connaît pas. Mes connaissances en statistique sont limitées, mais les résultats officiels sont tout à fait cohérents avec les estimations qu’il m’arrive de faire avec des calculs simples, sur tel ou tel cru qui m’intéresse plus que les autres. Voilà, il n’y a pas de complot, en tout cas pas du côté que certains suggèrent, mais peut-être, de l’autre bord, tout simplement des jalousies.
Merci Jean-Luc pour cet insider feed-bac qui devrait faire taire bien des fantasmes.
Je précise ici que dans la "vraie vie" (au GJE c’est un peu comme un rêve selon ses dires !), Jean-Luc Taupin est professeur d’Immunologie – Praticien hospitalier, au CHU et Faculté de Médecine de Bordeaux.
kauhajokinyt.fi/~jplaitio…
Juste une précision, le bordelais c’est la fierté de toutes la france! personne ne peut nier que les meilleurs vin de table au monde provienne de bordeaux.