Première série :
• Cornélie Lors de la dégustation des Primeurs 2006, j’avais eu le plaisir de découvrir ce vin produit par M. Grisard, le régisseur de Sénéjac. Le vignoble est situé sur St-Sauveur, à côté de Pauillac. Issu de 51 % de merlot et de 49 % cabernet-sauvignon. Il figure ici comme vin de « mise en bouche » et comme outsider (il n’était pas annoncé dans le programme…)
Robe grenat. Nez frais, fruits noirs, poivron rouge, une certaine race. Même s’il joue un peu sur le bois, on trouve ici une jolie fusion.. Entrée en bouche stylée. Très fruits rouges. Belle fraîcheur. La trame est bien découpée avec un tannin nuancé, légèrement réglissé. Agréable persistance mais manque un peu de relief.
Note : 88
Robe grenat. Nez frais, fruits noirs, poivron rouge, une certaine race. Même s’il joue un peu sur le bois, on trouve ici une jolie fusion.. Entrée en bouche stylée. Très fruits rouges. Belle fraîcheur. La trame est bien découpée avec un tannin nuancé, légèrement réglissé. Agréable persistance mais manque un peu de relief.
Note : 88
• Haut-Bailly Superbe nez, très nuancé, associant des notes de fruits mûrs d’une grande distinction avec des notes mentholées et florales plus fraîches, ainsi qu’un rappel de fumée. La ligne en bouche est d’une grande élégance, sur une forme élancée, dense, ascendante. Beaucoup de vinosité sur la finale qui éclate en complexité. Remarquable.
De loin la plus belle robe de la série. Fruits noirs, fumé, nez sur la réserve de prime abord. A l’ouverture, il révèle des notes épicées et boisées avec une touche de cuir. Dommage qu’il ne soit pas plus précis et, même, plus « pur ». Les notes animales s’accentuent à l’ouverture (deux bouteilles identiques). Attaque charnue, dense, de la pulpe, et une trame serrée, beaucoup de développement. Grande vinosité et finale dense et soutenue.
Note : 92
De loin la plus belle robe de la série. Fruits noirs, fumé, nez sur la réserve de prime abord. A l’ouverture, il révèle des notes épicées et boisées avec une touche de cuir. Dommage qu’il ne soit pas plus précis et, même, plus « pur ». Les notes animales s’accentuent à l’ouverture (deux bouteilles identiques). Attaque charnue, dense, de la pulpe, et une trame serrée, beaucoup de développement. Grande vinosité et finale dense et soutenue.
Note : 92
• Pavillon rouge de Margaux 40 % m – 5 % pv et cf et le reste en cs. Robe grenat d’intensité moyenne. Un peu d’évolution. Il est sur le tabac, les épices, le bois de cèdre. On devine une certaine noblesse mais le fruit est un peu en retrait. Attaque douce, fluide, élégante ; très jolie texture. Cœur de bouche souple, tendre, très « merlot ». Finale équilibrée avec une évidence de style dans la tannicité, très fine. Même si, dans cette série Haut-Bailly est sorti largement vainqueur, quelques participants ont repéré la « brillance » particulière des tannins.
Note : 89-91
Note : 89-91
Deuxième série :
• Sociando-Mallet On se trouve sur un assemblage habituel du cru avec 55 % de merlot, 40 % de cabernet sauvignon et le reste en cabernet franc. Nez expressif. Belle densité de fruit, sur le cassis, la prune avec une note de fraise et de poivron mûr. Entrée en bouche large, évasée. Evolution avec une bonne continuité. Milieu de bouche souple et finale séveuse aux tannins épicés.
Note : 90
Note : 90
• Haut Condissas, Médoc Robe très dense, légère évolution dans la couleur. Nez boisé ( passage en carafe indispensable) : café, épices, notes grillées et balsamiques. Beaucoup de densité de fruit derrière. La lecture en bouche est plus évidente. Corps dense, vigoureux, très bien articulé avec une finale très longue. Très beaux tannins, denses, très bien travaillés. C’est le vin qui, à l’aveugle, est sorti largement en tête dans sa série. Je le trouve, à ce stade, un peu trop boisé mais, une fois de plus, il a parfaitement rempli son rôle de trublion.
Note : 90-92
Note : 90-92
• Lynch-Bages Très Pauillac, très pur, très ciselé aussi, dans un style inhabituel. Le nez est sur la réserve, notes minérales et framboise, cassis. Corps tonique, élancé, très précis, un peu linéaire à ce stade peut-être, encore sur la réserve. Finale traçante.
Note : 93
Troisième série :
• Calon Ségur 64 % cs – 33 % m – 3 % pv. C’est la première année où intervient Vincent Millet et le vin a déjà beaucoup gagné en finesse. Robe sombre, notes grenats. Superbe premier nez. Epices, truffe, chocolat noir. Ensemble complexe, raffiné. Merveilleuse noblesse d’expression. L’entrée en bouche est charnue et dense à la fois. Très beau volume, belle amplitude sur ce vin. Finale avec de la profondeur. Beaucoup de goût et d’originalité sur ce vin. Il confirme toutes ses promesses.
Note : 93
Note : 93
• Cos d’Estournel 78 % cs – 20 % m et 2 % cf. Jean-Guillaume Prats décrit en quelques mots le Cos 2006 : retour aux sources, précis, austère, de grande garde. La dégustation en primeur laissait apparaître un vin au nez assez extraverti suivi par une bouche, richement texturée, avec une sensation médulleuse, à la trame tannique rigoureuse.
Même scénario deux ans plus tard. La robe est très sombre. Une des plus soutenues avec celle de Las Cases. Le nez est, à ce stade, encore prisonnier de notes boisées et lactiques mais, derrière, on trouve une extraordinaire densité de fruit, fruits noirs très mûrs avec des notes épicées (tabac, cèdre). Très riche, très suave dès l’entrée de bouche, il se développe sur une texture quasi médulleuse Très noble dans ses nuances tactiles malgré l’ampleur de la chair, il prend son assise sur une trame serrée aux tannins enrobés.
Dans cette série de deux vins, quasi unanimité en faveur de Cos ! Pourtant, je ne serais pas le dernier à défendre le style incomparable de Calon-Ségur !
Note : 94-96
Même scénario deux ans plus tard. La robe est très sombre. Une des plus soutenues avec celle de Las Cases. Le nez est, à ce stade, encore prisonnier de notes boisées et lactiques mais, derrière, on trouve une extraordinaire densité de fruit, fruits noirs très mûrs avec des notes épicées (tabac, cèdre). Très riche, très suave dès l’entrée de bouche, il se développe sur une texture quasi médulleuse Très noble dans ses nuances tactiles malgré l’ampleur de la chair, il prend son assise sur une trame serrée aux tannins enrobés.
Dans cette série de deux vins, quasi unanimité en faveur de Cos ! Pourtant, je ne serais pas le dernier à défendre le style incomparable de Calon-Ségur !
Note : 94-96
Photo Serge Pulfer.
Quatrième série :
• Léoville Barton C’est un grand séducteur. Beaucoup de chatoiement dans l’expression aromatique. Notes boisées, fruits noirs, cèdre, épices. Belle maturité du fruit. De la profondeur aussi. Entrée en bouche grasse, évasée, belle texture, d’une noble consistance mais sans lourdeur. Finale aux tannins réglisses. Pas tout à fait la même allonge que Las Cases mais très belle classe.
Note : 93-95
Note : 93-95
• Léoville Las Cases 85 % cs – 14.5 % m et 0.5 % cf. Avec 20 ans d’écart, la propriété comparait volontiers ici ce 2006 au fameux 1986, “mais en plus moderne !” Dans cette série il apparaît irradiant et démontre toute son autorité naturelle. Nez racé, profond. Dans l’absolu, une des expressions aromatiques parmi les plus pures et les plus précises de toute la dégustation. Notes florales, fruits noirs, épices d’une réelle noblesse. Le corps offre une architecture exemplaire fuselée, longue, serrée avec une finale impressionnante même si encore relativement monocorde dans son expression.
Note : 95
Note : 95
• Ducru Beaucaillou Couleur intense, un peu moins soutenue que sur Las Cases et très légère évolution. Le premier nez est boisé. Beaucoup de noblesse dans l’expression. Epices orientales, cèdre, encre de Chine. Très complexe. Le corps est superbe, long, ciselé, d’une classe naturelle évident. Un peu moins long peut-être que Las Cases mais un léger supplément au niveau de la complexité.
C’est le vin que les participants ont plébiscité dans la série des St-Julien : peut-être son positionnement dans la série a -t-il joué un rôle dans cette préférence ? Toujours le préjugé du glissement progressif du plaisir et du régime des intensités. Voilà pourquoi il ne faut jamais que les dégustateurs commencent tous par le même vin et suivent le même ordre.
C’est le vin que les participants ont plébiscité dans la série des St-Julien : peut-être son positionnement dans la série a -t-il joué un rôle dans cette préférence ? Toujours le préjugé du glissement progressif du plaisir et du régime des intensités. Voilà pourquoi il ne faut jamais que les dégustateurs commencent tous par le même vin et suivent le même ordre.
Note : 93-95
Cinquième série :
• Margaux
• Mouton-Rothschild On a terminé avec un flight de deux vins, toujours à l’aveugle : Margaux et Mouton. Deux styles complètement différents, presque antithétiques. L’un (Margaux) davantage orienté vers la finesse avec une forme en bouche élancée et des tannins remarquables d’élégances et de fraîcheur. L’autre (Mouton), généreux, expansif, plus sphérique dans sa forme, associant opulence et structure implacable parfaitement ajustée. Certains dégustateurs, qui avaient tendance à considérer avec un peu de condescendance Mouton, n’en sont pas encore revenus. Deux très grands vins. Deux réussites significatives des propriétés. Même si la majorité de la « landsgemeinde » (élection à main levée dans les cantons d’Appenzell et de Glaris en Suisse) s’est prononcée en faveur de Mouton, je ne voudrais pas les départager et confirme la note que je leur avais accordée en primeur : 95-97
Quelques clés pour comprendre le millésime 2006 à Bordeaux
• Jusqu'à fin juillet, les conditions étaient réunies pour que 2006 fasse partie des très grands millésimes du Bordelais.
• 2006 est un peu l'antithèse de 2005, millésime où tout est arrivé au bon moment, d'une façon harmonieuse. 2006 est un millésime complexe, technique, caractérisé par des conditions extrêmes (chaud, frais, puis chaud et humide).
• L'effet des pluies de septembre (entre 100 et 150 mm d’eau sur une dizaine de jours à partir du 16 septembre) a eu un impact différent selon les terroirs, la préparation du vignoble et les régions. Les terroirs précoces, les terroirs drainants et les coteaux s’en sortent généralement mieux.
• Millésime difficile à gérer (positionnement de la date des vendanges, rapidité d'intervention, choix de vinification), 2006 est donc, une nouvelle fois avant tout un millésime de vigneron.
• Mouton-Rothschild On a terminé avec un flight de deux vins, toujours à l’aveugle : Margaux et Mouton. Deux styles complètement différents, presque antithétiques. L’un (Margaux) davantage orienté vers la finesse avec une forme en bouche élancée et des tannins remarquables d’élégances et de fraîcheur. L’autre (Mouton), généreux, expansif, plus sphérique dans sa forme, associant opulence et structure implacable parfaitement ajustée. Certains dégustateurs, qui avaient tendance à considérer avec un peu de condescendance Mouton, n’en sont pas encore revenus. Deux très grands vins. Deux réussites significatives des propriétés. Même si la majorité de la « landsgemeinde » (élection à main levée dans les cantons d’Appenzell et de Glaris en Suisse) s’est prononcée en faveur de Mouton, je ne voudrais pas les départager et confirme la note que je leur avais accordée en primeur : 95-97
Quelques clés pour comprendre le millésime 2006 à Bordeaux
• Jusqu'à fin juillet, les conditions étaient réunies pour que 2006 fasse partie des très grands millésimes du Bordelais.
• 2006 est un peu l'antithèse de 2005, millésime où tout est arrivé au bon moment, d'une façon harmonieuse. 2006 est un millésime complexe, technique, caractérisé par des conditions extrêmes (chaud, frais, puis chaud et humide).
• L'effet des pluies de septembre (entre 100 et 150 mm d’eau sur une dizaine de jours à partir du 16 septembre) a eu un impact différent selon les terroirs, la préparation du vignoble et les régions. Les terroirs précoces, les terroirs drainants et les coteaux s’en sortent généralement mieux.
• Millésime difficile à gérer (positionnement de la date des vendanges, rapidité d'intervention, choix de vinification), 2006 est donc, une nouvelle fois avant tout un millésime de vigneron.
La suite à bientôt, les p'tits loups !
8 Comments
Ce qui me plait par dessus tout, car c’était ma grande angoise pour la session de juin, c’est que ce millésime se goûte correctement, et très probablement mieux que bien.
Grand Jacques : servi à quelle température ? Ouverture des bouteilles bien à l’avance ? Toutes en passage carafe ?
Merci de ces notes précieuses pour notre dzbriefing !
Ah ces lecteurs trop pressés de passer à autre chose.
Tout est précisé dans l’article, M. Mauss !
Sauf la température de service… Nous gardons les vins en cave de conservation (16 degrés) et nous les sortons juste avant chaque flight. Le temps de servir de déguster et c’est parfait. Enfin, je crois !
Belles pistes ..
Bizarre comme chez nous Mouton 1999 (boisé, à la structure un peu lâche et doucereuse) a fait bien pâle figure face à l’impérial Latour 1999 (vins carafés 7 heures).
Dans ce contexte, je n’ai pas eu l’impression qu’ils jouaient dans la même cour (Latour 99 à 18/20 de moyenne, Mouton 99 à 15/20).
Sensation réservée aussi sur Mouton 1986 dégusté 2 fois sans réelle conviction.
Lucian Freude artiste à la peinture sinistre, triste, froide et peu ragoûtante; par contre il est arrivé à un niveau technique exceptionnel, à tout prendre Bacon vole à 10 000 mètres au dessus
C’est Lucian Freud, Yves, un des petits-fils du célèbre Sigmund… D’accord avec vous concernant le "misérabilisme" de sa peinture (heureusement pour l’étiquette de Mouton, il s’est tenu à carreau et ne nous a pas affligé de nus débordants…). Mais où êtes-vous allé chercher, cher Yves, ce "niveau technique exceptionnel" ? Est-ce une antiphrase ?
Non: récemment sur Arte? une émission lui était consacrée et on suivait, sur la durée, son travail sur des sujets sensiblement identiques et l’on voyait très clairement l’évolution de sa "technique" vers plus de maîtrise , de densité (ce qui ne m’empêche pas d’être extrêmement réservé sur son oeuvre; aussi torturé que son papy???)
http://www.youtube.com/watch?v=k...
Moi aussi j’ai trouvé ce reportage sur Arte vraiment très intéressant 🙂
On aime ou un aime pas l’étiquette. Mais l’important, c’est le vin qui est à l’intérieur de la bouteille, vous ne croyez pas ? 😉