Avec cette déclaration liminaire de Michel Bettane sur 2007 :
"La première chose à ne pas faire avec les bordeaux 2007, et qui
a été hélas ! commise par de nombreux dégustateurs superfi-
ciels ou mal intentionnés, français ou étrangers, est de ne pas
confondre millésime faible ou moyen et millésime difficile. 2007 sera
en effet tout sauf un millésime faible ou moyen."
Quelques extraits de cet entretien.
A propos du millésime 2007 et de tous les férus de l’emporte-pièce
« Alors bien entendu, il y aura des mauvais vins, il y aura même des 2ème ou 3ème vin dégueulasses, mais les grands vins sélectionnés auront un caractère de grande année parce que les équipes ont cueilli du bon raisin. Faut-il le déplorer ? Ou faut-il qu’il y ait des millésimes de merde pour que les gens puissent se dire « je suis un connaisseur parce que j’affirme que c’est un millésime de merde.. » (MB)
A propos des prix des Bordeaux
« Pour un type qui est 50'000 fois plus riche que moi, une bouteille de Latour lui reviendra 50'000 fois moins cher. Donc des gens qui sont 50'000 fois plus riches que moi, il y en a suffisamment sur la planète pour acheter toute la production de Latour s’ils le désirent. Donc à la limite, Latour n’est pas encore assez cher, puisqu’il n’est pas encore 50'000 fois plus cher que le prix que je pourrais mettre. Si vous voulez, au niveau du monde, il y a un enrichissement qui dérape. Cette richesse se porte naturellement vers les produits de luxe. »
Comprenne qui voudra !
Quelqu'un qui n’a pas compris et qui remue ciel et terre pour dire tout le bien qu’il pense de ma prose, c’est ce (faux) ami, négociant en vins, rencontré au retour de la dégustation des Primeurs 2003 à Bordeaux, tout fébrile à l’idée de l’argent qu’il pourrait faire avec ce millésime (une peu surcoté) et que j’ai évoqué brièvement dans une lointaine Chronique impertinente.
Il s’est reconnu et, depuis, me voue une indéfectible et incrompréhensible rancune d'avoir été ainsi "croqué sur le vif" !
Samedi 3 avril 2004
« L’avion s’élève enfin au-dessus Mérigac. Qu’il est beau l’estuaire de la Gironde ! Le vignoble s’estompe dans le lointain.
Mon voisin, rencontré dans le hall de l’aéroport, rentre aussi d’une semaine de dégustation et me “tient la jambe” avec les prix de sortie, les cours de la Bourse et les notes de Parker qui engendrent mille supputations dérisoires. Mon esprit s’éloigne de cette vaine agitation et je pense à une cordée qui doit se trouver aujourd’hui, en plein brouillard, entre Chanrion et la cabane des Vignettes. Heureusement que le GPS existe ! A l’année prochaine !”
La cordée à laquelle je songeais était celle, mythique, de Berhault et de Magnin, engagée dans la conquête de tous les 4000 des Alpes.
La vie est ainsi faite.
Qu’est-ce qui est impertinent ?
7 Comments
hello Jacques, bien que je ne connaisse rien a cet emouvant monde de l’alpinisme de haut niveau, monde qui est en partie le tien, je tenais a te dire merci pour nous le faire partager par le biais de ce reportage qui me touche car je suis sensible a l’emotion et l’adrenaline que procure ces cimes.
bravo aussi pour les photo’s ou d’ailleurs Caroline est toujours si elegante ( tout comme ces vins ).
salutations depuis Gratallops ou ce soir nous avons pu se faire plaisir avec une superbe bouteille de Cote Rotie du domaine Jamet, millesime 1995.
Oh, Jacques! Puisses-tu retrouver le plaisir d’être en montagne, c’est mon voeu le plus cher! (coïncidence: la vidéo de Patrick Berhault arrivant au sommet du Gran Paradiso: nous projetons d’y aller en juillet! Cela te tenterait-il?)
Caroline: beau millésime!.
Le Gran Paradiso, pourquoi pas ? En voilà, une bonne idée et avec vous on ne va pas s’ennuyer ! Il va falloir que je m’entraîne sérieusement.
Ah ! quel plaisir de revoir ces images du Bérhaut, funambule des cimes, sur le sommet des Grandes Jo’ et de l’entendre, ces déconnades avec Phil’, ce bonheur d’être en montagne ! Tu nous manques l’artiste !
Patrick Bérhaut, ce grand Monsieur des montagnes, sans cotations et sans compétitions… Un madre de la grimpe !!! C’est vrai, Il nous manque.
Jacques,
Les jours passent vite et les vignes n’attendent pas. Je reviens sur ce sujet un peu tard pour te dire combien j’ai été touché par ce sujet qui mérite le parallèle à un grand vin ou un excellent plat. Tout les ingrédients sont là.
Ces belles Châtelaines dans un salon feutré.
Cette photo du Täschhorn sous un ciel ensoleillé, symbolique de beauté, de plaisir, d’extase ou de piège…
Et ce film extraordinaire qui illustre le plaisir de cette passion tellement intense, que le commun des mortels peut qualifier d’insensée parce qu’elle va jusqu’à la mort. Alors que c’est la vie tout simplement, car même sans risque c’est notre destiné. Et notre vie, il faut la vivre, autant la vivre pleinement! Certains partent trop vite, il est vrai!!!
Je pense qu’il doit être difficile de comprendre la montagne sans la connaitre. Tout ce qu’elle demande d’abnégation et travail, d’entrainement pour atteindre la condition physique, la maitrise de soi. Et après seulement, on peut se mettre en relation avec cette Montagne si belle et toujours inaccessible en partie.
Pour moi, la montagne est à l’image de la vie, avec ses sentiers sinueux, difficiles et qui procurent les plus grandes satisfactions. Quand après l’effort, on arrive au sommet, on mesure combien nous sommes petits sur cette planète et combien dans nos mégalopoles la vie est décalée et combien il faut relativiser certains soucis.
Et la descente, tout aussi hasardeuse. Sur le même sentier, tout est différent, le paysage, les pierres, la façon de vivre cette même voie.
Après la joie et les rires, de les voir danser sur les dentelles des Grandes Jorasses, il nous vient ce vertige de la beauté ou de l’exploit, cette émotion que seules quelques images peuvent nous communiquer.
Ces moments fugaces qu’il ne faut pas rater, qui sont le sel de la vie. Cette accessibilité qui fait partie du quotidien.
Et je ne vais pas oublier la couverture de Vinifera, cette alignement de barriques qui est le coté technique de tout bons plats et de tout bons vins.
Merci Jacques, pour ce moment de vie à travers la toile.
Michel.