En attendant, c’est sur la rive droite que j’ai jeté mon ancre. Pour un premier round d’observation.
La Conseillante sous un soleil de printemps ébouriffant et joyeux. C’est fou le nombre de vignes replantées dans le secteur, entre Cheval Blanc et ici. M. Laporte, le directeur de la Conseillante, nous accueille. Il souligne le problème des malolactiques qui se sont faites très tard dans la plupart des propriétés. Avis corroboré par Alexandre Thienpont de Vieux-Châtau Certan. Pour ce dernier, on est un mois trop tôt pour la présentation des Primeurs. Promis, nous reviendrons même si ça se goûte déjà très bien.
La Conseillante sous un soleil de printemps ébouriffant et joyeux. C’est fou le nombre de vignes replantées dans le secteur, entre Cheval Blanc et ici. M. Laporte, le directeur de la Conseillante, nous accueille. Il souligne le problème des malolactiques qui se sont faites très tard dans la plupart des propriétés. Avis corroboré par Alexandre Thienpont de Vieux-Châtau Certan. Pour ce dernier, on est un mois trop tôt pour la présentation des Primeurs. Promis, nous reviendrons même si ça se goûte déjà très bien.
Alexandre Thienpont, Vieux Château Certan.
Esthète classique, soucieux des équilibres, Alexandre Thienpont décrit les caractéristiques du millésime, ce qui en fait la singularité et la beauté, déjà visible sur ce 2008, les écueils (peut-être) à éviter. Peu d’extraction, de l’infusion, pour éviter que le tannin ne prenne le dessus sur le fruit. Moins de bois neuf aussi et des questions encore, en suspens, concernant l’intégration dans le grand vin des plus vieux cabernets francs.
On goûte Vieux Château Certan 2008 donc, et Le Pin 2008 présenté par Alexandre comme un élément d’assemblage tenu séparé. Comme un îlot détaché de Vieux Château Certan. Deux vins dont on reparlera bientôt.
Denis Durantou : "2008 est une vraie grande année tardive."
Un saut chez Denis Durantou à l’Eglise-Clinet, volubile et heureux, malgré la visite récente de courtiers bordelais, un rien déprimés par le marché. « 2008, c’est une vraie grande année tardive ! » clame-t-il d’entrée. Je vous laisse le soin d’interpréter. C’est le côté artiste de Denis. Pour décrire 2008 avec davantage de précision, il s’est même fendu d’un haïku, un vrai. Dix-sept syllabes, trois vers :
Haïku 2008
récolte tardive
Juillet sec. Août jamais chaud.
Bien aromatique
Juillet sec. Août jamais chaud.
Bien aromatique
On déguste une série de vins. Je note au passage cette perle de Denis Durantou à propos de certains dégustateurs:
"Le dégustateur anglais, c’est celui qui me désarçonne le plus. C’est le goûteur de saucisses qui note les boisés. Pendant longtemps, il a aimé les trucs secs et, maintenant, c’est jamais assez mou, jamais assez boisé. "
"Le dégustateur anglais, c’est celui qui me désarçonne le plus. C’est le goûteur de saucisses qui note les boisés. Pendant longtemps, il a aimé les trucs secs et, maintenant, c’est jamais assez mou, jamais assez boisé. "
On déguste également, versus échantillon, versus prélevement direct au fût, l’imposant Eglise-Clinet 2008 : « C’est l’art de faire des vins tanniques qui ne le paraissent pas. Là je suis exactement pour rien, c’est uniquement le terroir. »
Et modeste avec cela, Denis ! Vous y croyez, vous, à cette fiction du vigneron qui s'efface devant le terroir ?
François Mitjavile, Château Le Tertre Roteboeuf.
Je finis ce premier round par Le Tertre Roteboeuf sur son éperon rocheux. Nous avons tout le temps. La nuit s’avance. Entre propos philosophiques et dégustations attentives. De ce Roc de Cambes 2008 et de ce Tertre Roteboeuf 2008, on reparlera aussi. Et puis, il y a cette exquise Tajine d’agneau au safran avec cette merveille, incroyable de jeunesse et de fraîcheur déliée, le Tertre Roteboeuf 1988 ! Un millésime de l’autre siècle qui pourrait avoir quelques similitudes avec le 2008.
Il est tard. Une journée chargée m’attend demain.
On se quitte sur cette mystérieuse approche. De quoi méditer une nuit ou deux :
On se quitte sur cette mystérieuse approche. De quoi méditer une nuit ou deux :
« Définir un grand millésime, c’est négliger la part de l’incompréhensible dans l’évaluation des saveurs. »
5 Comments
Jacques,
Tertre Roteboeuf 1990 m’a semblé un peu pesant …
Pesant, Laurent ? Oui, peut-être, c’est un vin issu d’un terroir solaire dans un millésime qui n’est pas de type océanique. Dense, charnu, je veux bien. Pesant ? Mais que faites-vous de la grâce. Je l’ai dégusté il y a un an à la propriété et je le l’ai trouvé splendide. Vraiment !
Je l’ai dégusté avec des amis bordelais et le vin au fruit passablement cuit est lesté d’alcool …
Elegance en berne, dans ce contexte …
Vous savez que je tiens à être explicite :
Saint-Emilion – Château Tertre-Roteboeuf 1990 : juin 2006 (cr par Pascal Perez)
LG14 – JP?? – PP15+ ?
– Millésime oblige, nous retrouvons un peu les symptômes du vin précédent, exacerbés ici.
– Nez d’une grande profondeur, minéral, vanillé, présentant de l’amande, des fruits noirs confiturés et du goudron.
– Bouche excessive et fascinante tout à la fois (attraction/répulsion) : corps massif, d’une densité extrême, chaleureux, aux tannins gras et sensibles. Un heureux trait de menthe poivrée rafraîchit timidement ce géant solaire. Il dérange la majeure partie de l’assemblée mais peut être n’est-il pas encore sorti de sa gangue. Sa force et sa maturité finiront-elles par être domptées et laisser place à une expression racée ?
Un ami du club qui nous lit m’a demandé de transmettre ceci :
Terte Roteboeuf 1990 : achat en primeur à l’époque quand j’étais étudiant, la première bue en 2008 seulement.
Verdict: très décu par ce vin dominé par l’alcool et un côté cuit, solaire, très gras, enveloppant certes, mais déséquilibré sur l’alcool et la surmaturité.
Le vin ne vibrait pas ! Je n’attends pas ça d’un Bordeaux, il est à 100 milles lieux, à mon goût, de la classe d’un Palmer 1988, 1989, 1990 !!!
ou même d’un Figeac 1999 !!!!!!
Un ami du club IVV, qui nous lit régulièrement, m’a transmis ceci
Terte Roteboeuf 1990: achat en primeur à l’époque quand j’étais étudiant, la première bue en 2008 seulement.
Verdict: très décu par ce vin dominé par l’alcool et un côté cuit, solaire, très gras, enveloppant certes, mais déséquilibré sur l’alcool et la surmaturité.
Le vin ne vibrait pas ! Je n’attends pas ça d’un Bordeaux, il est à 100 milles lieux, à mon goût, de la classe d’un Palmer 1988, 1989, 1990 !!!
ou même d’un Figeac 1999 !!!!!!