Petit retour en arrière, après la dégustation du 2008 (dont je vous parlerai bientôt), sur le 2007. Paul Pontalier trouve qu’" il a l’élégance d’un grand Bourgogne avec, bien sûr, plus de densité… » C’est amusant, et rassurant, de voir que depuis quelque temps les références de certains Bordelais (et pas des moindres) sont de plus en plus bourguignonnes. Sûr que nous sommes tous en route vers la finesse !
Dégustation au château Margaux. Paul Pontalier, Alessandro Masnaghetti et Corinne Mentzelopoulos.
A Rauzan-Gassies, juste à côté, a lieu la dégustation des Margaux et Moulis de l’Union des Crus Classés. Midi, l’heure de déjeuner ? Nenni. Dans les chais d’Ulysse Cazabonne, on propose un nombre impressionnant de 2008 en dégustation libre.
En compagnie de John Kolassa (Château Rauzan-Ségla et Château Canon) dans les chais d'Ulysse Cazabonne
Photo Armand Borlant
Puis c’est Ducru Beaucaillou. Les belles hôtesses à l’entrée, chaussées de cuir léger, redingote smart. Les tableaux Pop’art délicieusement décalés : oui, Bruno Borie, vous avez un sens esthétique qu’on retrouve dans vos vins.
Ducru Beaucaillou.
Un saut à Léoville Las Cases en compagnie de mes amis de l’Espresso, Ernesto et Fabio. Grandissime réussite ici.
Garder ces impressions bien fixées dans la mémoire et foncer comme un déjanté à Mouton avec une halte express à Pichon-Lalande. Oui, vraiment, c’est décidé : l’an prochain, Sébastien Loeb tiendra le volant et fera équipe avec moi. Et ça ira mieux. Je pourrai regarder les paysages et rêvasser. Si le cœur m’en dit.
Lafite ensuite, ses croupes qui montent au ciel. Ses saules pleureurs qui fondent en larmes au fond des jalles.
Garder ces impressions bien fixées dans la mémoire et foncer comme un déjanté à Mouton avec une halte express à Pichon-Lalande. Oui, vraiment, c’est décidé : l’an prochain, Sébastien Loeb tiendra le volant et fera équipe avec moi. Et ça ira mieux. Je pourrai regarder les paysages et rêvasser. Si le cœur m’en dit.
Lafite ensuite, ses croupes qui montent au ciel. Ses saules pleureurs qui fondent en larmes au fond des jalles.
Cos d'Estournel, le nouveau bâtiment. Willmotte avait rêvé plus visionnaire..
Et voici Cos d'Estournel. Un des rares endroits où l’on ne transige ni avec la température de service, ni avec les verres à dégustation, idoines, en phase parfaite avec les vins proposés. Visite au pas de charge du nouveau cuvier et des chais. Entrons dans la danse :
Non, il ne s'agit pas de l'ascenseur du Grand Hôtel de Balbec mais de celui de Cos d'Estournel par où, d'un étage à l'autre, transitent les petites cuves.
On a réinventé ici les lois de la gravité. Rutilante batterie de cuves tronconiques. Sol anthracites et, pour emmener tout ces jus célestes à l’étage, pour éviter de pomper, de faire des remontages, des petites cuves qui voyagent en ascenseur et dont le contenu, dans le quart d’heure qui suit, redescend en douceur, infuser les marcs. Imaginez ce ballet incessant pendant les vinifications. Pourvu que tout cela ne tombe en panne !
Un étage plus bas, cette vision d’un chais immaculé, aux piliers de verres, une passerelle le traversant. Wilmotte est passé par ici. Ses audaces sur les extérieurs ont fait peur. Un autre architecte a pris le relais pour inscrire le nouveau bâtiment dans le prolongement naturel du style zanzibarien de la façade originelle. Perfection et prolongation de l'histoire.
Soirée à Prieuré Lichine.
Soirée à Prieuré-Lichine en compagnie de quelques journalistes, de Lise Latrille, de Justin Onclin (Prieuré Lichine) et de Philippe Delfaut (Château Kirwan) et Ludovic David (Marquis de Terme). Lise Latrille, toujours aussi pétillante, a conçu une soirée comme je les aime. Excellente cuisine d’un jeune chef talentueux, Thibaut Servas et dégustation en parallèle, sur trois milllésimes, de Prieuré Lichine, Kirwan et Marquis de Terme.
On commence par le millésime 2005. Le Prieuré Lichine, très soyeux, très rond, suave avec un côté tactile chatoyant. Kirwan, tout en fraîcheur et en épices (les 7 % de petit verdot amènent dans l’assemblage une touche originale) et Marquis de Terme, très cabernet mais, en même temps, un peu plus évolué au niveau aromatique. On passe ensuite au millésime 1999 qui compte quelques très belles réussites sur Margaux. Un saut de dix ans dans le temps et voici le 1989 avec un Prieuré Lichine superbe, le premier millésime vinifié par Sacha Lichine.
On termine avec un très noble Château Guiraud 2002 pour accompagner le Carré d’agrumes Thierry Lalet. Mariage parfait. Comme on en rêve.
On termine avec un très noble Château Guiraud 2002 pour accompagner le Carré d’agrumes Thierry Lalet. Mariage parfait. Comme on en rêve.
Un peu plus tard encore, Michel Bettane débarque avec quelques amis. Pour déguster, avant que le nuit ne meure, un Cognac Grande Champagne Florilège de Ragnaud-Sabourin. 50 ans d’âge au minimum et cette explosion aromatique, cette présence et cette complexité. Admirable.
Demain, la suite…
Demain, la suite…
11 Comments
Superbe tunnel de dégustation chez Ducru … on croirait une scène de Kubrick, style eyes wide shut, en oxymore …
Référence Bourguignonne : j’en sors avec une copieuse et magnigique verticale du Clos des Papes à Châteauneuf (1999, 1969) …
Magnifiques : 1999, 1990, 1985, 1983, 1969.
Superbes 2003, 2001, 1995.
Un faux probable sur 1978 (1972 ?, goûté 2 fois du coup).
Un Rayas 99 interlope avec un poil de bouchon, mais impressionnant tout de même en termes de finesse et de longueur.
Où l’on montre qu’il ne faut pas conserver ses vins éternellement.
Merci pour vos récit de marathonien : les autres sont tous mort ou bien ? 🙂
Surprise à Sociando. Dans le plus grand mystère, le propriétaire de ce cru isolait les quinze meilleures barriques, chaque année depuis 1995. Nous avons goûté.
http://www.lepoint.fr/actualites...
Un "scoop" et un "mystère" amusants : en 2003, j’écrivais ceci :
Les 24 et 25 novembre, nous avons eu le privilège et le très grand privilège de déguster en parallèle le Château Sociando-Mallet et la Cuvée Jean Gautreau, présentée en “première mondiale” pour un public de happy few, passionnés par les grands vins de Bordeaux et par ceux de Sociando-Mallet en particulier. Depuis quelques années, Jean Gautreau me faisait l’amitié de pouvoir déguster régulièrement “sa” cuvée au château, après avoir pendant longtemps respecté sa volonté de préserver le secret – et sans doute aussi le mystère – de cette cuvée, j’ai réussi à le convaincre de venir la présenter aux membres de notre Club
Quelques mots sur la Cuvée Jean Gautreau. Reprenant et systématisant une tradition bien établie dans de nombreuses propriétés bordelaises, qui consiste à séparer les lots au cuvier en fonction de leur provenance dans le vignoble, Jean Gautreau et son maître de chais – à l’époque il s’agissait de Gabriel Ribero – ont décidé d’aller plus loin en 1995 et d’entonner à chaud dans des barriques neuves un certain pourcentage de la récolte représentant soixante barriques au total. A la fin de l’élevage (12 mois pour Sociando), après dégustation, un lot de 18 barriques a été retenu et l’élevage a été prolongé de 6 mois.
La Cuvée Jean Gautreau ne saurait être considérée selon son créateur éponyme comme un vin de garage, “ou alors un vin de grand garage” comme se plaît à le souligner le propriétaire de Sociando” Pas d’isolation parcellaire ici, pas de tri drastique et de rendements dérisoires mais simplement, la volonté de se faire plaisir en isolant quelques lots et en les élevant à part avec entonnage à chaud et malo en barriques. Et l’assemblage est-il rigoureusement le même qu’à Sociando ? “Avec mon maître de chais Vincent Faure, nous avons un goût très cabernet et il est certain que nous avons tendance à privilégier ce dernier lorsque nous sélectionnons nos barriques.”
Cela me fait penser à l’Ambonnay Blanc de Noirs de Krug …
Au fait, qui est cet autre Bertrand le Guern qui a goûté les Krug chez Legrand (dernière RVF) ?
Facade Zanzibarienne …
C’est exactement cela ! Où diable êtes vous allé chercher cette idée ? On croirait y être en voyant les petites crénelures et les 1/2 oeilletons. Les souvenirs d’épices et de torpeur reviennent au galop. Cette île fut la suavité même après l’ascetisme de l’ascension du géant d’Afrique et ses paysages lunaires.
Un chemin initiatique pour le jeune homme de 18 ans que j’étais alors …
Je n’ai rien inventé Paul, l’entrée de Cos avec les pagodes est la porte du sultan de Zanzibar que Louis-Gaspard d’Estournel a ramené de là-bas au XIXe siècle après un long voyage. Dans les cales du bateau se trouvaient des caisses de Cos d’Estournel qu’il pensait échanger contre des purs-sangs arabes. La transaction n’a réussi que partiellement et une partie de la cargaison de Cos est revenue avec la porte du Sultan. Le goûtant au retour du périple, le flamboyant d’Estournel a troué ce Cos meilleur que le même resté au château à attendre le retour de son propriétaire infortuné. La légende du "Retour des Indes" venait de recevoir une sérieuse contribution !
Quelle semaine passée:
"Je suis pas d’équerre…Je froles l’éphémère." (Bashung)
Les marins n’étaient pas dupes de la qualité (médiocre) de la plupart de ces vins "retour des Indes" et laissaient les bourgeois les acquérir à prix élevés. Eux s’achetaient des vins qui n’avaient pas "voyagé"
D’autres ont ajouté de l’alcool (un peu trop à mon goût) : ils ont crée le porto.
Cette histoire est rocambolesque Jacques. Merci de nous l’avoir transmise. Je suis délicieusement plongé dans mes souvenirs depuis …