A Beauséjour-Bécot se déroule la dégustation du Groupement de Premiers Crus Grands Crus Classés de Saint-Emilion. Tout le monde s’est-il donné le mot pour venir en même temps ou les places sont-elles rares cette année ?
Château Cheval Blanc
Karine Devilder a beau tenter l’impossible : il faudra attendre qu’un poste se libère. Treize vins sont en lice. J’en retrouverai un certain nombre tout à l’heure, lors de la dégustation de l’Union des Grands Crus. J’adore cet exercice : déguster le même vin, à l’aveugle, dans des séries différentes, à très peu de temps d’intervalle, le même jour.
Impossible de citer ici toutes les réussites : elles sont trop nombreuses. J’ai déjà parlé de certaines d’entre elles à propos de la dégustation de la Grappe.
Impossible de citer ici toutes les réussites : elles sont trop nombreuses. J’ai déjà parlé de certaines d’entre elles à propos de la dégustation de la Grappe.
Parmi les vins dégustés je mettrais en évidence château Canon, le meilleur produit depuis sa reprise en 1996 par la famille Wertheimer, Troplong-Mondot et Angélus.
Château Gazin, la table transalpine.
Un peu plus tard, quelques mètres plus bas, voici Gazin, sa belle salle un zeste monacale, qui nous accueille pour la dégustation des Saint-Emilion et Pomerol. L’équipage Bettane & Desseauve, les amis italiens d’Oenogea et de l’Espresso, tout le monde est déjà à l’œuvre, concentré, appliqué à ordonner ses sensations, à hiérarchiser le subtil, l’invisible même, les promesses. La cible que vise le tireur à l’arc n’est autre que son cœur.
Quelques vins remarquables de cette dégustation : Balestard La Tonnelle, Clinet, Franc Mayne, Gazin, Grand-Mayne, La Conseillante, La Dominique, La Tour Figeac.
Déjeunera-t-on aujourd’hui ? Pas sûr. Il faut rallier le Médoc, tenir le cap, gagner du temps par des subter-fugues de coureur automobile…
A Labarde, c’est pourtant l’aubaine. Une demi-heure d’avance sur le timing et, tout près du passage à niveau, une adresse épatante. La Gare gourmande, ça s’appelle et ça vaut un voyage !
Une quinzaine de couverts à tout casser. Sophie en salle, Olivier en cuisine. Un menu du jour formule table d’hôtes. De beaux produits. Rien d’emberlificoté. Juste l’art de réinventer au passage la gastronomie ferroviaire.
Mais voilà, il faut tout quitter à nouveau…
Il faut laisser maisons et vergers et jardins,
Vaisselles et vaisseaux que l'artisan burine …
Vaisselles et vaisseaux que l'artisan burine …
Ronsard
14.00 Thomas Duroux nous attend à Palmer. Le temps de savourer un Alter Ego dans un style presque inhabituel, raffiné certes mais impérieux presque, et un Palmer à la beauté secrète.
14.30 Les murs des bâtiments contigus à château Margaux ont des iridescences terre de Sienne. Dans le chais, nous commençons la dégustation par un Pavillon rouge qui, lui aussi, a franchi une étape décisive au niveau qualitatif. Quant au château Margaux, il offre l’éblouissement d’une épure. Il enchante par son éclat aromatique, sa structure élancée, presque aérienne, sa vivacité radieuse, sa dynamique aromatique. Un vin de lumière et de fraîcheur. Merveilleux Pavillon blanc également dont nous gardons l’empreinte gustative longtemps, sur la route qui nous mène vers St-Julien.
15.00 Château Léoville-Las-Cases, le lion flamboyant se détache sur les silences de l’estuaire. Le Petit Lion danse dans le verre avec ses notes florales, sa texture déliée, finement articulée. Le Clos du Marquis est superbe, d’une grande plénitude, un vrai bijou ciselé, serti dans de très beaux tanins. A ce stade, il évoque un Pauillac mais, prédit J.H. Delon, « il va tourner après élevage et devenir très Saint-Julien ». Nous verrons.
Un peu de 1961, un peu de 1966 et beaucoup de lui-même : Léoville Las Cases 2010 rallie tous les suffrages : densité, finesse, profondeur aromatique déjà sidérante (ah ces notes de cèdre, de myrtille), une quasi perfection !
16.30 Château Latour. A l’entrée, je croise un client du CAVE, parfumeur de métier. Il goûte les primeurs dans une perspective olfactive surtout. Intéressant d’échanger nos perceptions sous cet angle-là. Même s’il me paraît difficile sur des vins en devenir, en début d’élevage, d’apprécier autre chose que des structures, des compositions, des formes de bouche et de tannins, des persistances.
Nous sommes reçus par M. Pierre-Henri Chabot, maître de chai de Latour. Ici, nous atteignons à nouveau des sommets avec des Forts de Latour d’une émouvante pureté stylistique, dense et ascendant qui, lui aussi, fera date dans l’histoire de la propriété ! Le travail de sélection parcellaire encore plus précis accompli également sur le second vin porte ici tous ses fruits. Enorme Latour ! A peine plus dense que l’an passé mais avec davantage de volume et de texture, nous devinons, même si nous n’avons pas dégusté à ce moment-là tous les premiers crus, qu’il fait partie du Top five du millésime !
17.00 Château Mouton-Rothschild. La noria des petites voitures électriques pour rejoindre la salle de dégustation. Le calme d’une fin d’après-midi. Petit Mouton surprend par sa générosité, sa texture suave, caressante, son côté chatoyant et sexy. On se laisse surprendre. Avant de savourer ce moment de complétude. Un somptueux Mouton-Rothschild au nez d’épices, de santal, de bois de cèdre, complexe, racé et dont le corps est une splendeur, continu, sans lourdeur, servi par une grande finale.
18.00 Cordeillan-Bages. J’ai perdu mon Iphone, entre Latour et Mouton. Si quelqu’un le retrouve… Plus de connection. Détachement. Mais la journée n’est pas finie. La présentation d’Yquem nous attend au Grand-Théâtre. Deux heures de route aller-retour pour savourer ces joyaux liquides l’Yquem 2010 et l’Yquem 1988.
Le prochain post, ce sera le jour 4 bis avec la soirée Grand Théâtre, la présentation de l’Yquem 2010 par Francis Mayeur directeur technique et les photos de Marilyn.
Le restaurant La Gare gourmande, Labarde – t. 05 56 35 92 38
Le standard qui va avec cette journée Ascent by John Coltrane in Sunship
Le standard qui va avec cette journée Ascent by John Coltrane in Sunship
4 Comments
Charmant accueil au grand théâtre …
Fragilité des nouvelles technologies.
Patience, bientôt les implants biologiques pour les férus de nomadisme facebookien …
🙂
Angélus 2010 m’a beaucoup plu.
Yquem 2010 supérieur à 2009 ?
Car 2009, comme tu l’as déjà écrit est brillant (à l’instar de 2001, radiant).
Le dernier 1988 bu au domaine avec Sandrine Garbay fut ébouissant de finesse et de fraîcheur (moins la bouteille sorite de ma cave en mai 2010).
rougeblancbulles.blogspot…
C’est-y pas notre ami Ludovic David (Marquis de Terme) au bar de ce restaurant glané par hasard ?
Bon, à lire le dernier opus de la RVF, c’est sûr : ils peuvent t’engager ! 🙂
Et ailleurs aussi : rarement vu, lu une telle unanimité des grands noms. Finalement, pas de surprises en haut du tableau ?
Pavie : tout le monde devient consensuel sur ce vin : enfin, probablement que les dégustations d’anciens millésimes, depuis le 1998, ont montré à quel point certains doivent manger leur casquette !
Bon : j’arrête, je vais encore dire des gros mots 🙁
Tu veux dire qu’à force de manger leur casquette, ils en bavent des ronds de chapeaux.
Oui, tu as bon oeil : il s’agit de Ludovic qui déjeunait ce jour-là au même endroit !