– En 2009, à Pontet-Canet, le grand vin représente 80 % du volume total de la production. D’illustres voisins annoncent 40 % de grand vin : sont-ils plus exigeants que vous dans la sélection ? votre terroir est-il si homogène que la sélection est ici plus facile ? ou votre approche viticulturale explique-t-elle cette différence ?
– Durant ces quarante dernières années, la viticulture a changé et on ne s’en est pas rendu compte. Les vins ont un peu perdu leur âme sur l’autel de la productivité ; ils n’ont plus le même caractère d’émotion qu’auparavant. L’hyper-sélection est une mauvaise réponse à un vrai problème. En 1997, le grand vin de Pontet-Canet représentait, par exemple, 32 % de la production totale. C’était de la folie ! Nous avons donc changé notre viticulture pour aller vers quelque chose qui nous semblait plus cohérent. Nous travaillons en biodynamie. La vigne n’est plus du tout rognée, on fait des « ponts », plus d’effeuillage, plus de vendanges vertes….
Alfred Tesseron, le propriétaire, nous a rejoint et ajoute ceci :
Je vous quitte pour un moment. Je dînerai ce soir chez Gravelier, un restaurant un brin bobo tenu par la fille de Pierre Troisgros, d’un Hamburger de seiche et king crabe et d’un Filet de St-Pierre au vert (délavé). Avec un Meursault Les Rougeots 2004 de Coche-Dury, cérébral et peu volubile, ce sera juste bon… Heureusement, j’aurai en face de moi un pétillement, un condensé d’alacrité, une vague, un kalédoscopique. La soirée, je le sais, sera sauvée.
Démasqué je serai ! J’aurai beau prétendre le contraire, le doute subsistera. Seule l’ondine en face de moi connaîtra la vérité…
L’adresse : Restaurant Gravelier
114 Cours de Verdun?33000 Bordeaux, France?05 56 48 17 15
Le standard For All we Know by Billie Holiday (Lady in satin)
26 Comments
Mince Jacques, vous aviez sorti le trois-pièces pour être méconnu en François Simon, le dernier fan du pied-de-poule ?
Non mais : qui peut imaginer François Simon passer du V sup en libre en sifflotant ? Allon, allons : soyons sérieux !
Pontet-Canet 1997 plutôt réussi dans cette horizontale du millésime :
http://www.invinoveritastoulouse...
Côté nourriture, très déçu à l’envers du décor.
Bravo à Mr Comme et à Pontet-Canet. Voilà une démarche et des propos sincères. Ca me donne presque envie de m’intéresser aux vins de Bordeaux !
Finalement un peu d’honnêteté et de bon sens peuvent faire merveille. Mais Dieu que c’est dur et long dans un milieu (de plus) gouverné par l’argent et la cupidité …
Arbre
Gautreau-Comme : même combat !
Même si l’approche "bio" est bien différente.
"Un terroir, c’est un terrain avec un bonhomme dessus." (Denis Dubourdieu)
Pontet-Canet (Jean-Michel Comme) et Sociando-Mallet (Jean Gautreau): Deux hommes à l’approche sincère et authentique, deux passionnés amoureux de leurs vignes, deux grands terroirs, deux grands vins… Qu’est ce que c’est bon le vrai Médoc!
François,
Ce n’est pas parce que c’est bio que c’est bon!
Mais, si l’on veut faire bon, la bio et la bio-dynamie sont des pratiques qui permettent vraiment le petit plus.
Sur un forum de vin, que je ne citerai pas, dans un sujet fleuve ou l’on pouvait lire inepties et mauvaise fois, Jean Michel Comme a eu le courage d’intervenir, sincère et engagé.
Un ami parisien de Nicolas m’avait demandé de venir témoigner, mais pas sur cette série de post passionnés et polémiques.
Je l’ai fait 2 fois malgrè tout, et j’ai pris peur. On est trés trés loin du niveau de "Mille plateaux".
C’est fou comme la bio-dynamie attise les passionnés et les détracteurs.
Michel.
Et que dire de M. Boyer sur Margaux …
Un vin naturel ?
Oui, Michel : je ne le sais que trop.
En la matière, j’ai un peu la foi du charbonnier : si le vin est bon, peu m’importe comment il est fait.
C’est du brutal, j’en conviens, car le "bon", cela s’apprend. j’ai la chance énorme d’avoir de bons maîtres, dont notre hôte, qui savent me retenir quand je sors de la route.
J’imagine que le stade suivant où je devrai me rendre serait celui où j’aurai conscience de la nécessité d’intégrer un niveau de "responsabilité écologique" dans mes choix. On approche, on approche.
Les vins de J.P. Boyer représentent, à leur meilleur, la quintessence des grands Bordeaux d’autrefois ! Un naturel d’expression émouvant. Je m’étonne que, pour l’instant, sa notoriété soit restreinte à un cercle aussi étroit, que si peu de gens aient réellement goûté ces vins si "idiosyncrasiques" ! Je m’étonne, oui…
C’est en effet assez incompréhensible.
D’ailleurs, il semble que personne ne connaisse chez erobert :
dat.erobertparker.com/bbo…
Un connaisseur m’a signalé aussi le Médoc St-Saturnin, que je n’ai jamais croisé.
Quelqu’un connait ?
Je ne crois pas qu’il y ait de vin "maudit".
Les crus de Mr Boyer, dont on a déjà parlé sur ce blog l’an dernier, ont la grande sympathie d’amateurs pointus mais ne semblent pas en attirer d’autres : problème de simple communication ou style de vin en-dehors des modes ?
Et si c’est le style : comme j ene connais pas ses vins : on peut en écrire quelques lignes ici ?
François,
Je t’envoie de nouveau le cr complet en privé si tu veux 🙂
… "Cette verticale détonnante a formidablement confirmé que Bel Ar-Marquis d’Aligre est un (très grand) vin à nul autre pareil, dans un style en total contrepied avec celui de l’immense majorité de la production bordelaise.
Anachronique, indémodable, unique, il se distingue par cet incroyable air de ne pas y toucher, qui le propulse indéniablement au sommet de la production bordelaise.
Il brille ainsi par son grand style, exclusif : classe, mesure, discrétion et flamboyance (un duo oxymorique rare)."
… "les expressions, exemptes de toute cosmétique oenologique (ni forcées, ni triturées, ni embellies), sont changeantes, versatiles (dans le bon sens du terme et pour le plaisir du dégustateur) … et surtout parfaitement digestes : et si c’était cela le véritable vin nature ?"
A noter :
1) L’encépagement très particulier du château – 35 % merlot, 30 % cabernet sauvignon, 20 % cabernet franc, 10 % petit verdot, 5 % malbec.
2) Le taux d’alcool se situe entre 12 et 12,5°.
3) Une viticulture étonnante (comme par exemple la faible densité de plantation – devant le "château", il doit y avoir 6 manquants sur 10…)
4) Une philosophie de vinification tout aussi décalée (3 ans de cuve, pas de fût depuis 1950)
5) Une commercialisation en parfait décalage (hors de question de parler de primeurs, mais une commercialisation actuellement du 2004…)
Et bien d’autres surprises qui méritent vraiment un déplacement au domaine…
Bon : oui, je me souviens de ce rapport mais encore fallait-il le citer ici : bien.
Maintenant que les amoureux de ce cru me disent quels sont les millésimes qu’on peut déguster en ce moment et qui nous permettront de constater si oui ou non on est en adéquation avec ces commentaires merveilleux.
Peut-être que je lis mal ces textes, mais la comparaison qui me vient à l’esprit est Vega Sicilia : je me trompe ?
Je ne sais ce que donnera le millésime 2009,mais eu la chance de boire Tertre Roteboeuf 1990 hier soir, tout simplement somptueux.
Comment, ABM – que l’on aperçoit sur la photo "Gruaud", au milieu du tapis de gazon, en train de jouer avec son iphone façon Dr Bonobo – ne répond pas à l’attaque quant aux quais de Pauillac ?! ABM, t’es malade ???
(Jacques, ne riez pas…)
Pfff! Je vois qu’au pays d’Ella Maillart, d’Annemarie Schwarzenbach et de Nicolas Bouvier, l’esprit d’aventure se perd…
Pascal,
Pas trop aimé Tertre-Roteboeuf 1990, bien copieux …
François,
Le 2000 commence à se déployer
99, 98, 97, 96 prêts je crois
95 à attendre
90 a contrario fait bien plus vieux : boire
86, 85 prêts
70 superbe
59 reste costaud : de la réserve mais ne devrait pas véritablement se bonifier.
61 et 47 sublimes et parmi les plus grands Bordeaux que j’ai approchés.
On a évoqué Reynaud (Rayas), Rousseau (sur le 1947), Lenoir(Chinon).
Armand,
Bouvier est un grand : http://www.amazon.fr/Lechappee-b...
Je veux pas dire Laurent, mais tu étais encore en culottes courtes quand je lisais Nicolas Bouvier. Pour la petite histoire j’ai acheté "l’Usage du Monde" édité par les Editions Rencontres (suisse) au début des années 60, en même temps que les oeuvres de Ramuz. J’ai d’ailleurs fait cadeau de cet ouvrage (collector 🙂 ) à une de mes filles.
Armand,
Cadeau inestimable tant Nicolas Bouvier est un auteur lumineux …
Loin de l’ennui distillé par Ella Maillart et de la mélancolie lancinante servie par Anne-Marie Schwarzenbach.
Je suis toujour à la recherche du livre de Vahé Godel :
http://www.culturactif.ch/livred...
A la montagne, cet hiver, j’ai lu les Chroniques japonaises de Bouvier : un livre superbe avec une acuité de regard et un style d’une transparence et d’une précision magnifiques !
Lu chroniques japonaises lors d’un séjour à Kyoto.
Et le gisant du poisson-scorpion, tu connais ? (une sorte d’amok immobile, et contre soi).
Si c’est pas un blog ici qui mérite le Premier Prix de l’Académie Française !
Bon, il reste à le créer, mais on en parlera à D’Ormesson !