Incroyable la façon dont ce ministre intègre aura réussi à balader tout le monde durant plusieurs mois, y compris sans doute son président (quoique…). "Les yeux dans les yeux, je vous l’affirme : je n’ai jamais eu de compte auprès de l’UBS en Suisse. » Puisque vous le dites. Il faut vraiment se sentir protégé pour s'enferrer dans un tel déni !
Un peu plus tard, juste avant d’arriver à Pomerol au milieu du crachin atlantique, un juge d’instruction s’exprime à la radio à propos d’un accusé et de ses multiples mensonges et contradictions : non, le présumé coupable n’a pas fait ceci ou cela ; non, il n’a pas assisté à tel événements. Et le juge de conclure : j’aurais pu le mettre face à ses contradictions, le forcer dans ses derniers retranchements pour obtenir ses aveux. J'ai compris que ces contradictions faisaient partie de sa vérité, qu’il n’y avait pas d’autre vérité que ses contradictions. »
Nous cherchons toujours à voir le pur noyau dur qui serait la vérité ultime d’un individu. Nous oublions que nos vies sont fragiles, tissées de hasards, parfois chaotiques, qu’elles tirent leur mince éclat du long cortège d’étoiles silencieuses qui les ont précédées. Il n’existe de vérité que partagée.
In vino veritas ! La pipette est d'époque (probablement fin XVIIIe !)
Cher lecteur, telle est conclusion de cette rêverie intempestive sur la route qui mène de Mérignac à Pomerol. Cette route que nous serons quelques milliers à emprunter ces jours prochains. A la recherche d'une autre forme de vérité. Celle qui depuis toujours est dans le vin. Vérité plus incertaine encore, plus labile peut-être, si définitive pourtant, si assurée, que nous la chiffrons sans barguigner sur les échelles ordinales.
Vieux-Château-Certan, Alexandre Thienpont
Première étape : Vieux-Château-Certan à Pomerol. Le juge d'instruction a fini de parler à la radio. Le décor est planté. Le ciel a parlé. C'est à nous de mener l'enquête, de tracer, gorgée après gorgée, la carte du millésime. Ce sont nos travaux d'approche.
Il y a quelque chose de fascinant, je l'avoue, dans cette quête. Pour avancer dans l'inconnu, on tente des parallèles; on cherche des ressemblances ; on se raccroche au connu. Même si c'est pour reconnaître, à la fin, que chaque millésime est unique. Si 2011 était le "millésime des chats maigres", 2012 est, selon Alexandre Thienpont "un millésime de vieilles vignes sur bon terroir".
Son Vieux-Château-Certan 2011 m'avait bluffé. Difficile de commencer sur le souvenir d'un éblouissement. Le 2012 mérite vaut pourtant bien des éloges : fin, droit, très racé dans sa forme et dans son aromatique, toute en pureté. On goûte cette épure. On cherche à comprendre. Quelles en sont les clés ? Le goût bien sûr. Rien que le goût. La construction et la forme de bouche, la continuité, la profondeur, la finesse des tanins. Tout y est ? Absolument certain ? Ce VCC 2012 est supérieurement équilibré, très raffiné mais la grande complexité, la finale en apothéose, l'énergie, tout ce qui signe le chef-d’œuvre quand les mots vous manquent pour le dire : qu'en faites-vous ? Ah oui, poursuivons notre enquête…
Château Le Pin, Jacques Thienpont
Un saut en direction de Catusseau vers le cousin d'Alexandre, Jacques Thienpont, dans son drôle de vaisseau spatial que surmonte un pinus pinea désormais assimilé à la légende. Pas âme qui vive alentour et pourtant je vous jure que ce Le Pin 2012, frais et fuselé, est revigorant.
La troisième étape passe par Saint-Emilion et le château Canon-La-Gaffelière où Stefan von Neipperg, m'accueille avec une surprise : une passionnante verticale des vins de la propriété depuis 1996. Mais avant je goûte les 2012 des différentes propriétés. Leur homogénéité est impressionnante. A qui, dès lors, décerner la palme ? Trois vins la méritent : Aiguilhe, Canon-la-Gaffelière et La Mondotte.
Il fait toujours aussi froid. Quelqu'un m'attend au bout d'ici. Sur un îlot détaché de la côte sud. Pour parler du vin. De la vie qui vient. Du temps qui passe.
Demain : la suite du même jour.
3 Comments
La complexité de VCC 2012 viendra avec le temps, non ?
J’ai trouvé un vin moelleux et fruité, long en bouche, structuré, serein et j’aimerais bien en avoir une caisse pour vérifier tout cela dans les années à venir.
Définition de splénétique, adjectif
Étymologie
De spleen + -ique ; de l’anglais spleen, ‘mélancolie’.
Variantes
spleenétique 92 %
splénétique 8 %
Indice de fréquence13
rare
Relatif au spleen.
Il nous revient en grande forme notre Grand Jacques !!!
Splénétique ?
Mais allo, quoi ! 🙂