On veut les Jeux, dirent-ils, pour redorer notre blason, pour prouver notre capacité d’organisation, afficher notre génie créateur. Soyez détendus, tout va bien se passer. Pas d’indigents dans les rues. Pas de manifestations intempestives. Pas de tibétains en haillons. Ni pluie ni pollution. On a des canons pour ça… En prime, on vous donne de beaux contrats bien juteux. Des usines entières à équiper clés en main, l’accès (surveillé) à des marchés en plein essor.
Logique économique, guerre informatique
Sept ans plus tard : il est toujours aussi difficile, paraît-il, de faire du buisiness avec les Chinois (difficulté à ajuster les codes); les Jeux sont là, on se réjouit ; le ciel de Pékin est encalminé par une brume poisseuse ; les rues sont calmes et tout le monde, c’est l’été, a oublié ce genre de prédiction que nous ferions bien de méditer attentivement : «Le problème, c’est qu’on continue à faire croire aux gens que la Chine est un Eldorado, on les fait investir dans des usines qui tournent à vide et on construit de plus en plus d’usines pour attirer de l’argent et continuer à prendre des commissions ». (…) La Chine est pour moi la plus grosse mascarade de ces quatre dernières années. Le plus grand danger est l’explosion de la bulle chinoise. On s’en approche puisque la première digue, celle de l’immobilier qui tenait l’économie américaine à bout de bras vient de tomber.» (Marc Fiorentino)
Pour corser le tout, cette nouvelle, tombée hier comme un coup de gong chinois en ouverture du grand concert : l’accès à internet sera filtré et de nombreux sites de (dés)information censurés.
Une nouvelle muraille de Chine plaquée sur la toile et – ça ne date pas d’aujourd’hui – surveillée en permanence par une armée virtuelle de 40 000 scrutateurs chargés de veiller à ce que nul assaillant ne contourne le plus pare-feu informatique.
Seule notre candeur pouvait nous faire penser que ceci aller changer à l’occasion des Jeux.
Les grands empires sont menacés par deux dangers principaux. L’un, extérieur, invasif, associé à la guerre et à l’annexion ; l’autre, intérieur, fuyant, déterritorialisant, lié à l’information qui crée sans cesse des lignes de fuite.
La Chine contemporaine, héritière de la Chine impériale et du glacis maoïste, n’a pas oublié cette leçon et voit dans internet, sans doute à juste titre, l’hydre qui la menace. L’enjeu est de taille : plus de 150 millions de Chinois sont régulièrement connectés à internet et ce nombre ne cesse de croître.
Les dirigeants chinois s’y sont attaqués à travers un mécanisme de censure implacable et, comme dans les grandes officines américaines au bon vieux temps, des milliers de sentinelles scrutent en permanence la toile pour y tout ce qui est synonyme à leurs yeux de dissidence ou de dissonance. Combat qui, même s’il s’effectue avec les outils les plus modernes, paraît perdu d’avance…
Est-ce la raison pour laquelle la Chine est devenue en peu de temps le deuxième pays au monde à inonder le réseau de pourriels ? Et tout porte à croire que, demain, elle occupera la première place.
La guerre informatique, elle, a déjà commencé. Faites vos jeux !
4 Comments
Mais qui a assez d’angĂ©lisme pour croire que ce pays immensĂ©ment historique allait gentiment copier le mieux de l’Occident pour devenir par un simple claquement des doigts un exemple d’honnĂŞtetĂ© et de droits de l’hommisme ?
Pourquoi continuer Ă travailler avec les USA qui ont Guantanomo ?
Pourquoi travailler en France oĂą près de 40 % des gens en prison sont simplement en attente d’ĂŞtre jugĂ©s et libĂ©rĂ©s ?
Chacun a sa crotte Ă sa porte. Il est vraiment temps d’arrĂŞter de vouloir donner des leçons et de chercher d’autres moyens pour faire avancer les choses, car, bien Ă©videmment, il n’est pas question de ne rien faire, mais arrĂŞtons d’ĂŞtre les donneurs de leçons, bordel !
Je sais, Grand Jacques, que ce n’est pas ton style, mais on peut hĂ©las lire ton texte sous cette optique qui ne peut que faire accroĂ®tre des divergences inutiles.
Ne pas oublier que la France de De Gaulle avait son Ministère de l’Information qui dictait le 20H Ă la tĂ©lĂ© ! C’est pas si vieux que cela !
Et chacun sait que la liste pour chaque pays europĂ©en des fautes impardonnables est aussi longue que les listes chinoises si l’on veut bien considĂ©rer le temps depuis l’an 1000.
Personne ne donne de leçons Ă personne. Chacun essaie de faire avancer la cause du seul idĂ©al qui vaille la peine, celui des droits de l’homme. La Chine a certainement un peu de retard sur ce plan-lĂ . Normal. Son histoire, sa taille, ses conditions Ă©conomiques ne sont pas les mĂŞmes que les nĂ´tres. Si vous Ă©tiez Chinois en Chine, aujourd’hui avec des vellĂ©itĂ©s artistiques ou philosophiques diffĂ©rentes de politiquement correct, vous ne tiendriez sans doute pas le mĂŞme discours. Si tout se vaut, puisque telle est la pensĂ©e molle de notre Ă©poque, rien ne vaut pourtant la libertĂ© !
Maurice :
Si, pas mal de monde en France donne des leçons ou, si ce n’est pas leur intention, leur langage est donneur de leçons.
En proportion de la population, je doute que les personnes vĂ©ritablement brimĂ©es injustement en Chine actuellement soient infiniment plus nombreuses que celles pouvant se plaindre du système qu’on leur impose en Europe.
Je parle en proportion.
Je ne dis surtout pas que tout ce vaut, bien au contraire, car je fais partie des gens qui pensent que l’Occident a portĂ© au monde, et en tous domaines, bien plus de choses que de multiples civilisations d’ailleurs : et je sais que tenir un tel langage est très loin du politiquement correct, Ă une Ă©poque oĂą , en France, on aime se flageller, se battre la coulpe et autres sentiments de culpabilitĂ© que je ne partage pas du tout,mais alors, pas du tout.
Et, svp, que l’on considère ici que de tels sujets, forcĂ©ment sur des rĂ©ponses de blog, ne peuvent qu’effleurer les sujets abordĂ©s… qui mĂ©riteraient, naturellement de bien plus profonds dĂ©veloppements.
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