Chroniques de l’Elysée

Tant pis, je resterai à regarder l’anse de Goulphar, à tenter de haler un peu mon teint crépusculaire – le teint de ceux qui sont toujours dans les livres. A propos, comment fait Sarko, lui qui travaille tellement, qui tel un dieu Shiva ou un insaisissable Protée, oui, comment fait-il pour apparaître aussi bronzé sur les Champs-Elysées ? J’aimerais bien qu’il m’explique. Doit y avoir un secret… Alors, en attendant l’hypothétique rayon de soleil qui viendra caresser ma peau, je lis par vice et par oisiveté, le journal de l’effronté et sémillant Marco Koskas dans Libé. Que du bonheur. Highly recommended, comme dirait mon ami Bob de Monkton. Extraits choisis :

Samedi
Insultes et ressemblances
« Je ne peux pas croire que des insultes soient sorties de cette bouche. J’adore sa bouche, Rachida Dati. C’est une corolle framboise ou pivoine suivant les jours, et je pensais qu’elle n’exhalait que des senteurs de miel et de jasmin. (…)
J’ai bien cru que Rachida se mariait ce week-end avec Tony Parker tant elle ressemble à Eva Langoria, et toutes ces ressemblances finissent par me rendre nerveux. »
Dimanche
Silences et absences
« En rentrant je trouve la maison trop vide et je me plonge dans le Journal du dimanche. Encore Sarko à la une ! Au secours ! Sarko est partout ! Je me demande au fond s’il n’est pas en train d’inventer un culte de la personnalité, qui n’aurait rien à envier à celui de Khadafi ou de Mao, mais qui consisterait à nous faire croire qu’il a toujours quelque chose à nous dire. »

C’est frappé au coin d’un certain bon sens à défaut d’être celui du sens commun. Cette personnification du pouvoir est too much. Soit ce type est doté d’un incroyable don d’ubiquité, soit il ne ressemble à rien, image lisse, formatée selon les circonstances, simulacre, chevalier qui joue à la marelle avec toutes les grandes causes médiatiques, les perdues comme les gagnées d’avance… Un pur communiquant, un mutant d’une nouvelle espèce, un visionnaire qui préfigure peut-être une nouvelle race de politiciens !
Et dire qu’avec Nicolas on n’a pas eu encore l’occasion de jouer au squash ensemble et peut-être, pourquoi pas, siroter un Montrachet de chez Lafon ensemble…  

A propos, connaissez-vous Insomnies ou Déjeuner de famille de John Cheever ? Moi, pas. Alors j’y cours.