Les lieux qui nous accueillent, dans lesquels nous nos vies prennent forme, les paysages dans lesquels nous nous inscrivons nous modèlent. Sans doute en va-t-il de même avec les vins qui mûrissent ici.
Il y aurait d’ailleurs un article passionnant, mais forcément subjectif, à écrire sur le sujet… Une sorte de topologie des caractères et des singularités.
Alors les vins ? Parlons-en. Toujours au plus haut niveau ! Encore plus précis, plus purs, plus zen qu’il y a quelques années. Le discret (et modeste) Aldo Vajra figure parmi les meilleurs stylistes du Barolo. Certes, il n’a pas la bonne fortune, comme on dit ici, de posséder des vignes sur les crus les plus réputés mais ses vins portent tous, du fringant Langhe bianco (la seule expression vraiment réussie du riesling en Italie) au Barolo Bricco delle Viole la marque d’un styliste hors pair dont les vertus cardinales sont l’expression exacte du terroir, la finesse et l’équilibre. Parmi les vins dégustés aujourd’hui, tous impressionnants d’homogénéité, je relèverai deux parangons, le Dolcetto 2006 Coste e Fossati (tout simplement éblouissant : il sera difficile de trouver mieux dans ce millésime !), la Barbera d’Alba Superiore 2005 et la Freisa 2004 Kyé dont le patronyme occitan signifie « je suis moi ». Là aussi, le Kyé est le parangon de ce cépage typiquement piémontais (selon les analyses ADN, le nebbiolo descend de la freisa) en voie de disparition (70 ha dans la région d’Alba aujourd’hui).
Un diaparoma de cette visite avec quelques images de Elio Altare et à la fin de Josetta Saffirio, la fée de Castelletto dont je vous reparle bientôt. Le tout sur une musique d’un chanteur catalan, vigneron à Porrera dans le Priorat, Lluis Llach !
Un diaparoma de cette visite avec quelques images de Elio Altare et à la fin de Josetta Saffirio, la fée de Castelletto dont je vous reparle bientôt. Le tout sur une musique d’un chanteur catalan, vigneron à Porrera dans le Priorat, Lluis Llach !
7 Comments
je vous réponds ici plutôt que sur le blog de F.Simon.
Il se trouve que j’ai passé 4 ans à étudier la truffe dans le cadre d’un doctorat d’ethnologie, la noire, la mélano comme disent les trufficulteurs mais forcément je me suis intéressée aux autres, aestivum, uncinatum, brumale et la terrible indicum qui fait frémir le monde trufficole français chaque année. Non je n’ai pas goûté la blanche en Europe de l’Est mais ce sont les trufficulteurs du Piémont eux mêmes et d’autres chercheurs qui me l’ont dit. Je trouvais en effet surprenant qu’elles ne poussent qu’en Italie. Je vais dans le Piémont la semaine prochaine. J’enquèterai plus avant.
En tout cas, c’est bien je découvre ainsi votre blog
Un doctorat d’ethnologie sur la truffe, c’est pas banal ! Laquelle préférez-vous ?
la noire. J’aime beaucoup la blanche (que je connais moins mais je vais approndir dans les jours qui viennent la dégustation dans le Piémont) mais la noire sans hésitation. Je donne deux blanches pour une très bonne noire (qu’importe la valeur de chacune). J’en ai mangé le week end dernier (congelée) avec des pâtes fraîches et un clos des mouches 95 de Drouhin. ca me fait toujours le même effet et c’est pas le vin, c’est la truffe parce qu’avec un corton charlemagne ou un condrieu, idem. Enorme. Ca me donne envie de tout laisser tomber et de reprendre ma thèse. Enorme
Ne laissez rien tomber et continuez d’habiter cette passion. Si vous passez par le Piémont pour approfondir la question des truffes blanches, vous l’aurez compris, une seule adresse : "La Ciau del Tornavento" 12050 Treiso (CUNEO). Tel. +39-0173-638333. Mais, attention, 2007 n’est pas une grande année de truffe blanche. C’est dire qu’elles sont chères. De toute façon, les Italiens ont trouvé la combine : si c’est une grande année, elles sont chères et, si c’est une année difficile, elles sont tout aussi chères parce que rares. Elémentaire… Donc, cette année, c’est 5000 euros le kg ou 50 euros la grattata de 10 g au restaurant… Où s’arrêteront-ils ?
Nous avons connu Aldo e Mirella Vajra la semaine passé au Galà del Gusto 2008. Quelques minutes suffisants pour nous enthousiasmer. Entendre la passion et le transport qu’ils mettent dans leur métier est une poésie.
Le style des vins est vers l’expression du terroir et contre la standardisation du produit.
Voilà quelque note.
Langhe Bianco Pietracine 2007
Un Riesling en Piémont sur des terre déclarés pur le Nebbiolo ?
C’est un Riesling un peu atypique, sûrement différent par les classiques que nous connaissons. Il est moins intense et immédiat, mais que profondeur et quelle minéralité. Il est vif, élégant et, grâce à une estimable fraîcheur, toujours en tension vers une longue final de distinction absolue. Pour les complexités il faut attendre encore quelque temps. Surprenant pour des amateurs des Riesling de la Moselle et de l’Alsace comme nous.
Barolo 2004
Dans ce vin ils sont groupées les petits parcelles situés dans les crus de Volta, Fossati et Costa vinifiées séparément.
« Un vin fait pour être bu et pas pour être trop vieilli … » Aldo Vajra nous dit.
Le vin dégusté est depuis quelque jour en bouteille, donc pas dans la meilleur forme, mais… il offre un fruit charnu et des nuances fumé. Il est riche, il a vigueur et présente une extraction des tanins de grande qualité, signe que les raisins présentait une maturation parfaite. La final est harmonieuse et nettement minéral. Laissons-lui reposer quelque temps puis
J’ai oublié les notes d’un autre vin
Freisa Kyè 2004
Un grand vin produit avec un cépage secondaire: la Freisa. Il nous étonne pour la puissance et la structure, pas usuels pour cette variété: « il est un des cépages qui ont donné le Nebbiolo, donc il a une charge tannique remarquable et, avec des raisins de grande qualité on peut obtenir des résultats excellents » il nous expliques. En effet il alterne un fruit noir aux épices. L’ attaque est charnu et décis dans les tanins, sensations qu’ils confluent dans une belle final minéral.
Un domaine sûrement à visiter
"…Le tout sur une musique d’un chanteur catalan, vigneron à Porrera dans le Priorat, Lluis Llach"
J’aime beaucoup "l’estaca" surtout en concert, les disques ne sont malheureusement au concert ce que les conserves sont au légumes frais.