La visite commence par le domaine Leroy, une façon de mettre la barre très haut pour les domaines qui suivent dans l’ordre de la dégustation ! Il fait un temps épouvantable et l’autoroute disparaît sous les trombes d’eau. Nous sommes toutefois pile à l’heure pour déguster à Vosne-Romanée en compagnie de Frédéric Rohmer, de Lalou Bize-Leroy et de ses trois chiens. Un tour de cave en 21 vins qui sont autant de définitions et d’illustrations de la notion de terroir. Quels monuments et quelle grâce ! Décidément, cette femme intrépide a un don extraordinaire pour, dans un millésime plutôt difficile, capter l’essence du terroir de chacun des « climats » qu’elle propose. Je vous donne volontiers mes coups de cœur, d’autant plus volontiers que ni vous ni moi hélas ne seront très souvent en relation, dans le futur, avec de tels chefs-d’œuvre. J’opte donc pour le Vosne-Romanée Les Beaumonts, magnifique de texture et de profondeur dans la saveur, pour la Romanée St-Vivant (5 pièces sur un ha !) qui, dans ce millésime est une merveille absolue, d’un velouté de texture et d’une définition de terroir sublimissimes. J’y ajoute le Clos Vougeot également superbement réussi dans ce millésime et le Latricières-Chambertin, éblouissant, un des nez les plus purs, symbiose du fruit et du minéral dont on puisse rêver et un corps sidérant de finesse et de précision dans la forme. Je sens Lalou particulièrement heureuse de cette réussite car la vigne de Latricières commence enfin donner sa pleine mesure : elle a été grêlée trois fois en 1991 et a mis longtemps pour se remettre d’aplomb.
On termine cette série en dégustant, côte à côte, au restaurant, le Nuits St-Georges Les Boudots 2005, les Beaumonts 2005 et les Beaumont 2003. Un grand plaisir que me fait Lalou car l’an passé je n’ai pas pu déguster aucun de ses 2005, prisonnier d’un grand voyage immobile…
On file ensuite chez Perrot-Minot, pour goûter également une série de vins très prometteurs, exceptionnels de précision et de perfection technique. Christophe Perrot-Minot fait partie de cette génération de jeunes viticulteurs idéalistes qui, inspirés par le modèle de leurs illustres prédécesseurs (parmi lesquels bien entendu figure Lalou Bize-Leroy) représentent les grands de demain. Au prix d’un tri minutieux et, surtout, en amont, d’une viticulture très pointue, Perrot-Minot a réussi de très beaux 2006. Il dit avoir complètement « levé le pied » au niveau de l’extraction, travaillant avec une finesse accrue, dans la vision du terroir la plus transparente possible. Longue discussion avec Perrot-Minot au sujet des vins-cultes et des producteurs qui ont l’ambition d’en faire partie. Selon Christophe, il n’y a que trois domaines hors catégorie sur la Côte de Nuits dont les vins peuvent faire partie des « vins-cultes ». Cherchez lesquels : les paris sont ouverts. Dégustation ensuite au domaine Liger-Belair où nous dégustons une gamme de vins tout à fait passionnants. Le jeune Liger-Belair a brillamment repris le flambeau et, conscient de l’héritage fastueux qui est le sien, est en train de tracer son chemin d’une manière très personnelle et très intelligente. Reste au monde entier à prendre conscience de la grandeur de la Romanée, la parcelle-phare du domaine.
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