Tout d’abord celle des Bolgheri 2005 et 2004. Cette appellation phare de la Toscane a beau avoir le vent en poupe : malgré la reconnaissance internationale dont jouissent les Sassicaia, Ornellaia ou Massetto, elle est visiblement en quête d’identité et peine à imposer une homogénéité de style qualitative.
Peu d’élus dans le millésime 2005. Sans préjuger du classement final du GJE, Sassicaia m’a déçu malgré sa fraîcheur et son corps assez savoureux. Manque d’envolée et de complexité. En revanche, deux jolies découvertes, le Guado de Jemol de Giovanni Chiappini et l’Arnione 2005 de Campo alla Sugera.
En 2004, avec davantage de fond que le 2005, le Guado de Jemol se distingue à nouveau avec l’Ornellaia et, selon certains, le Sassicaia. Et une autre belle découverte, le Montepergoli aux notes pétaradantes de menthol, cannelle, figue fraîche et au corps long et séveux. Le producteur Enrico Santini a travaillé avec Michele Satta et il va falloir le suivre de près.
Les vins de Bolgheri
Le match Corton-Charlemagne contre Montrachet. Encore une idée de François Mauss, réunir un certain nombre de vins issus de deux des plus prestigieux climats de la Bourgogne et les confronter à l’aveugle. Une partie des Montrachet se sont perdus sur une palette du côté de Milan et une session de rattrapage est prévue prochainement à Paris.
Restaient en lice 37 vins tout de même, du millésime 2006 : 27 Corton-Charlemagne, 6 Montrachet, 1 Bienvenue, 1 Bâtard, 1 Chevalier, de quoi, en théorie, mettre le feu au lac !
Mazette, ce n’est pas tous les jours qu’on peut s’amuser à ce genre de comparatif…
For your eyes only !
A l’arrivée pourtant, les mines étaient vaguement ennuyées, voire moroses, le prestige de l’étiquette et de l’argent investi ne réussissant pas supplanter la légitime déception face à un certain nombre de vins sans vices ni vertus. La faute à qui ? Les éléments d’explication sont nombreux (facilité commerciale, goût standardisé, sélections clonales, rendements pléthoriques, vinifications trop lisses et élevages raccourcis) et ce constat engagea un débat homérique parmi les membres du GJE. Michel Bettane et Bernard Burtschy avaient l’air de porter le deuil : Mais où sont les Montrachet et les Charlemagne d’antan ? ». Enzo Vizzari trouvait là matière à exprimer ses talents de rhéteur enflammé. Dirk Niepoort prenait tout ce monde à contrepied et les Bourguignons de service (Erwan Faiveley, Bernard Hervé et Jacky Rigaux) campaient au milieu de ce champ de mines, un peu déconfits.
Vraiment moroses, les mines, à l'arrivée ?
Sans doute, sur certains vins, trouvera-t-on pas mal de dispersion et Bernard Burtschy aura du travail pour harmoniser tout cela.
En attendant, et toujours sans préjuger des résultats que l’on attend avec impatience, voici mes quelques coups de cœur :
Corton-Charlemagne 2006, Bonneau du Martray
Nez intense, complexe. Grande plénitude dans la gamme aromatique. On a des notes de fleurs de vigne, de miel avec un léger côté iodé. Superbe entrée en bouche. Il est ascendant, séveux, irrésistible.
Corton-Charlemage 2006, Coche-Dury
Plus difficile à apprécier que le précédent. Je l’ai reconnu à l’aveugle à cause de son style particulier. Notes de génévrier, caractère épicé. Léger mercaptan de bois. Il se distingue par son caractère énergique, stylé. C’est un Corton sud donc moins minéral que d’autres mais le potentiel est là : il suffit de la lire derrière la gangue qui le masque un peu.
En attendant, et toujours sans préjuger des résultats que l’on attend avec impatience, voici mes quelques coups de cœur :
Corton-Charlemagne 2006, Bonneau du Martray
Nez intense, complexe. Grande plénitude dans la gamme aromatique. On a des notes de fleurs de vigne, de miel avec un léger côté iodé. Superbe entrée en bouche. Il est ascendant, séveux, irrésistible.
Corton-Charlemage 2006, Coche-Dury
Plus difficile à apprécier que le précédent. Je l’ai reconnu à l’aveugle à cause de son style particulier. Notes de génévrier, caractère épicé. Léger mercaptan de bois. Il se distingue par son caractère énergique, stylé. C’est un Corton sud donc moins minéral que d’autres mais le potentiel est là : il suffit de la lire derrière la gangue qui le masque un peu.
Bienvenue-Bâtard-Montrachet 2006, Ramonet
Vraie noblesse d’expression ici sur des notes de noisette, de fougère avec un côté lactique et frangipane un peu insistant et qui a gêné certains dégustateurs. La bouche est ascendante, superbement architecturée. Lente montée en puissance. Le corps est ample, riche, avec une finale très fraîche.
François Mauss au professeur Taupin :"Mais où sont les Montrachet d'antan ?"
Et les Montrachet ? Ah, les Montrachet…
Nous avons dégusté les Montrachet suivants : Montrachet 2006, Marc Colin ; Montrachet de Bouchard ; Montrachet 2006 Marquis de Laguiche, Drouhin ; Montrachet 2006, Olivier Leflaive ; Montrachet 2006, Jadot et Montrachet 2006, Jacques Prieur.
Parmi ceux-ci, je retiendrai le Montrachet de Prieur : derrière le boisé assez torréfié, on retrouve le pêche de vigne et des notes miellées de grande noblesse. La bouche, très mûre, se distingue par un corps somptueux, déjà très charmeur, d’une grande amplitude et une finale complexe qui trace longuement. Le seul vin où j’ai pu écrire avec certitude : Montrachet !
Parmi ceux-ci, je retiendrai le Montrachet de Prieur : derrière le boisé assez torréfié, on retrouve le pêche de vigne et des notes miellées de grande noblesse. La bouche, très mûre, se distingue par un corps somptueux, déjà très charmeur, d’une grande amplitude et une finale complexe qui trace longuement. Le seul vin où j’ai pu écrire avec certitude : Montrachet !
Demain : les Bordeaux 2005 !
11 Comments
Stratospherique! La reunion de 37 Grands Crus, tous secs, blancs, parfois jusqu’a la transparence (eau de roche)…mais comment est-il possible d’etablir entre eux une quelconque discrimination? N’est-ce pas, en somme, une election affective?
Edelweiss http://www.youtube.com/watch?v=6...
Grand Jacques : comme j’ai filmé en HD 2 debriefings complets, je vais essayer de te les graver pour que tu les mettes en ligne (moi, je sais pas).
N’oublie pas de mettre le signe -18 ans, vu les gros mots et les échanges rudes et particulièrement masculins qui sont gravés ad aeternam.
Ceci dit, on peut censurer un tantinet pour ne pas effaroucher les jeunes filles qui se lancent dans la lecture de ton blog de poète ?
Pour tous : ne jamais oublier que dans nos rapports, on a un graphe important qui montre le positionnement des vins par rapport à la médiane de cohérence. A titre perso, c’est, pour ma pomme, l’indice de référence méritant la priorité.
Au Fan Club du Grand Jacques : il a été impérial durant toutes les sessions ! La sagesse du GJE personnifié.
L’année prochaine à Vinea, je porterai le t-shirt officiel du Fan Club : Grand Jacques’09 !
dat.erobertparker.com/bbo…
(Kelly Walker : "I suspect I did not like the Coche style because for some GJE members it was their favorite wine. In fact, Dirk van der Niepoort gave it 100 points.")
Trouvé les Corton-Charlemagne de Bonneau du Martray récents de très haut niveau : 2004, 2002 et un remarquable 2003.
On peut commencer à goûter le merveilleux Corton-Charlemagne 1996 de Coche-Dury : épices, noisette, fruits blancs, réglisse, fruits secs, foin, miel … 🙂
Mon beau Jacquounet (si, si, avec ces mèches arrières toutes frétillantes !) :
Pourrais tu nous donner tes impressions sur ce sublime jéro de Richebourg 97 apporté si généreusement par Christian Roger ?
Et les bouteilles sans fin de Dirk von der Niepoort ?
Et le magnum du Petit Vialette, un 64 De Pez ?
Et l’Impériale du Rollan de By séchée en un repas ?
Et ton Cornalin que je n’ai même pas vu ?
Malheur, comment arrive t’on a ne pas aimer les Coche-Dury ou douter de sa majestueuse finesse ? surtout dans un si jolis millesime, mais bref, ceci n’est qu’une simple opinion.
je comprends que Dirk lui soit fan, car il restitue la meme richesse tout en dentelle sur ces Redoma en blanc ou Charmes en rouge.
bref.
un saludo a todos.
ps: en parlant de charme, vous aurez remarqué que je ne fait aucune allusion sur la derniere photo !!!!!
Gouté de jolis vins cet été au domaine …
Aperçu un insolite Riesling.
Vu arriver à la presse de jolis pinots noirs (petits grains).
Auparavant, en 2003, dans une série haut de gamme de vins portugais, des vins de personalité et quelques échos hexagonaux :
–> Redoma 97 et châteauneuf
–> Quinta do Napoles 2000 et Barral (ou Allemand)
–> Batuta 2000 et un petit air bordelais.
Il me semble avoir noté que "charmes" pinotait élégamment !
M. Mauss : n’allez pas me faire croire que le petit Vialette est juste venu avec un magnum de Pez 64. D’habitude, il a dans ses soutes d’autres munitions que ça. La DRC, c’était pas lui ?
On a une règle tacite entre notre petit Club franco-américain-italien : quand on est dans le pays de l’un (ou de plusieurs) c’est lui (ou eux) qui s’occupent de satisfaire les gosiers exigeants des autres. C’est tellement plus sympa ainsi.
Le petit Vialette a enfreint cette loi sacrée : il va être puni comme il se doit !
Le Jéro de Richebourg 97 (mon dieu, quel beau vin, véritablement une autre planète : désolé pour nos amis bordeauxphiles), était donc le cadeau du soir de la part des fondus transalpins.
Mais je fais gaffe qu’ils ne jouent pas tous à des surenchères inutiles !
Ceci dit, le Pez 64 était surprenant de finesse. Caroline avait plein d’histoires émotionnantes à son sujet.
La prochaine rencontre de ce petit Club auquel va se joindre le Grand Jacques, sera en Alsace où nous attend Serge Dubs à l’Auberge de l’Ill, Fritz Keller et sa cave absolument prodigieuse, et le Chambard à Kaysersberg où nous ferons quelques 32 grands crus riesling 2002.
Quand je vous dis qu’on fait que de bosser !
Visites récentes :
Bonneau du Martray Corton-Charlemagne 2006 : 17,5/18 – 27/3/09
Nez jaillissant, alliant des senteurs délicates : citron givré, citronnelle, fleurs blanches.
Plastique classique, pure, minérale, svelte, longue, tout en puissance cachée. Un millésime généreux en goûts et d’une grande cohésion. Plus élancé et posé que le riche et explosif 2005 bu juste avant.
Coche-Dury Corton-Charlemagne 2006 : 18/20 – 27/3/09
Le vin passe après un formidable Genevrières 2006 (17/20+).
Il apparaît compact, moins aromatique (fruits blancs, agrumes, notes végétales nobles, bâton de réglisse, poivre blanc subtil), plus minéral. Bouche vibrante, subtilement mentholée, bien mûre, effilée, interminable. Un vin moins causant que l’étincelant 2006 de Bonneau du Martray. Son potentiel n’en est pas moins phénoménal.
Surpris que le splendide CC 2006 de Bonneau du Martray n’apparaisse pas dans le classement du GJE ?!