Certes les régions viticoles françaises sont inégalement représentées : beaucoup de Bordeaux mais tant la Bourgogne que les Côtes du Rhône, ou le Languedoc-Roussillon, brillent par leur discrétion. L’Italie est présente en force avec de grands noms comme Sandrone, Parusso, Aldo Conterno, Bruno Rocca, Sottimano ou Voerzio pour le Piémont, La Massa pour la Toscane ou l’extraordinaire Montevetrano de Silva Imparato qui, la veille, présentait une mini verticale au restaurant Laurent. Et cette découverte au stand de Giulio Accornero et fils, un Grignolino del Monferrato Casalese 2007, Bricco del Bosco, d’une originalité et d’un naturel d’expression remarquables et l’impétueux Brigantino 2007, Malvasia di Casorzo d’Asti.
L’Espagne n’était pas en reste avec les Grandes Pagos de España représentés par une vingtaine de producteurs (Aalto, Mauro, Casa Castillo, Mas Doix, Can Ràfols dels Cau et consorts). Je n’y ai fait qu’une brève incursion en fin d’après-midi et j’aurais voulu avoir plus de temps à leur consacrer. D’autant que j’ai perçu comme une détresse sur ce stand, des producteurs qui regardaient la foule passer devant eux en flux régulier et s’éloigner après avoir jeté un œil distrait sur cette planète inconnue. Il y a loin parfois de la coupe aux lèvres. Hard job.
Le premier étage était consacré aux « tables découvertes » avec quelques grands classiques, tels Alphonse Mellot ou Henry Marionnet qui, subrepticement, faisait déguster aux happy few son nouveau vin le Bâtard de Marionnet, un pinot noir de Bourgogne (en provenance de la région de Meursault), vinifié en raisin entier.
Le monde du vin est-il en train de devenir une affaire de femmes ?
Quelques très bons producteurs de Corse également dont Yves Leccia. De quoi jouer des coudes et déambuler pendant des heures, Riedel à la main, avant d’aller s’abîmer dans la contemplation des toiles de Mantegna, juste à côté… Mais je dois bien être le seul à avoir appliqué ce bon plan.
De très nombreux jeunes s'étaient donné rendez-vous au Grand Tasting
Un regret toutefois, la température de service des vins rouges sur la majorité des stands : calamiteuse ! Des vins servis pour la plupart trop chauds. Et personne, apparemment, qui s’en émeuve. Je sais : c’est devenu quasiment une habitude que de n’accorder qu’une importance très relative à ce paramètre et les récents salons auxquels j’ai participé (Pessac-Léognan à Genève, Merlot du Tessin à Lausanne) confirment hélas cette tendance au réchauffement vinique.
Quand maître Bizeul sonne la cloche, voici le résultat !
Une exception toutefois, le stand du Clos de Fées où le méticuleux Hervé Bizeul, thermomètre sophistiqué à la main, s’escrimait pour maintenir ses vins à température idoine, entre deux coups frappés sur une cloche : signe de ralliement de tous les aficionados de la Petite Sibérie… Malin et bienheureux Bizeul. On voyait alors converger vers l’astre tellurique, planté là, volubile, au milieu de son stand, de véritables essaims d’abeilles butineuses et de bourdons folâtres attirés par ce Graal calcicole.
La leçon des terroirs par Jean-Michel Deiss face aux impétrants.
Demain la suite : les millésimes du siècle.
16 Comments
Je note que Jean-Michel Deiss balise son chemin avec ses morceaux de terroir …
Vins trop chauds à Vinexpo et le pire fut à Bordeaux, à la maison des vins, pour une verticale de Haut-Brion (des vins servis à 24° environ, brutalement métamorphosés).
Une calamité impardonnable, les vins étant stockés contre une baie vitrée exposée au soleil.
Et les "clients", sommés de donner leur avis, qui faisaient semblant de s’extasier sur des vins injugeables …
A quoi attribuez-vous cette détresse ibérique ?
Je suis content que tu decouvre aussi Accornero, je t’en aver parle il ya as 7-8 ans, il fait des grans vins.
C’est un grand terroir, et c’est pour ca que j’ai achete mais vigne sur sommet de la meme colline!!!
Les grignolino c’est le cepage autoctone de cette region c’est un vin tres difficile a vinifie car il as tres peut de couleur et de tannins tres dure car il as 5 pepins dans un grain de raisin (20% de plus)!!!!
a bientot
L’impétueux jean Michel – qui sera avec nous pour le déjeuner suivant la session des rieslings 2002 au Chambard ce 5 décembre, m’annonce un scoop particulier qui va nous faire parler et parler !
Il m’en a touché 3 mots : ce sera passionnant. Les lecteurs de nos blogs en auront la primeur.
Température : depuis le temps qu’on grogna sur ce sujet ! Au moins, pour les verres, c’est mieux.
Je me suis laissé dire aussi que nos amis italiens étaient un peu "parqués" : c’est-y vrai, Grand Jacques ?
Bonjour de Milan où le Park Hyatt mérite sans aucun doute le prix de la meilleure "milanese".
Grand soleil, et le Duomo a retrouvé la splendeur unique de sa façade toute nickel-chrome !
C’est vrai que les italiens étaient nombreux dans ce petit espace, mais la qualité au m2 était là! Je ne parle pas du magnifique Montevetrano, de plus expert que moi en ont parlé ou en parlerons. J’ai même trouvé un sublime Gewurtz vendange tardive du Haut Adige. De quoi yodler toute la soirée.
Parqués ou parkerisés, les Italiens n’avaient pas, me semble-t-il, de quoi se plaindre. Ils étaient au même endroit que l’an passé. Je ne vois pas le problème sauf quand une délicieuse jeune fille se liquéfie, s’évanouit juste devant l’entrée. Du coup, plus personne n’entre ou ne sort durant de longues minutes. Suspense interminable. Armand, est-ce que tu parles du Gewurztraminer Terminum de Tramin ?
Gabriele, on devrait mieux écouter ses amis. Je ne me souvenais plus que tu m’avais parlé d’Accornero. J’ai vraiment trouvé ses vins épatants. Curieusement, j’ai moins tilté pour son vin le plus prisé des Guides, sa Barbera Bricco Battista.
Il y a quand même deux choses que Jacques signale ici et qui – de mon point de vue – sont très positives : les femmes et les jeunes s’intéressent de plus en plus au vin.
Je l’ai personnellement observé aussi depuis 2-3 ans, à diverses occasions et endroits. C’est plutôt prometteur et ce sont des signaux forts que les "Gens du Vin" doivent voir.
L’éducation des futurs passionnés se fait dès aujourd’hui. Finit le temps où les vignerons se permettaient de ne verser que des fonds de verre minables à des gens de ma génération en pensant que nous venions juste nous « rincer ». Les vignerons, les cavistes, tout ce monde là doit comprendre qu’il y a toute une frange de la jeune génération qui a envie de revenir à des produits de « qualité », à des choses saines et bonnes ; mais cette même jeunesse a aussi envie de comprendre et connaître ce qu’elle ingurgite, les modes de fabrication, les terroirs, etc. Avec une ouverture sur les pays et vins étrangers que leurs ainés n’avaient pas.
Concernant le public féminin, il y a manifestement aujourd’hui un engouement qui est plus qu’une mode : une demande d’apprendre et comprendre, un goût de l’exigence, du bon. Finit l’époque où Monsieur voulait épater Madame en scrutant les sourcils froncés et l’air savant la carte des vins au restaurant. De nombreuses conjointes d’amis amateurs sont de fières dégustatrices, visant juste, disposant de palais affutés. Elles goûtent moins souvent que leurs époux mais savent néanmoins ce qui est bon et veulent y avoir accès, que monsieur soit là ou pas. Tant mieux.
L’heure de la démocratisation de la culture gastronomique a sonné, il faut l’entendre ; se boucher les oreilles serait une erreur. L’époque du quinqua arrogant qui sait tout mieux que tout le monde et « connait » parce que de toute façon il est « né dans le pays du pinard » est en train de s’achever. Je m’en félicite vivement !
Qu’est ce qui fait briller les yeux des filles?
L’amour, les bijoux… mais là, de toute évidence, le vin!
Jacques, c’est un plaisir de voir ce que le vin peut humainement apporter, à travers tes photos.
A moins qu’elles craquent pour le vigneron?
Jean Michel va faire des jaloux ou des jalouses!
Jacques,
Vous n’avez rien écrit sur votre passage à Lausanne. Les vins étaient servis trop chauds bien souvent certes, et les verres d’une qualité médiocre, mais …vous suivez les vignerons tessinois depuis suffisamment longtemps pour vous autoriser un avis sur la qualité générale des vins de la région, de leur évolution de style peut-être aussi.
Concernant la population féminine et les jeunes, j’avais aussi remarqué cela à Vinéa il y a deux ou trois ans déjà. Il va de soit que je ne parle pas des jeunes qui viennent boire des canons avec un verre acheté pour leur groupe.
cordialement,
Laurent
Oui Jacques c’est bien le VT Terminum de Tramin.
A Lausanne, le vin était dans des seaux à glace, ce qui fait que les vins rouges étaient trop froids à tous les stands. A chaque fois que j’en faisais la remarque, le vin était sorti du seau. Jacques quand tu es arrivé, ils étaient trop chaud. Et comme ils ne contrôlaient pas la température comme le fait Hervé Bizeul (le seul que j’ai vu faire cela – ce qui montre son respect de la dégustation), les vins étaient soit trop froids, soit trop chauds.
Comme il a déjà été dit, la nécessité de cave pour le stockage du vin dans les salons me semblent une nécessité si l’on veut sortir de ce cercle vicieux.
Laurent, je n’ai rien écrit sur les vins du Tessin à Lausanne car je n’ai participé qu’au séminaire de présentation des vins du Tessin et j’ai trouvé un tel dilettantisme dans la service des vins présentés (verres et température de service) que je préfère m’arrêter là. Quant aux commentaires de dégustation, ils n’étaient pour la plupart absolument pas en relation avec les vins présentés. Juste un alignement de poncifs sur les vins du Tessin avec, de temps en temps, un éclair de lucidité.
Un Gewurztraminer insolite, d’excellent niveau : Yarden Gewurztraminer Heightswein 2004 (17/17,5 – Israël Golan)
Il fut aligné à côté d’une autre très belle liqueur de la planète Terre : Fabienne Cottagnoud Amigne de Vétroz flétrie Confidenciel 2004 (17,5/18)
Jacques,
Vous oubliez de dire que le document remis lors du séminaire ne donnait que le nom de la cuvée et son millésime, mais qu’il manquait le nom de la cave.
Mais, ma question était davantage en rapport avec votre vision générale des vins du Tessin que sur un éventuel commentaire des vins dégustés et des propos tenus par les deux orateurs.
cordialement,
Laurent
Laurent, les noms des caves ont été donnés me semble-t-il : Gialdi, Delea, Tenuta Bally, Ortelli, Valsangiacomo, Trapletti, Brivio, Perle, Pestoni, etc. En ce qui concerne ma vision générale du Tessin, une première approche se trouve dans blog.cavesa.ch/index.php/…
A Lausanne, je ne pouvais pas, vu les conditions de la dégustation dans le salon où se trouvaient les différents stands, y apporter quelque complément que ce soit. Impossible pour moi de faire un travail sérieux dans ce contexte.