entaillée
lancinée,
Haïti
sur l’œil des misères
et les lignes de faille –
tremblement net
Les chiens lèchent
des plaies
exsangues
qui
ressemblent
à la fin du monde.
Comment
faire face
à ce silence ?
comment dire
nos morts infinies ?
à quoi
demain
un
point
d’interrogation ?
Ne nous abandonnez pas ici !
frères
aveugles,
n’égarez pas nos paroles
parmi le chant des cadavres,
ne clouez pas nos désespoirs
dans vos ciels
limpides…
"Ici, la mort taquine la vie. Nous fêtons tous, les morts et tous les saints à commencer par Saint-Christoph des Mers. Pirandello, je suis auteur par folie peut-être des mondes parallèles.
Sage, je te parle sans t’invoquer, sans l’utilisation des tables tournantes de mon amie Isis. Toi et moi, on pourrait écrire une nouvelle mise en scène de dix à sept îles en quête d’un Amiral. Qu’il soit de Gênes ou de Quisqueya Haïti ou Bohio, mon cousin Diego aime encore mon île-fourche. Regardez-moi bien mon île sur votre écran de télévision de troisième type, vous verrez bien qu’elle ressemble à du papier froissé et à une fourche pour travailler la terre. Les portes du soleil t’éclaireront.
(…)
Vite partons, quittons cette ville maudite, cette terre si apte à cracher bonnes et fausses révolutions. Au revoir port aux révolutions fabriquées pour des marionnettistes !
Me voici aujourd’hui aux Gonaïves, et dire que hier soir, j’ai dormi en paix à St Marc, l’indomptable cité de Nissage Saget, monsieur le président d’un seul mandat.
Demain, je souhaiterais me fixer presque définitivement au Cap-Haïtien comme l’avait fait en son temps le bon président Pierrot, dégoûté de la capitale, empressé de la livrer aux vautours.
Quel navire héler et quel taxi stopper avant la chute de Port-au-Prince, la ville fauve, la belle capitale des nuits aux croissants de lune sans fin ?
Tiens, j’irai me reposer face à la mer de Grand-Gosier de Félix Morisseau Leroy. Question d’assister à la chorégraphie des pélicans de cette ville et cueillir les premières étoiles du matin pour Daniéla, Clarisse, Laurente, les trois gardiennes des mystères de la ville des pélicans.
Daniéla restait sur son balcon et attendait jusqu’au soir les sérénades d’artistes conquis par sa beauté. Clarisse rendait fous presque tous ses prétendants. Laurente, elle-parce que devenue aveugle, vivait de délits de voyance. Elle quittait la terre des hommes pour aborder seulement des êtres marins. »
Dominique Batraville, l’arpenteur dans la ville des métamorphoses
A la croisée de plusieurs cultures, Haïti est une terre féconde de mots et d’écriture. Sur ce terreau ont « poussé » de nombreux poètes et écrivains. Plusieurs ont été publiés chez Vents d'Ailleurs.
Un des plus connus est bien sûr Dany Laferrière, récent Prix Médicis avec l’Enigme du Retour. Celui-ci se trouvait à Port-au-Prince au moment du séisme. Il est sain et sauf ! Avec d’autres écrivains voyageurs, Dany Laferrière participait au festival Etonnants voyageurs qui devait avoir lieu dans la capitale.
Aujourd’hui le chaos et la confusion règnent à Port-au-Prince et alentours, et l’on sait très peu de choses. La communication passe notamment par des blogs, tels celui de Jean-François Labadie qui décrit l’enfer au quotidien que vivent les rescapés.
2 Comments
Nous vivons sur cette terre qui vit aussi, et qui régulièrement s’ébroue.
Nous qui sommes dans ces pays ou les séismes ne sont que financiers.
Ne nous plaignions pas!
Acceptons notre statut de mortel, avant que notre tour arrive.
Soyons humbles, respectueux et fiers de ce trésor qui nous a été donné: la vie.
Michel.
Terriblement triste et désastreux ce qui arrive encore à ce pays, c’est injuste.En plus d’être délaissés par les "grands" du monde, la nature s’acharne sur eux…De quoi se plaint-on parfois ?!?